Maroc-Algérie : « La guerre sans l’aimer »

Par Hassan Alaoui

Vingt-deux Milliards de dollars viennent d’être décidés par le pouvoir militaire algérien pour acquérir des armements, alors que le peuple ne cesse de former des chaînes humaines ininterrompues en quête de lait, d’huile, de sucre, de pommes de terre pour se nourrir. La phénoménale course aux armements est depuis des décennies l’exercice préféré des dirigeants actuel d’Alger qui ne dérogent guère à une tradition remontant aux années post-indépendantes.

En septembre 1968, déjà, le Roi Hassan II avait adressé un message au secrétaire général des Nations unies de l’époque U. Thant pour attirer son intention sur le surarmement de l’Algérie accéléré par Houari Boumediene et qui, de toute évidence, inaugurait d’ores et déjà la doctrine d’hostilité, de frayeur et d’encerclement agressif du Royaume Maroc.

Le titre de cette chronique est emprunté à celui d’un grand livre de mon ami Bernard-Henri Lévy, publié en 2011 sous forme d’un reportage de 640 pages sur la guerre en Libye. Lui-même nous renvoie à l’autre livre publié par André Malraux, intitulé « L’Espoir » consacré à la guerre d’Espagne et magnifique témoignage sur la guerre. Si en effet aucune similitude ne saurait justifier ce titre, l’actualité de la guerre entre le Maroc et l’Algérie n’a jamais été aussi présente et réelle qu’aujourd’hui. Et cette hypothèse qui hante les esprits de l’Establishment algérien, notamment d’un général chamarré et brulant de son désir d’en découdre avec le Maroc, nous la rejetons d’emblée.

Avec la solennité qui s’impose nous affirmons que jamais au grand jamais le Royaume du Maroc n’a été et ne sera tenté de se lancer dans une guerre contre l’Algérie. Les Rois du Maroc contemporain ont tous porté haut le flambeau de la fraternité maroco-algérien pour ne pas en mesurer suffisamment la responsabilité devant les deux peuples et devant l’Histoire. Rien n’est moins sûr que cette dramatique tentation. En dépit des gesticulations incessantes, accompagnées d’insultes et de provocations directes venant des dirigeants et de la junte algérienne, le Maroc conserve et renforce son calme et sa pondération. Il refuse d’insulter l’avenir, et fait preuve de sagesse – de cette sagesse qui ne cède à aucune tentation belliciste.

L’irascible détermination de ne pas tomber dans le piège de la guerre qu’à chaque fois Saïd Chengriha , général en chef de son état, agite et annonce « pour demain », le Maroc la cultive avec raison, comme en témoigne le fil de sa longue histoire.  Cependant, il convient d’y prendre garde, car la sagesse ici n’est pas un trait de faiblesse, loin s’en faut. Si la « main tendue » du Maroc constitue davantage une réalité quasi physique qu’une métaphore, ou encore une diversion comme ne cessent de le dire les médias algériens – complices avérés de la médisance et du mensonge d’Etat -, elle sert davantage d’argument au Maroc, elle prend à témoin la communauté internationale et finira par confondre à terme les responsables algériens dans leur guerre maladive contre notre pays.

Alger, plongée, enfoncée comme dans un fonds d’océan dans la surenchère suicidaire de l’achat des armes, vient de multiplier par trois le volume de son armement. La bagatelle de pas moins de 22 Milliards de dollars, de quoi nous donner le vertige. Il est vrai, néanmoins, que l’arsenal existant relève du paléolithique que l’état-major militaire algérien entend renouveler, sous peine de subir un décalage préjudiciable à cette « qouwwa addariba » dont l’image pathologique nourrit l’interchangeable discours des Chengriha, Tebboune et consorts. Nous disons « nourrit » le discours, mais aussi l’imaginaire de ces deux personnages qui, miracle ou désastre, n’avaient pas pris par à la guerre de libération de l’Algérie, ne sont venus sur la scène qu’à partir de 1976 pour Chengriha et bien plus tard pour Tebboune. Font-ils la guerre au Maroc ? Que oui, par procuration, assermentés d’un héritage aberrant de Boumediene dont ils hissent la statue et prodiguent le culte.

Ils agitent l’épouvantail d’une confrontation imminente, par exercices et autres démonstrations de pacotille, les vociférations comme seul langage davantage destiné à la consommation intérieure ! Encore faudrait-il ne pas céder à ce chantage et, surtout, ne pas s’imaginer que le Maroc resterait les bras croisés ou hypnotisé. Il ne mésestime ni surestime le rapport de forces, il est simplement conscient de l’impératif de ce que les théoriciens de la guerre appellent « l’équilibre de la terreur », car c’en est bel et bien une… Si la guerre est, en extrapolant, facile à déclarer, à déclencher, il est difficile en revanche de savoir à quel moment l’arrêter. Le prototype de conflit possible entre l’Algérie et le Maroc obéirait au mieux à une sorte de blitzkrieg et au pire au schéma de la longue guerre, comme ce fut le cas entre l’Irak et l’Iran déclenché en 1980 par Saddam Hussein et qui a duré pas moins de huit ans, ensevelissant des montagnes d’armements et des milliers de personnes…

Le message est plus que clair : les démons de l’interventionnisme cajolent l’orgueil et le nombril de Chengriha, tout à son arrogante surestimation de lui-même et de sa puissance. Le « s’en-va-en-guerre » qu’il incarne est aussi l’Apparatchik atypique qui jette dans le gouffre et son propre peuple et ceux du Maghreb tout entier.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page