Maroc, de quoi avons-nous peur? Les bonnes questions en attendant les bonnes réponses

Par Rachida Belkacem

Écrivaine

Les Éditions Orion publient un ouvrage collectif qui tombe à point nommé. Une réflexion multiple, à plusieurs voix, sur le Maroc d’aujourd’hui et de demain.  Un livre pour le Maroc et les Marocains. 

C’est une occasion unique de pouvoir m’exprimer en tant que marocaine et surtout en tant que femme. Le Maroc aborde une phase de transition sans précédent, c’est pour cela que participer à cette réflexion collective a été une grande opportunité pour moi, en tant que femme. Parler des femmes reste une évidence pour moi. C’est une réflexion qui s’exprime au-delà de la femme pour éclairer de nouveaux horizons, teintés d’espoir pour ce Maroc que nous aimons et qui fait aujourd’hui l’objet de toutes les bonnes interrogations. En tant que femme, c’est la place de la femme au cœur de la société qui me préoccupe. Et cet ouvrage collectif, intitulé : Maroc, de quoi avons-peur, m’a permis de poser des questions qui vont au cœur de ce qui me préoccupe pour l’avenir. Car, pour moi, construire une société cohérente et solidaire, doit venir d’une implication totale de tous les Marocains, femmes et hommes, comme pour saisir l’instant d’après qui fera de ce pays un modèle de progrès et d’humanité.

Au Maroc, la réappropriation de certains espaces reste une priorité pour les femmes. Il est important de continuer à éduquer, de continuer d’instruire et de briser les stéréotypes chez les jeunes filles comme chez les jeunes garçons. Une partie des femmes intériorisent de par leurs éducation des représentations de «l’extérieur» comme un danger, et pourtant la rue doit impérativement devenir un lieu de mixité. Aujourd’hui, pour moi, nous pouvons être simplement des femmes, des femmes plurielles, des femmes multiples, avec chacune ses choix de vie, ses préférences, ses ambitions, ses valeurs, ses aspirations et ses rêves. Et c’est dans ce sens que ce livre collectif, publié sous la direction de Abdelhak Najib et Noureddine Bousfiha, donne une belle place à la parole féminine. Je pense aux travaux de l’artiste Nadia Chellaoui, aux paroles de docteur Imane Kendili, au texte sur la liberté de l’artiste Samia Tawil, aux propos de Zainab Fasiki, la pertinence de l’analyse de l’auteure Souad Makkaoui, aux analyses profondes de docteur Hynd Bouhia, au regard de Soumaya Akaaboune, aux questions si justes de la plus jeune collaboratrice à cet ouvrage, Mae Najib…Chacune de nous à un point de vue différent sur son pays, mais tous ces regards versent dans la même direction : bâtir un Maroc meilleur.

Il reste encore beaucoup à gagner en termes d’égalité, mais nous avons au moins le droit à l’individualité. Pour moi, le Maroc possède en son sein des femmes de grand talent: se dire que c’est possible et s’en donner les moyens, investir tous les domaines reste une priorité. Pour ma part, en tant que femme engagée, la réflexion et l’action commune seules ne peuvent aboutir à l’amélioration des conditions de vie des femmes, cependant sans certaines réflexions politiques et sociales le chemin semble un peu plus long, mais il est en marche. En tant que femme berbère (Amazigh :libre) la femme Marocaine a toujours de tout temps occupé une place centrale au cœur de la société.  Aujourd’hui elle est juste plus visible je dirai pour les femmes Marocaines (et même partout dans le monde ) comme la souligne si bien le grand Victor Hugo : «Quand tout se fait petit, femmes vous restez grandes».

Maroc, de quoi avons-nous peur. Éditions Orion. 610 pages. Mai 2020. 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page