Maroc-Espagne : Le calme après la tempête ?

On s’y attendait un peu : la crise entre le Maroc et l’Espagne ne devrait pas durer encore longtemps, preuve en est l’annonce du remaniement ministériel par le Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez, samedi dernier. D’où l’impossibilité de rétablir l’ordre des choses tout en gardant les personnes à l’origine du conflit surtout que le blocage était à son pic. Il fallait bien que le Maroc ait un autre interlocuteur

Avec la nomination par Pedro Sánchez de José Manuel Albares, ancien ambassadeur d’Espagne à Paris, pour remplacer la controversée Arancha González Laya – qui a donné un coup aux relations diplomatiques en semant la discorde- à la tête de la diplomatie espagnole, les choses prendront, à coup sûr, une nouvelle tournure. « Le ministre des Affaires étrangères prépare son voyage à Rabat pour sceller la paix » lit-on sur le support médiatique Lárazon. Plusieurs médias espagnols gouvernementaux parient, bien entendu, sur un déplacement imminent du nouveau ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, à Rabat pour rencontrer son homologue Nasser Bourita.

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Dans ce sens, à peine ses fonctions prises le lundi 12 juillet 2021, le nouveau ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération de l’Espagne, décidé à faire souffler un vent nouveau, établit ses priorités et met à la tête des défis qu’il se trace la résolution de la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. C’est ainsi que pendant son investiture, il adresse un message de conciliation clair au Maroc, qui a été de grand soutien pour l’Espagne dans diverses questions notamment l’immigration et la lutte contre le terrorisme.

Faut-il rappeler que la cheffe de la diplomatie limogée a fait montre d’un manque de diplomatie et d’intelligence politique flagrant en provoquant la colère du Maroc, resté inébranlable dans sa riposte même face à la résolution de l’UE qui se voulait être un moyen de pression sur le Royaume ? En provoquant une crise sans précédent entre Madrid et Rabat, en accueillant Brahim Ghali, Arancha González Laya a précipité le coup de boomrang dont les effets se sont abattus sur le gouvernement espagnol. Et le profond remaniement effectué par le président du gouvernement, Pedro Sanchez, n’est autre qu’un clin d’œil au Royaume pour redresser le tort, rectifier le tir et renouer le contact.

« Nous devons renforcer nos relations surtout avec le Maroc, un grand voisin et ami du Sud » avait souligné le nouveau ministre des Affaires étrangères. Et d’ajouter « Le Maroc a cessé de considérer González Laya comme un interlocuteur valable après la crise de Brahim Ghali ». La source du problème étant la présence du chef du polisario sous une fausse identité sur le sol espagnol, cela avait suscité une grande controverse avant que d’autres rebondissements ne se succèdent mettant à rude épreuve les relations bilatérales maroco-espagnoles. Le moins que l’on puisse dire est que le conflit entre les deux pays affecte les relations internationales du voisin ibérique.

Par ailleurs, le nouveau ministre des Affaires étrangères, convaincu que l’Espagne ne peut se porter bien à l’intérieur que si elle est en de bons termes avec ses alliés et ses voisins, il prend le problème à bras le corps pour mettre fin aux tensions entre les deux pays voisins. Il faut bien se rendre à l’évidence : de grandes attentes et des défis complexes communs nécessitent la coopération des deux pays et un nouveau départ à asseoir sur de bonnes bases où le respect mutuel, le dialogue, la transparence et la solidarité seront de mise.

L’évidence même est que Laya n’a été que le dindon de la farce qui a été sacrifié pour sauver la face et son limogeage est la première étape pour rétablir les relations. Ce remaniement est d’ailleurs la meilleure preuve que le Premier ministre reconnaît, de manière implicite, la légèreté et l’inintelligence dont la diplomatie espagnole, qui n’avait pas mesuré les retombées d’un tel comportement, a fait montre à l’égard du Maroc. Son remplacement ouvre désormais le champ des possibles devant Madrid et Rabat pour reprendre de plus belle.

On l’aura donc compris et bien saisi : pour son unité et sa souveraineté, le Maroc est prêt à tout. Et comme dirait l’autre, « A quelque chose malheur est bon ». Aujourd’hui que l’Espagne a pris connaissance de sa mauvaise gestion diplomatique avec le Maroc, ne serait-il pas donc temps qu’elle revoie ses positions quant à la question du Sahara ? Ce serait probablement l’étape suivante.

Et qui sait, peut-être qu’une visite du Premier ministre espagnol sera prochainement annoncée pour concrétiser celle prévue pour le 17 décembre mais qui n’a toujours pas eu lieu.

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