Maroc / Etats-Unis au-delà du temps et de l’espace

Par Souad MEKKAOUI

La visite tant attendue a enfin eu lieu. Ce mardi 22 décembre sera inscrit dans les annales des relations tripartites Maroc-Etats-Unis-Israël. En effet, le premier vol, LY555, de la compagnie aérienne israélienne EL AL, en provenance de Tel Aviv, transportant la délégation américano-israélienne, conduite par Jared Kushner, a atterri à l’aéroport de Raba-Salé, aux environs de 14h30. La délégation s’est rendue, en premier, au Mausolée Mohammed V pour déposer une gerbe de fleurs sur les tombes des feus le Roi Mohammed V et le Roi Hassan II.

La délégation américano-israélienne de haut niveau est composée, en plus de Jared Kushner, du Conseiller à la Sécurité nationale d’Israël, Meier Ben Shabbat ainsi que de l’assistant spécial du président des États-Unis d’Amérique et représentant spécial pour les négociations internationales, Avrahm Joel Berkowitz. Et c’est lors d’une audience au Palais Royal que Sa Majesté le Roi a réitéré sa pleine satisfaction quant aux résultats historiques de l’entretien que le Souverain a eu, le 10 décembre 2020, avec le Président des Etats-Unis, Donald Trump.

Rappelons que la visite au Maroc de la délégation américano-israélienne fait écho à l’entretien téléphonique entre les deux chefs d’Etat. Un entretien qui aura marqué la fin de l’année 2020 et l’histoire des relations internationales en raison de la décision des USA de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara.

Il y a tout d’abord l’Histoire

Et c’est cette Histoire témoin qui nous rappelle que ce qui se passe, aujourd’hui, entre le Maroc et les Etats-Unis n’est qu’une alliance renouvelée entre deux pays longtemps partenaires. En effet, la décision de Donald Trump vient propulser les relations séculaires entre les deux pays et renforcer le caractère singulier et unique du partenariat bilatéral.

C’était donc le 4 décembre que Donald Trump signait une proclamation présidentielle portant sur la décision des Etats-Unis d’Amérique de reconnaître, pour la première fois de leur histoire, la pleine souveraineté du Royaume du Maroc sur l’ensemble de la région du Sahara Marocain. Faut-il rappeler que cet acte solennel comporte une force juridique et politique indéniable et à effet immédiat ? D’ailleurs, sachant que les proclamations présidentielles sont des écrits officiels du Président des États-Unis, celles-ci marquent plusieurs jalons dans l’Histoire des Etats-Unis. Preuve en est la proclamation de l’émancipation, du président des États-Unis Abraham Lincoln, promulguée le 1er janvier 1863, abolissant l’esclavage sur l’ensemble du territoire des États-Unis et désignant deux décrets (executive orders) d’Abraham Lincoln pendant la guerre de Sécession.

Ceci étant, la proclamation du Président des Etats-Unis s’inscrit dans le cadre d’une décision souveraine, avec une force juridique et institutionnel inébranlables – quelle que soit d’ailleurs la tendance politique de l’occupant de la Maison Blanche – dont le premier acte fondateur fut la reconnaissance par le Sultan Mohammed III des Etats-Unis d’Amérique en 1777.

Problème du Sahara : Un tournant majeur

La décision de Trump, haute autorité de l’Exécutif US a donné naissance à une nouvelle dynamique et une vague de soutien de la part de plusieurs pays qui, pour conforter leur reconnaissance pour la marocanité du Sahara, ont annoncé l’ouverture de consulats dans les provinces du Sud.

Par ailleurs et dans l’ordre des choses, l’Administration américaine a procédé, dès le lendemain, à une mise à jour en instruisant tous les Départements américains des changements qui vont avoir lieu désormais. Dès lors, il a été décidé de notifier officiellement le Congrès de la nouvelle position nationale des USA, de bannir le terme «Sahara occidental » et de porter les rectifications nécessaires avec la suppression des pointillés sur toutes les cartes du Maroc, de ne plus séparer le Maroc de son Sahara dans les rapports émanant des différents Départements américains et de revoir les Accords, dans la mesure du possible, pour refléter la nouvelle position des USA quant au Sahara marocain.

De facto, pour encourager les investissements américains et contribuer au développement économique et social, au profit notamment des habitants des provinces du Sud, les Etats-Unis d’Amérique ont décidé d’ouvrir un consulat, à vocation essentiellement économique, à Dakhla.

Sur un autre volet, les Etats-Unis, porte-plume des résolutions sur le Sahara au Conseil de Sécurité et membre permanent de cette instance, ont officiellement informé l’organe exécutif de l’ONU et le Secrétaire général de cette organisation, de son contenu qui dispose que la proposition marocaine d’autonomie est la « seule base pour une solution juste et durable au différend sur le territoire du Sahara« .

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Une proclamation qui scelle la continuité

Il faut dire que ces deux dernières décennies, plusieurs hauts responsables américains des Administrations républicaines ou démocrates ont fait, à titre privé ou public, plusieurs communications ou déclarations à leurs homologues marocains et cette proclamation présidentielle vient les affermir et les entériner. Force donc est de mettre en évidence la force de conviction du Royaume dans la défense de sa cause et l’aboutissement de longues et intenses concertations entre les deux chefs d’Etat, depuis plusieurs années.

En effet, officiellement entérinée en 1999, un « Action Memorandum » est venu entériner le souhait de l’Administration Clinton de poursuivre une solution politique négociée, basée sur le compromis et se basant sur un plan d’autonomie large, qui respecte la continuité de la souveraineté du Royaume.

Entre 2000 et 2003, James Baker s’engage à suivre la même voie. L’année suivante, le Président George W. Bush adresse une lettre à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans laquelle il exprime le « plein soutien des Etats-Unis aux propositions d’autonomie avancées par le Maroc ». 2007 verra les déclarations officielles de soutien de la part des Etats-Unis à l’égard du Royaume, qui avait présenté en avril de la même année, son plan d’autonomie auprès de l’ONU. Le Président W. Bush avait, quant à lui, en juin 2008, adresse une nouvelle lettre à Sa Majesté le Roi pour souligner que les Etats-Unis estiment « qu’un Etat indépendant n’est pas une option envisageable et réaliste » pour le différend sur le Sahara. Avant d’ajouter que « le plan d’autonomie est sérieux et crédible ». Une seconde lettre officielle sera envoyée, en décembre 2008, par le même président à Sa Majesté le Roi et dans laquelle il rappelle « que l’indépendance est une option irréaliste » et réitère « le plein soutien des Etats-Unis au plan d’autonomie marocain comme SEULE solution ».

Faut-il rappeler aussi que l’ancienne Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, avait déclaré le soutien de l’Administration Obama au plan d’autonomie marocain en le qualifiant de «sérieux, crédible et réaliste »? Et quelques années plus tard, plus précisément en novembre 2013, alors que Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’entretenait, dans le Bureau ovale avec l’ancien Président Barak Obama, un communiqué conjoint entérinait la position américaine de l’Administration Obama réitérant que « la position des Etats-Unis reste inchangée » soulignant le « soutien des Etats-Unis au processus politique » et réitérant « le soutien des Etats-Unis au plan d’autonomie marocain » en le qualifiant de « sérieux, réaliste et crédible ». Vient après la déclaration de l’ancien Secrétaire d’Etat U.S. M. John Kerry, en avril 2015 : « les Etats-Unis sont engagés en faveur d’une solution politique pacifique, viable et mutuellement acceptable » en réitérant clairement le soutien américain au plan d’autonomie marocain. Sans oublier que Le Congrès, pour sa part, a toujours soutenu la souveraineté du Royaume et le plan d’autonomie marocain. Preuve en est la lettre adressée à l’ancienne Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, signée par 104 signataires bipartisans, en janvier 2006. En avril 2007, 174 signataires bipartisans adressent une lettre à l’ancien Président W. Bush. En avril 2009, une lettre est adressée à l’ancien Président Obama et signée par 232 signataires bipartisans. Et ce sont 54 Sénateurs bipartisans qui signeront une lettre qu’ils adresseront à l’ancienne Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton. Et c’est ainsi que depuis 2015, le Congrès entérine dans sa Loi budgétaire fédérale la décision de faire bénéficier les provinces du Sud du Royaume.

C’est dire que le Maroc a toujours eu le soutien de Washington dans son intégrité territoriale qui constitue une ligne rouge. Ce qui fragilise et décrédibilise, de plus une plus, une minorité qui manifeste un soutien insaisissable à un mouvement séparatiste marxiste.

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