MAROC-ESPAGNE : UN PARTENARIAT STRATÉGIQUE DANS UN MONDE GLOBALISÉ

« Quel futur pour gagner ensemble ? »

 «Pour exister sur la scène inter­nationale et espérer peser dans les affaires du monde, il faut avoir des idées, des ressources humaines et fi­nancières et le courage de faire des choix. Il faut avoir des idées car l’im­portant n’est pas d’avoir une place à table mais d’avoir quelque chose à dire ….. Cela suppose une capacité d’analyse indépendante et une vision stratégique de ce qui est possible et souhaitable pour soi et pour les autres… On ne peut pas vivre indéfi­niment sur un capital de sympathie accumulé au fil des ans. Surtout pas à l’époque actuelle où la compétitivi­té est féroce. […] On a dans le monde non pas tant la place qu’on mérite que celle qu’on se donne».

Ce «mot» de Marie Ber­nard-Meunier, ancienne ambassa­drice du Canada, mis en exergue dans le rapport de Nicolas Tenzer sur l’expertise internationale ré­sume de manière simple et forte les exigences d’une diplomatie « de ce qui est possible et souhaitable pour soi et pour les autres». Le capital immatériel des ressources humaines qui permet d’avoir des idées est nécessaire . Dans ce sens, la diplomatie participative, par le biais des ONG , des Think tank s’active au Maroc pour aider à la réflexion et apporter sa pierre à l’édifice. Au moment où le Maroc veut diversifier ses relations par un redéploiement sans précédent de son appareil diplomatique, réin­tégrer l’Union Africaine, construire en environnement de paix dans la région, car l’on peut tout changer sauf la géographie, la société ci­vile par le biais notamment de ses Think tank vient en aide pour ren­forcer cette dynamique. Le CDS, Conseil pour le développement et la solidarité, a donné «le la» en orga­nisant, à Rabat en 2012, un grand forum sur les relations du Maroc avec l’Afrique et depuis, plusieurs tables rondes avec les Ambassa­deurs de France , des Etats Unis, d’Espagne, avec des ministres d’Italie dont les comptes rendus ont été publiés par la presse… La dernière rencontre publique avec l’Ambassadeur d’Espagne Ricardo Diez –Hochleitner a eu lieu fin Mai dernier à Casablanca. L’éclairage apporté par ce diplomate de talent dans son intervention, la pertinence de son décryptage régional, son es­prit de synthèse et son intelligence émotionnelle nous offrent l’occa­sion de publier son analyse.

 Le thème d’aujourd’hui «Ma­roc-Espagne : un partenariat stratégique dans un monde globalisé» résume un état des lieux, mais il faudrait sans doute compléter ce titre par un intertitre : «un futur pour gagner ensemble». C’est en effet l’es­prit qui anime l’actuelle dynamique de partenariat que je vais décrypter et qui lie nos deux grands pays, deux grandes nations qui ont beaucoup d’éléments en commun dans notre monde globali­sé. Mes fonctions d’ancien conseiller diplomatique de Felipe Gonzalez et mon expérience à l’OCDE me seront utile pour traiter des perspectives de ce partenariat.

Dans un premier temps, je voudrais rappeler un facteur déterminant, l’im­portance du facteur géographique : nous avons un voisinage géographique parti­culier. Nous sommes la porte naturelle pour le Maroc et l’Afrique de l’Europe, vous êtes la porte naturelle pour l’Es­pagne et l’Europe de l’Afrique. Nous sommes trois pays au monde avec la France qui ont des façades méditerra­néennes et atlantiques. Au delà du fac­teur géographique, il y a l’histoire qui a permis à nos peuples de s’entremê­ler pendant huit siècles où nous avons vécu ensemble en partageant la culture méditerranéenne avec sa gastronomie, son art de vivre et ses lumières … Il y a une autre caractéristique que nous ne partageons avec aucun autre pays au monde et qui est sans doute le legs de la profondeur du champ historique évoqué : beaucoup de marocains ont du sang espagnol et beaucoup d’es­pagnols ont du sang marocain .Nous avons eu certes, des relations intenses avec l’Amérique latine où je suis né et avec laquelle nous avons partagé cinq siècles et un voisinage de coeur, de culture, mais il n’y a pas le facteur géographique qui fait du Maroc et de l’Espagne des partenaires particuliers.

«Travailler en intelligence collective »

Nous allons célébrer les 250 ans du pre­mier traité d’amitié et de commerce, mo­dèle de traité pour la Méditerranée, signé entre le Sultan Sidi Mohamed et le Roi Charles III. Nous célébrerons également les 25 ans du traité d’amitié et de coopéra­tion qui ont fait du Maroc et de l’Espagne des partenaires stratégiques. Nous avons un élément qui constitue la garantie qui protège et promeut nos liens, un élément que je peux évoquer ayant été durant une décennie à la Maison Royale d’Espagne, c’est la relation d’entente, d’amitié entre Sa Majesté Mohammed VI qui parle par­faitement l’Espagnol et Sa Majesté le Roi Philippe VI. J’ai aussi été, en tant que conseiller diplomatique de Mr Felipe Gon­zalez, témoin du renforcement de nos rela­tions par la création du comité Averroès et du nouveau positionnement du Maroc au sein de l’Union Européenne qui ont été le prélude au partenariat euro-méditerranéen de Barcelone. Celui-ci avait été précédé par la Conférence de Casablanca en 1974 où l’idée de ce partenariat est née.

Le socle du cadre de nos relations bila­térales, c’est le modèle de RHN , réunions de haut niveau, c’est le traité d’amitié et de coopération, c’est le rapprochement interparlementaire ponctué de réunions régulières, ce sont les réunions entre toutes les institutions de nos Etats. C’est aussi le comité économique Maroc-Espagne créé sous l’égide de nos deux souverains. Il a été présenté publiquement par Mme Myriam Bensalah à Madrid en novembre dernier 2015 et ses membres ont été reçus par le Roi Felippe VI dans une atmosphère très chaleureuse. Le Maroc est le seul pays au monde avec lequel l’Espagne a un co­mité entrepreneurial qui a une structure permanente de pilotage, de réflexion stratégique qui travaille sur les potentiels de développement de nos relations. Nous avons également développé nos relations dans le cadre multilatéral avec l’Union Européenne et dans le cadre de l’OCDE. Nous sommes en effet dans une période de globalisation qui peut constituer une opportunité pour nos relations. Et nous avons fait nôtre la sagesse du proverbe sénégalais qui rappelle «qu’un homme seul peut courir très vite, mais un homme avec ses frères peut aller très loin ». Pour relever les défis de notre monde globalisé, il faut en effet travailler avec les autres en intelligence collective et dans l’intérêt bien compris de nos pays. Dans la grande autoroute de la mondialisation, il s’agit, non pas d’être le premier, mais de ne pas se perdre, de ne pas perdre la course et de se maintenir au niveau de la vitesse des changements qui s’opèrent dans le monde. Pour cela, il faut si possible, être dans une bonne voiture, bien accompagné par des copilotes et il faut garder les yeux grand ouverts pour maîtriser les virages et éviter les dérapages.

Ceci pour dire, que dans un monde globalisé, nous avons besoin de par­tenariats. Nous l’avons fait avec nos voisins du Nord par le biais de l’UE et nous ne pouvons imaginer ce que serait l’Espagne aujourd’hui sans ses relations avec la France où nous exportons près du quart de nos exportations , et avec le Portugal avec qui nous vivions dans le passé. Le commerce avec ce voisin repré­sente 8% de notre commerce extérieur, c’est beaucoup plus qu’avec tous les pays d’Amérique latine et ceci bien sûr, au bénéfice de nos deux pays .

La Présidente de la CGEM, le Président du CDS et l’ambassadeur d’Espagne au Maroc
La Présidente de la CGEM, le Président du CDS et l’ambassadeur d’Espagne au Maroc

 La globalisation qu’il faut maî­triser et anticiper nous pousse à aller dans ce sens. C’est ainsi que nous travaillons avec nos services économiques de Casablanca, sur un index , une base de données impressionnante intitulée, base de données des chaînes de va­leur ajoutées qui porte un nom en anglais le Trade in value adent terms le TIVA.

A partir de cette base de don­nées, nous avons fait plusieurs exercices en prenant par exemple une trentaine de secteurs d’une cinquantaine de pays .On a recal­culé nos relations économiques et commerciales bilatérales dans ces secteurs et ces pays. Si l’on prends en compte les chaînes de valeur ajoutés, si l’on examine la désagrégation des éléments qui y font partie et si l’on estime les éléments selon leur provenance, on arrive à des conclusions im­pressionnantes ! par exemple si je prend un portable et je l’analyse, je constate qu’il y a 50% de va­leur ajoutée qui viennent des Etats Unis, 20% de Chine qui assemble le produit, 5% de l’antenne vient de la Suède, 2% pour le minéral inclus qui vient d’Afrique du Sud. Le ranking des principaux parte­naires commerciaux de l’Espagne change. La Chine qui occupait la 7 ieme position passe en 17 ieme position et les Etats Unis oc­cupent l’une des premières po­sitions. On a pris en compte les éléments qui constituent le com­merce qui n’est plus cette chaîne qui va d’un pays à un autre mais qui passe par plusieurs niveaux. La capacité de croissance, la com­pétitivité, le bien être des pays du futur se trouve dans leur capaci­té de se placer avec leurs atouts principaux dans ces chaînes globales de valeur en intégrant leurs capacités d’innovation et d’amélioration des produits ou des services offerts. Travailler ensemble, compléter la chaine de valeur, c’est ce qui assure la compétitivité d’un secteur, le progrès et les avancées d’un ter­ritoire et d’un pays. Concernant l’investissement, celui-ci reste li­mité, car il a fallu pour faire face à une crise sérieuse , payer les factures de la Maison Espagne. Malgré tout, nous sommes le troisième investisseur au Maroc en terme de stock avec en 2014, 293 millions de dollars après la France et les Emirats arabes unis. Nous avons également un plan d’investissement pour le Maroc où nous avons organisé récem­ment au cours d’une rencontre à Casablanca 150 «be to be». Nous avons aussi un plan triennal pour la coopération de 150 millions d’euros, 100 millions pour le développement de la formation professionnelle au Maroc et 50 millions d’euros pour différents programmes sociaux comme ce­lui de l’égalité hommes femmes, la modernisation de l’adminis­tration. Nous pouvons aussi des deux côtés améliorer l’investis­sement comme nous l’avons fait avec le Portugal. Il faut dans ce sens, améliorer l’investissement du Maroc en Espagne. Il y a une marge de manoeuvre importante pour nos deux pays qui ont parta­gé l’histoire et qui partagent la fa­çade atlantique. Je ne cesse, pour ma part, de dire aux entrepreneurs espagnols, «venez au Maroc pour aller en Afrique». J’aimerais que mon homologue en Espagne dise aux entrepreneurs marocains « venez en Espagne pour aller en Amérique latine ! ». Pour notre part, le ministère des affaires étrangères a fait plusieurs exer­cices de coopération triangulaire dans différents secteurs, transport, eau, électricité, énergies renouve­lables… entre le Maroc, l’Espagne et l’Afrique à la Maison Afrique à Las palmas capitale des Iles Canaries. Le message est clair, il faut passer par le Maroc pour aller en Afrique car le Maroc a déjà une longueur d’avance. Complé­té avec la force de l’Espagne au sein de l’UE, c’est gagné en terme d’investissement et d’innovation.

«Nous avons besoin les uns des autres, car nous avons des enjeux communs»

J’ai beaucoup disserté sur nos relations économiques. Mais nos relations sont plus vastes, elles englobent d’autres champs. Il y a le cadre humain, les rela­tions humaines qui peuvent avec intelligence transcender tous les problèmes ou tensions qui peuvent se produire. Nous avons eu un problème en 2003 et nous l’avons heureusement réglé de manière amicale et surtout, nous avons relancé nos relations en janvier 2005 avec la visite de Sa Majesté le Roi Juan Carlos au Maroc. Et depuis, nous n’avons cessé d’améliorer ces relations, de progresser dans nos partena­riats. Nous avons aujourd’hui une petite communauté de 11000 es­pagnols vivant au Maroc et près d’un million de marocains vivent en Espagne, alors qu’en 1996 nous ne comptions que 55 000 marocains en Espagne ! c’est la deuxième communauté étrangère et son intégration est réussie dans un environnement apaisé. Aucun parti politique ne tient des propos xénophobes vis-à-vis des émigrés qu’ils soient d’Amérique latine ou du Maghreb. 150 000 marocains sont même devenus espagnols et nous avons 160 000 marocains dans nos écoles publiques qui étu­dient en espagnol ! Cela veut dire que dans un avenir proche nous aurons des milliers et milliers d’ingénieurs, médecins, techni­ciens, informaticiens marocains qui auront étudié en Espagne et qui seront les ambassadeurs du futur de nos deux pays.

Parmi les autres champs de coopération qui touchent de très nombreux domaines, je citerai la sécurité qui est un succès parce que nous avons compris que dans une relation de voisinage, nous avons besoin les uns des autres et que nous avons des enjeux communs. La sécurité requiert une coopération régionale car le terrorisme comme les mafias sont devenus transfrontaliers et la seule manière d’assurer la sécurité pour nos services, c’est de travailler avec les voisins. J’ai accompagné récemment le ministre de l’intérieur, Mr Has­sad à Madrid où il a été décoré. Notre relation a gagné en maturité et densité car nous avons su ga­gner la confiance les uns avec les autres dans un respect mutuel et je dirai même en empathie. Nous comprenons ainsi les difficultés d’intégration des migrants sub­sahariens au Maroc et le Maroc comprend aussi nos difficultés en matière d’intégration de l’émigra­tion.

Mohamed Benamour : Merci Monsieur l’Ambassadeur, nous avons, dites-vous, des relations d’exception, j’ajouterais à mon tour, que nous avons aussi un Ambassadeur d’exception. Merci pour votre présentation et pour ce décryptage du présent et du fu­tur de la relation entre nos deux pays qu’il faut encore améliorer et ouvrir sur l’Afrique, sur l’Amé­rique Latine pour la paix et le bien-être des populations. L’Es­pagne peut faire beaucoup pour le Maroc, comme le Maroc peut faire beaucoup pour l’Espagne. La confiance est le moteur, le le­vier de l’action, cette confiance est aujourd’hui acquise entre nos souverains, nos gouvernements et nos peuples.

Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM : Je vou­drais remercier le Conseil pour le développement et la solidarité et particulièrement son Président Mohamed Benamour pour m’avoir invitée à cette rencontre. Remercier aussi son Excellence l’Ambassadeur Ricardo Diez-Hochleitner pour s’être prêté à l’ exercice de l’analyse de nos relations , un exercice qui n’est pas évident pour un diplomate qui doit respecter le devoir de réserve. Mais à la parfaite maîtrise de ce dossier, vous avez su ajouter toute l’amitié et l’affection que vous portez au Maroc qui vous le rend bien. Cette amitié se traduit pour notre part par une réalité : nous sommes au niveau de nos confé­dérations patronales au même niveau d’information car nous échangeons beaucoup sur nos réalisations, nos problèmes, nos projets, nos entreprises, nos plans d’avenir sur tel ou tel secteur ou sur la coopération avec l’Afrique .

Vous avez évoqué l’excel­lence des relations politiques, culturelles, de la coopération sé­curitaire qui font de cette alliance Maroc-Espagne un modèle de coopération. J’évoquerai à mon tour compte tenu du maillage des tissus d’entreprises, d’in­terdépendance économique et sociale . Le premier partenaire commercial avec une progression annuelle de 11% lors de cette der­nière décennie, c’est l’Espagne. Nous sommes le premier pays africain en terme d’IDE espa­gnols, le septième pays en terme d’investissement et malgré les factures qu’il faut payer, Excel­lence, nous pouvons faire mieux ! 800 entreprises espagnoles sont installées au Maroc et il existe encore un potentiel appréciable qu’il faut exploiter notamment dans le domaine touristique. Vous avez évoqué les 160 000 Marocains inscrits dans les écoles publiques en Espagne et les 6 000 Marocains inscrits dans les écoles espagnoles au Maroc.

Dans votre exposé, vous avez évoqué en filigrane les enjeux de la globalisation. L’un des effets de cette globalisation, c’est la re­composition de nouvelles formes d’alliances régionales un peu par­tout dans le monde : CDEAO, MERCOSUR et UE… On parle de multilatéralisme. Nous sou­haitons vivement, malgré les tensions actuelles, la même évo­lution dans notre région à travers l’UMA qui pourrait bénéficier à tous les pays méditerranéens en élargissant le marché et la libre circulation des biens, des produits et des services.

Dans le cadre des accords de libre échange, nous avons obte­nu un siège d’observateur pour la CGEM et demandé une étude d’impact qui serait financée par les opérateurs marocains et européens. Premier partenaire commercial, l’Espagne nous a ac­compagnés dans cette démarche. Nous avons décidé au Maroc, dans le cadre de la mondialisa­tion de diversifier nos partenariats avec la Chine, avec la Russie, avec l’Inde où Sa Majesté le Roi s’est rendu et avec l’Amérique la­tine avec le soutien de l’Espagne et à travers la structure que nous avons créé entre nos deux patro­nats.

 «Pour une refondation du partenariat Maroc-Espagne ? »

Myriam Bensalah : prési­dente de la CGEM : Ma pre­mière question porte sur les possibilités d’améliorer l’inves­tissement espagnol au Maroc et la seconde sur cette question sen­sible de l’émigration. Malgré la bonne intégration que vous avez évoquée, nous constatons que ce sont les émigrés marocains qui subissent en premier en temps de crise les affres du chômage.

Ricardo Diez-Hochleitner, ambassadeur d’Espagne au Maroc : Sur la première ques­tion, il faut savoir qu’il existe un fonds d’internationalisation des­tiné aux entreprises espagnoles qui accorde 300 millions d’euros aux entreprises qui viennent au Maroc. Nous avons organisé un forum multisectoriel en février dernier en collaboration avec l’Institut de commerce extérieur espagnol pour expliquer les avan­tages de ce fonds. Pour relancer la dynamique de notre partenariat, il faudrait, au delà des relations institutionnelles, qu’il y ait plus de relations interpersonnelles entre les entrepreneurs du Ma­roc et d’Espagne. Nous avons beaucoup d’opportunités pour ce faire : la chasse, la gastronomie, le football très prisé ici et là, la musique, la fête …. Il faut aus­si raison garder par rapport aux problèmes qui peuvent se poser et qui ont toujours une solutions . J’ai toujours en tête «la directive» du premier ministre «lorsqu’il y a un problème m’a-t-il conseillé, il faut l’encapsuler, toujours cher­cher un médiateur côté marocain et côté espagnol et les mettre à contribution pour trouver la solution, car il y a toujours une solution ! Si cela ne marche pas, il faut m’appeler et je trouverai la solution ! » Quand il y a un problème, il y a aussi le risque qu’il s’amplifie, il faut donc vite réagir. Vous savez qu’il y a des entreprises qui connaissent des problèmes qu’il faut résoudre pour éviter la sensation du risque.

Concernant la question de l’émigration, c’est vrai que la ges­tion de l’émigration est difficile et nos deux pays en savent quelque chose. Les migrants sont toujours dans une situation précaire physi­quement, psychologiquement et il faut être vigilant pour leur venir en aide. Nous faisons beaucoup de choses avec le Ministre, M. Birou très actif , avec qui j’ai des échanges réguliers pratiquement toutes les semaines et en même temps nous ne faisons pas assez. Nous sommes très reconnais­sants pour l’apport économique et social des émigrés marocains qui sont travailleurs et qui s’im­pliquent dans leur travail. Nous le voyons par exemple dans les travaux agricoles, comme lors de la récolte des fraises où ces tra­vailleurs sont très prisés, contrai­rement à d’autres migrants venus d’autres horizons. Il reste que de nombreux problèmes se posent et que nous devons tout faire pour les régler ensemble.

«Des questions pressantes pour un avenir proche»

Fahd Yata, directeur de l’hebdomadaire «La Nouvelle Tribune» :

Je voudrais dire toute ma fierté d’être présent dans cet éminent aréopage, merci aussi pour l’in­vitation de M. Benamour qui nous a incités à parler sans tabou et en toute franchise. Bravo à M. l’Ambassadeur pour cet exposé fait dans une parfaite langue fran­çaise , pour la pertinence de son analyse et sa franchise ! Je suis un ami de l’Espagne, un afficionados en quelque sorte qui suit la ques­tion des relations entre Rabat et Madrid depuis longtemps.

Le troisième point que je voudrais évoquer est relatif au partenariat humain. Vous avez évoqué le mélange de sang entre beaucoup de marocains et d’espagnols. J’ai moi-même du sang espagnol par parenté très proche. Nous avons une identité commune mais nous ressentons notamment à travers la presse espagnole, un sentiment d’hos­tilité vis-à-vis du moros. En fait on ne fait rien pour aider l’opinion publique espagnole à changer de perception. Merci pour votre ré­activité sur ces questions et par­donnez ma franchise !

«Le Maroc d’aujourd’hui n’est pas le Maroc d’hier et il appelle à une refondation de nos relations»

Mohamed Chafiki, directeur des Etudes au ministère des fi­nances : J’ai écouté avec intérêt et plaisir vos propos notamment sur les changements dans le monde en termes de globalisation ; J’ai eu le plaisir de participer avec vous à l’OCDE à la présentation de la chaîne de valeur mondiale. Dans ce cadre là, vous redéfinissez les relations entre le Maroc et l’Es­pagne en termes d’intégration et nouveaux positionnements par rapport à ces changements dans le monde. Vous soulignez égale­ment l’idée que nous sommes en train de reconstruire les éléments d’une compétitivité globale dans un environnement qui a payé le prix fort de la crise car c’était la région la moins intégrée du monde.

Ne pensez-vous pas que ces changements peuvent appeler à une refondation de nos relations ? Cela nous permettrait aussi de corriger certaines «erreurs». Je m’explique : les PME jouent un rôle important mais dans le do­maine des télécommunications, nous passons à une autre échelle. Le chèque de la deuxième licence de GSM nous a permis de réaliser en partie Tanger Med et l’histoire de ce changement est lié à un sec­teur où le déficit partenarial avec l’Espagne est flagrant. Je pense aux télécommunications mais aussi à l’économie de la connais­sance.. Autre point, la coopéra­tion décentralisée est au coeur de notre partenariat avec d’autres pays comme la France mais pas seulement ; peut-on tirer des le­çons de ces expériences pour des secteurs comme l’aménagement du tourisme ? …

Nous ne percevons plus l’At­lantique de la même façon et la Conférence de Casablanca que vous avez évoquée a coïncidé avec un moment fondateur d’une nouvelle vision qui faisait du Ma­ghreb une région globale face à une vision qui veut lier le Maroc à ce qui se passe au Moyen Orient ; il y a eu des plaques tectoniques qui ont changé l’environnement. Vous avez évoqué la coopération financière J’ai toujours remarqué qu’il y avait un effort important en matière d’enveloppe de coo­pération financière mais lorsque l’on fait le bilan, nous constatons que nous avons le taux d’utili­sation le plus faible de toutes les coopérations financières que nous avons. Pourquoi ? Parce que la coopération est fondée sur des financements spécifiques où il y a une panoplie de moyens qui ne correspondent pas à la nature des projets structurants sur lesquels nous voulons travailler ensemble.

Une coopération exemplaire en matière de sécurité

Said Hassar président d’un cabinet consulting, ex secré­taire d’Etat à l’intérieur : Je voudrais vous féliciter pour votre intervention et apporter un témoignage concernant l’exem­plarité dans toute la région mé­diterranéenne de nos relations en matière de sécurité que vous avez évoquée à la fin de votre exposé. Cette réussite s’est faite dans la transparence. J’ai sou­venir des images d’il y a une quinzaine d’années des pateras et du travail que nous avons fait pour remonter aux réseaux des passeurs. L’exemplarité de notre coopération, nous la retrouvons, en matière de gestion des risques naturels où nous avons réalisé un travail exceptionnel pour éviter les grands incendies par exemple au Nord du Maroc et au Sud de l’Espagne…

Nous avons aussi travaillé sur la gestion du passage annuel de deux millions de Marocains qui traversaient le territoire Espagnol et le détroit pour passer des va­cances chez eux. Vous avez sou­ligné les relations exceptionnelles existant entre nos Souverains et nos peuples, il ne faut pas ou­blier les relations d’exception qui existent entre les administrations.Nous avons aussi travaillé sur le modèle de régionalisation espa­gnol et je rappelle qu’il existe plu­sieurs jumelages entre les villes et les régions , je pense à l’exemple qui me vient à l’esprit , celui de Souss Massa Draa avec les Iles Canaries .

Taoufik Mouline directeur de l’IRES, Institut royal des études stratégiques :

L’exemplarité, nous la re­trouvons aussi au niveau des relations entre les think tanks. Nous avons nous-même une relation privilégiée avec l’Ins­titut Royal espagnol des Etudes stratégiques et nous examinons toutes les questions sans tabou aucun ou censure. A l’IRES , nous avons produit des rapports sur des thèmes cruciaux comme la question du Sahara , la déli­mitations des zones territoriales de Atlantique, Sebta et Melilla, la coopération économique, sé­curitaire, la gestion de l’immi­gration clandestine, le rôle des sociétés civiles et sur un sujet qui figurait en transversale des questions , l’image , la percep­tion du Maroc en Espagne .

Nourredine Omary, chargé de mission au Cabinet royal : Je voudrais apporter à mon tour un témoignage ayant accompa­gné, dans les années 70, l’évo­lution des relations financières entre le Maroc et l’Espagne à la fois aux frontières puisque j’étais DG de la douane et au ministère des finances en tant que SG du ministère et en tant que DG de la Banque popu­laire. Je partage l’appréciation de l’ambassadeur sur l’évolution de nos relations car je mesure le chemin parcouru depuis les années 70 et tout le travail réa­lisé par nos administrations , par différentes structures et par les hommes d’affaires. Un bémol cependant dans notre satisfac­tion, c’est l’image du Maroc , la mauvaise perception qui persiste et qui est véhiculée par certains médias , lobbies et ONG espa­gnols. Cette question a été étudié par le Comité Averroès ,mais il n’y a pas eu de changement de perception .

« Nous devons faire mieux et plus vite pour alimenter le moteur de la croissance »

Ricardo Diez-Hochleitner : Les questions sont nombreuses à la mesure de la richesse et den­sité de nos relations. Beaucoup d’entre elles dénotent cependant une certaine inquiétude notam­ment pour ce qui est de la per­ception du Maroc en Espagne. Moi je suis optimiste car je sais que les choses changent. Il reste que ce changement ne s’opère pas d’un jour à l’autre. Concer­nant la question de M. Yata, je voudrais rappeler que 300 000 touristes marocains se rendent régulièrement en vacances en Espagne, habitués à la Costa Del Sol.

Votre question sur les lob­bies m’a rappelé la période où l’Espagne voulait entrer dans l’Union européenne. A l’époque, on renversait des camions de to­mates et de fraises à la frontière française. J’ai grandi à Paris et je me souviens des invectives que je subissais à l’école. Notre rela­tion a mûri, nous sommes entrés dans l’UE ; mais il arrive encore trente ans après, que nos camions de tomates et de fraises soient renversés ! Cela ne veut pas dire que les français nous haïssent ! Dans le cas du Maroc, je me souviens de l’époque où j’étais DG des affaires européennes, du contingent que l’on avait par le biais du calendrier tarifaire. Les chiffres étaient ridicules et je me disais toujours que les marocains ont besoin d’exporter davantage. En 1986 les exportations attei­gnaient difficilement 10 millions d’euros par an.

 Aujourd’hui, nous sommes à 984millions d’euros en 2015 d’exportations de fruits et de lé­gumes. Le taux de croissance en 2013 a été de 23%, en 2014 il a dépassé les 27%… Les agricul­teurs espagnols réagissent mais c’est un peu normal .Ils font comme le faisaient les agricul­teurs français face aux exporta­tions espagnoles. Dans les rela­tions de voisinage, il y a souvent des tensions, mais il faut relativi­ser cela car ce n’est pas le pays tout entier qui est vent debout contre le Maroc ! L’Espagne est contente des échanges agricoles avec le Maroc comme nous le sommes sur la pêche. Concernant la question de la communauté marocaine, je rappelle qu’en 1996, nous avions 55 000 rési­dents marocains. Aujourd’hui, nous avons presqu’un million de marocains. Il n’y a pas de partis politiques ou de plateformes qui vilipendent ces émigrés. Cela n’existe pas contrairement à d’autres pays européens où les partis nationalistes montrent de l’index la population maghré­bine ou latino américaine ! Ceci étant, il existe certainement des expressions vexatoires proférées par certains mais pour moi, c’est inacceptable. Cette personne qui profère de tels propos ne représente pas le coeur de mon pays, les objectifs de mon pays ou les sentiments et la sensibili­té des Espagnols ou la politique de mon gouvernement. Il y a d’autre part, la Loi qui sanctionne les dérapages ; mais je le répète, la grande majorité de mes com­patriotes ressentent du respect pour les marocains et pour toute personne étrangère. Concernant les «moros», je voudrais vous dire que la garde de Franco était La Guardia moro, de même celle du Roi d’Espagne !

Quand il y a des défilés et que des gardes se réclament d’origine arabe et berbère, ils ont droit à des applaudissements ! Concer­nant les remarques de M. Chafiki avec qui j’ai travaillé à l’OCDE, je suis en partie d’accord. Au­jourd’hui, nous avons un mate­las d’intérêts communs et nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas travailler ensemble. C’est une question existentielle pour nos deux pays. Si le ministre comme l’a souligné Mme Bensa­lah dit que le Maroc est une prio­rité stratégique pour l’Espagne, c’est parce vous êtes notre par­tenaire naturel en tant que voisin mais c’est aussi parce que nous n’avons pas encore évolué au niveau dont on a besoin.

Nous devons nous atteler avec détermination , avec optimisme à faire plus, à faire mieux. Pour mesurer la force de nos relations ,nous pouvons faire la compa­raison avec les ressortissants d’autre pays qui n’auront pas le même comportement et qui ne reviennent pas sur les lieux de leur vacances. Je reste optimiste et je dis qu’il suffit de stimuler l’affection, l’empathie des uns et des autres pour changer progres­sivement la perception .

Quel partenariat dans un monde en mutation ?

Abdelatif Bel Madani pré­sident d’un cabinet consulting : l’un des éléments qui pourrait améliorer la perception des uns et des autres serait de faciliter l’ob­tention des visas et si possible pour la durée de vie du passeport à savoir 5 ans. Cela pourrait évi­ter tant de problèmes !

Jawad Kerdoudi, président de l’IMRI, Institut marocain des relations internationales : on assiste à un changement du champ politique espagnol avec une défaillance vis-à-vis des partis traditionnels et une émer­gence de nouveaux partis. Est-ce que cela traduit un changement dans la société espagnole ? Cela ne risque t il pas d’altérer sur­tout pour les jeunes les relations futures entre le Maroc et l’Es­pagne ?

Nezha Larichi: Il y a une question qui nous interpelle, c’est celle de l’avenir de l’Union euro­péenne avec la montée des partis de droite dans nombre de pays européens , en Autriche, en Nor­vège, en Suisse. Ce qui se passe en Europe de l’Est, en Pologne, en Hongrie avec Victor Orban nous inquiète sérieusement car ces gouvernements ont décidé de restreindre la liberté de circula­tion. Je me pose la question de la conjonction européenne avec l’évolution libérale. Autre point, celui de l’Accord agricole signé avec l’UE qui a été remis en cause par la Cour de justice eu­ropéenne, ce qui pose la question de la visibilité dans nos relations notamment à travers l’accord sur les flux migratoires.

Ricardo Diez–Hochleitner : Je ne suis pas l’interprète des partis politiques mais effecti­vement je constate qu’il y a des changements dans le champ po­litique qui ne sont pas propres à l’Espagne. Là encore, je reste optimiste car la solidité des ins­titutions et le respect des règles sont des gages du bon fonc­tionnement de la démocratie . Le débat se fait dans le cadre de notre Constitution et de nos institutions. Sur la question de l’UE, il y a de grands enjeux qui se posent à la Communauté qui n’est pas seulement un marché, mais qui a une vision politique. Sur l’accord agricole avec le Ma­roc, l’arrêt de la Cour de justice a été contesté. Il faut rappeler que ce n’est pas l’ensemble de l’UE qui est contre l’accord, c’est la Cour. Maintenant, il faut étudier les voies et moyens pour sauve­garder le partenariat stratégique entre l’UE et le Maroc

   Mohammed Benamour : Maroc et Espagne condamnés à construire et assurer leur destin commun

Nous sommes fiers et heureux de vous recevoir à cette occasion et vous dire que le CDS est une instance citoyenne qui a choisi de mettre ce concept de solidarité au centre de toutes nos activités. Le CDS est un espace indépendant animé par des personnalités polyvalentes et multidisciplinaires du secteur public et privé, chefs d’entreprises, universitaires, journalistes etc.. qui proposent des programmes et mesures opérationnelles, qui ont aussi en commun la volonté de partager leur expérience et leur intelligence collective au service d’un développement inclusif du Maroc. Il s’agit de l’intérêt de la collectivité, comme en témoignent toutes les rencontres portant sur la technologie politique et financière de notre pays environnement, l’habitat et les villes nouvelles, le forum sur l’intégration africaine, l’éducation, la santé, la régionalisation etc… La dernière rencontre sur la politique monétaire et le financement des PME, s’est tenue au siège de la Banque Centrale en partenariat avec la Banque d’Espagne, Bank Al Maghrib et 5 autres Banques Centrales du pourtour méditerranéen.
Aujourd’hui, nous sommes heureux et ravis d’accueillir M. Ricardo Diez-Hochleitner Rodriguez, hôte de marque et une éminente personnalité connue pour ses qualités humaines exceptionnelles, comme pour ses connaissances approfondies des affaires européennes, sud américaines et mondiales parce qu’il a exercé pendant des années à l’OCDE dont nous espérons qu’il nous indiquera comment faire pour que la Maroc adhère à cette organisation mondiale.
M. Ricardo Diez-Hochleitner Rodriguez, l’Ambassadeur du Royaume d’Espagne au Maroc a pris ses fonctions en 2012 et dont le parcours professionnel remarquable est digne d’éloges, je demanderai à Mme Farida Moha de décliner un aperçu biographique de notre hôte. Je me permets de rappeler que l’Espagne a toujours été au confluent de plusieurs courants civilisationnels et la tête de pont du monde hispanophone. Elle pouvait être le miroir d’interaction entre l’Occident et l’Orient, Le grand philosophe espagnol Ortega disait que «l’humanité devrait apprendre à écouter l’Espagne car elle a quelque chose à dire au monde». L’Espagne est plurielle et c’est le propre des démocraties, et le Maroc, son voisin du Sud l’est aussi.
C’est pour ces raisons et bien d’autres que nous avons sollicité notre hôte de faire part aux membres du CDS, venus en nombre, de ses analyses et ses réflexions sur les différents aspects de coopération entre les deux pays, et au-delà entre l’Europe et le Maroc, dans différents domaines. Notre hôte, nous n’en doutons point, est connu par sa franchise, son expérience, et son éloquence. Il nous tracera les contours d’une approche réaliste et porteuse d’espoir entre deux pays dont les relations séculaires condamnent à une plus grande solidarité. L’héritage historique doit permettre un meilleur développement de nos relations culturelles, commerciales, et diplomatiques.
La raison du bon voisinage et les complémentarités économiques et sociales font que les incompréhensions cèdent le pas à l’entente et à la coopération. Nos deux pays sont en effet condamnés par la conjoncture à s’entendre durablement dans l’intérêt réciproque des deux pays, mais également dans l’intérêt de toute la région de l’Europe à laquelle le Maroc s’amarre de plus en plus et sur tous les plans.
Je souhaite rappeler les propos d’un prédécesseur aux membres du CDS en déclarant «aucun pays n’a autant besoin que l’Espagne d’avoir comme voisin un pays stable et je ne répéterais jamais assez que ce qui est bon pour le Maroc est bon pour l’Espagne, et vice versa. C’est dans cette optique que nous inscrivons nos actifs». La présence parmi nous de Mme Bensalah nous réconforte et nous honore. Elle vient apporter le témoignage et l’intérêt de la CGEM non seulement à nos relations bilatérales, mais au-delà, des choix du Maroc et des réussites de notre pays dans de nombreux axes structurants.
Nos deux Royaumes ont une histoire commune, mais aussi des défis à relever en commun, la confiance est un gage de succès et je ne saurai conclure ce mot sans rappeler la délicate attention de l’Ambassadeur à notre égard en m’offrant dès sa parution un livre remarquable «Les routes d’Al Andalous» magnifique ouvrage retraçant l’âge d’or Andalous de 711 à 1613 qui avait connu l’apogée d’une civilisation fondée sur la tolérance et l’harmonie. Ce fut un temps béni où l’Orient et l’Occident étaient unis au sein d’une civilisation née de la rencontre des deux rives de la Méditerranée, de deux mondes, arabo-islamique et gréco-romain, un creuset de multi-confessionnalisme fondé sur des valeurs de tolérance et de respect, un modèle de vivre ensemble exportable à toutes les nations du monde. Les historiens nous ont appris que la culture se transmettait comme une dette, comme un lien profond et plus essentiel que la race, la religion ou le marché.

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page