Le Maroc plaide la cause de l’Afrique auprès de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

Le Maroc a plaidé, mardi à la Haye, la cause de l’Afrique auprès de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en demandant à cette instance de renforcer son assistance aux États Parties Africains frères pour qu’ils bénéficient de ses programmes de coopération et de protection dans divers domaines.

Dans la déclaration du Royaume du Maroc à la 21 eme conférence des États parties à la convention sur les armes chimiques, l’ambassadeur du Maroc aux Pays Bas, Abdelouahab Bellouki a mis en exergue l’importance qu’attache le Maroc au Programme pour l’Afrique afin de donner une impulsion stratégique à la mobilisation du Secrétariat Technique auprès des États africains membres pour ce qui concerne la mise en œuvre efficiente de la Convention, notant que toute réflexion sur le futur de ce programme devrait prendre en considération les besoins exprimés par les États Parties Africains.

M. Bellouki a rappelé que la deuxième période -2014/2016- du Programme de renforcement de la coopération avec l’Afrique en rapport avec la mise en œuvre de la Convention sur l’Interdiction des Armes Chimique touche à sa fin. Il a à cet égard, exprimé la profonde gratitude du Royaume au Secrétariat Technique et aux différents donateurs pour le « précieux soutien » qu’ils ont apporté audit Programme.

Les différentes activités lancées par le Secréterait Technique durant cette deuxième période, couvrant en particulier les domaines de l’application au plan national de la Convention, l’assistance et la protection et l’utilisation pacifique de la chimie, ont permis à certains États Parties africains bénéficiaires d’améliorer leurs capacités et de se conformer aux différentes dispositions de la Convention, a relevé le diplomate marocain.

Il a précisé que la délégation marocaine estime qu’après plusieurs années d’existence et avant le lancement du troisième cycle de vie de cet important outil, le Programme pour l’Afrique devrait faire l’objet d’une évaluation profonde afin de renforcer ses acquis et remédier à ses insuffisances.

L’ambassadeur a tenu à souligner que de nombreux États africains « ne disposent pas de moyens nécessaires pour s’acquitter de leurs engagements vis-à-vis de la Convention ou pour se prémunir de l’utilisation de produits chimiques toxiques à des fins hostiles », invitant l’OIAC à renforcer son assistance aux États Parties Africains frères, qui en font la demande, pour qu’ils bénéficient de ses programmes de coopération et de protection dans divers domaines.

Abordant, par ailleurs, la situation en Libye, l’ambassadeur a rappelé que ce pays a franchi un pas décisif vers la paix et la réconciliation nationale, suite à la signature, par tous les protagonistes libyens, au mois de décembre dernier à Skhirat d’un accord politique global qui permet aux Libyens d’envisager sereinement une sortie de la spirale de la violence.

Il a souligné que la mise en œuvre de cet accord historique, se trouve, aujourd’hui, menacée par une situation lourde de défis sécuritaires, se félicitant des efforts déployés par les autorités libyennes pour le retrait complet de l’arsenal restant d’armes chimiques, en collaboration avec l’OIAC, ce qui a permis, a-t-il dit, de « passer un cap essentiel pour garantir que ces agents chimiques ne tombent pas entre de mauvaises mains ».

S’agissant de la situation en Syrie, l’ambassadeur du Maroc a relevé que la destruction du programme d’armes chimiques syrien est une « responsabilité collective », notant que « l’inaction de la communauté internationale face à toutes les atrocités commises en Syrie est inacceptable ».

«Mon pays souligne à nouveau que l’utilisation d’armes chimiques où que ce soit, et par quiconque est une violation flagrante des dispositions de la Convention. Les coupables de ces crimes barbares doivent impérativement répondre de leurs actes », a affirmé M. Bellouki.

Le Maroc, a-t-il noté, «regrette que les membres du Conseil Exécutif de l’OIAC n’aient pas pu se prononcer d’une seule voix sur une question aussi fondamentale qui remet en cause piliers majeurs de la Convention sur l’Interdiction des Armes Chimiques ».

La délégation marocaine, a-t-il ajouté, « appelle toutes les parties concernées à faire preuve de pragmatisme et d’un sens élevé des responsabilités dans la mise en œuvre des différentes dispositions de ladite décision ».

L’ambassadeur du Maroc a mis en garde contre le risque de voir des groupes terroristes s’emparer des armes chimiques, rappelant que le Royaume apporte son plein soutien aux travaux du Groupe de Travail à composition non limitée sur le Terrorisme ainsi qu’au sous-Groupe de Travail sur les Acteurs non-Étatiques.

Les conclusions des deux Organes, a-t-il dit, « devraient permettre à notre Organisation d’adapter, d’une manière significative, son action en vue d’empêcher résolument toute éventuelle utilisation de produits chimiques à des fins interdites par la Convention ».

A cet égard, le Maroc se félicite de la création d’une Mission d’Intervention Rapide et d’Assistance pour répondre à la demande d’un Etat Partie en cas d’emploi d’armes chimiques, a-t-il affirmé.

Rappelant l’évolution de l’environnement sécuritaire actuel, M. Bellouki a relevé que l’OIAC devrait s’adapter à ce nouveau climat pour garder toute son efficience.

L’OIAC devrait être en mesure de partager avec les États Parties ses connaissances, son savoir-faire spécialisé et les faire bénéficier de ses activités d’appui sur les questions liées à l’évaluation et la gestion des risques, l’étude des sites, la récupération, le stockage temporaire et la destruction, a affirmé l’ambassadeur.

Elle devrait également prévenir la résurgence des armes chimiques. Le régime des inspections et des vérifications reste un des volets centraux de la Convention. Ces opérations, qui portent sur les installations ainsi que sur les produits, devraient être repensées afin de leur conférer plus d’efficacité et d’efficience. Un réexamen régulier des tableaux de produits chimiques, à la lumière des progrès scientifiques, technologiques et industriels doit être effectué de façon à prendre en compte des risques qui n’avaient pas été envisagés lors des négociations relatives à l’élaboration de la Convention, a-t-il poursuivi.

De même, a ajouté M. Bellouki, le Secrétariat Technique devrait continuer à aider plus efficacement les États Parties, en particulier ceux aux moyens limités, afin de garantir une mise en œuvre optimum de la Convention sur le plan national, et ce, en termes d’élaboration et d’application d’une législation robuste énonçant que les produits chimiques toxiques et leurs précurseurs ne doivent jamais être utilisés à des fins interdites.

Rappelant l’importance qu’attache le Maroc à l’universalité de la Convention, M. Bellouki a souligné que le Royaume se félicite que 52 pays africains en font partie et émet l’espoir de voir, entre autres, les deux pays africains restants y adhérer prochainement.

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