Marocains bloqués à l’étranger : voici les explications du ministère des Affaires étrangères

Retranscription : émission Radio 2m : Faites entrer l’invité, Fathia Elouani reçoit à l’antenne Son Excellence, M. Mohamed Basri, Directeur des Affaires Consulaires et Sociales.

Q. Alors, Monsieur l’ambassadeur, vous le savez, de nombreuses familles sont actuellement très inquiètes, certains ont leurs enfants bloqués à l’étranger, pour d’autres leur mari ou leur femme, ou des proches. Tout d’abord, combien de marocains sont actuellement bloqués à l’étranger et pour la majorité, dans quel pays ?

R. Oui, si vous permettez, madame, je voudrais d’abord rappeler que le Maroc a l’instar des autres pays du monde fait face à une situation exceptionnelle qui a nécessité des mesures exceptionnelles en guise de protection. Les autorités marocaines ont pris des mesures anticipées, comme vous venez de le dire, pour contenir la pandémie sur le territoire national et éviter la propagation, il a été décidé, entre autres, la suspension des liaisons aériennes, la fermeture des frontières et la proclamation de l’état d’urgence. Une partie de nos concitoyens qui étaient en voyage touristique en mission professionnelle, en consultation médicale, se sont trouvés après les décisions des autorités du pays où ils se trouvaient bloqués sur leur territoire.

Bien sûr, dès le début, le Ministère des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine a été réactif et les instructions ont été données tout d’abord aux missions diplomatiques et postes consulaires de mettre en place des cellules de veille, de suivi de crise avec des numéros de téléphone dédiés. Et je peux vous confirmer que dans la majorité des cas, ce sont les chefs de poste eux-mêmes qui répondent au téléphone. Principalement c’était pour pouvoir recentrer nos concitoyens, qui sont restés bloqués à l’étranger, de pouvoir dresser des listes et de pouvoir également venir en aide et répondre à leurs besoins.

Bien sûr, tous les Marocains qui sont restés bloqués ne sont pas dans le besoin. Nous avons le nombre, un nombre qui est dynamique. Aujourd’hui, il y a 18173 citoyens marocains bloqués à l’étranger et bien sûr, les citoyens dans des différents pays, sur tous les continents, avec une concentration, bien sûr dans les pays d’Europe, vu les échanges que nous avons avec les pays d’Europe et une partie de ses concitoyens qui sont dans le besoin, qui ont exprimé le souhait sont pris en charge par les missions diplomatiques et consulaires, ils bénéficient d’un accompagnement, bénéficient d’un suivi et d’un contact régulier.

Q. Il y aurait au jour d’aujourd’hui plus de 2600 Marocains bloqués à l’étranger qui seraient dans une situation financière des plus difficiles. Vrai ou faux ?

R. Pour cette catégorie de concitoyens qui ont pris l’attache des ambassades et consulats, les ambassades et consulats ont été instruits pour répondre favorablement et ils les ont pris en charge.

Q. Alors c’est pris en charge par les ambassades et par le Ministère des Affaires Etrangères. Avec quel argent ? Est-ce que c’est de par le fonds ou est-ce que c’est l’argent de la représentation diplomatique à l’étranger ?

R. Ce sont des fonds et crédits du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Africaine. Ce sont des crédits qui sont mis à la disposition de ces missions pour pouvoir venir en aide à cette catégorie de citoyens qui se sont trouvés bloqués à l’étranger.

Q. Il y a eu pas mal de choses qui ont été mises en place, c’est à dire le montant de dotations en devises sur les cartes bancaires qui a été augmenté. Les visas qui ont été prolongées. Mais monsieur l’Ambassadeur ? La question la plus importante qui se pose aujourd’hui ces personnes vont-elles pouvoir rentrer au Maroc?

R. Bien sûr, c’est une question importante. Mais avant de répondre, je voudrais juste rappeler que l’effort qui a été déployé par les missions diplomatiques et consulaires n’était pas uniquement de répondre à un besoin exprimé par nos concitoyens, mais c’était principalement aussi de prendre attache avec les autorités des pays pour la prolongation de séjour, pour que les hôtels puissent être même ouverts dans une conjoncture de confinement et d’interdiction de déplacement. Des démarches ont été entreprises auprès de nos collègues du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Office des changes pour avoir le déplafonnement du montant de la dotation touristique.

Tout cela pour que les citoyens qui sont restés bloqués à l’étranger dans une période de confinement puissent bénéficier de conditions pour un séjour qui ne soit pas désagréable. Et d’un autre côté, s’agissant de la question des retours ou des rapatriements. C’est une question importante, mais on doit juste rappeler que le retour, le rapatriement ne doit pas être fait, Il doit être bien préparé, et il doit être réussi. Il faut réunir toutes les conditions non seulement pour effectuer une opération de rapatriement, mais qu’il y ait des mesures pré rapatriement, le rapatriement et ce qui doit se faire après le rapatriement.

Cela nécessite un effort collectif de la part des autres intervenants. Toutes les mesures qui ont été prises par les autorités marocaines avaient pour objectif de protéger les citoyens, de parer à la propagation de cette pandémie. Alors s’inscrit dans le même cadre une fois les citoyens rapatriés. Il faut qu’on puisse leur assurer la protection. Il faut qu’on puisse assurer la protection de leurs membres de famille et fait un effort qui sera déployé avec les ministères de la Santé, avec les autorités publiques, les ministères de l’Intérieur et des différents départements, de manière à ce que cette protection de cet accompagnement puisse bien sûr continuer de manière à ce qu’on conjugue les efforts pour dépasser cette période exceptionnelle et inédite.

Q. Monsieur l’Ambassadeur, pour que nous soyons très clairs avec toutes les familles qui nous entendent, toutes les familles qui sont, comme je le disais, plus inquiètes pour les membres de leur famille, un rapatriement n’est pas envisageable pour le moment.

R. Un rapatriement doit bien être préparé. Ce n’est pas une opération technique un rapatriement est une opération qui nécessite de mobiliser de préparer toutes les conditions pour qu’il soit réussi . Pour le Maroc, ce n’est pas le premier rapatriement organisé, nous avons organisé par le passé les opérations de rapatriement de plusieurs centaines de concitoyens par des vols spéciaux. La dernière opération était le rapatriement des étudiants marocains de Wuhan. Nous avons bien sûr l’obligation tous de conjuguer les efforts de manière à ce que ce rapatriement aussi, vu l’importance du nombre, soit réussi. On ne doit pas, bien sûr, se permettre des erreurs ou qu’on ne soit pas suffisamment préparés.

Q. Vous nous avez parlé de ce chiffre 18 173 Marocains actuellement bloqués à l’étranger. Vous dites qu’il va falloir du temps. Il faut que nous expliquions, pourquoi ? Parce que les attentes sont énormes. Cela voudrait dire que ces personnes devraient être testées. Ça voudrait dire mettre à disposition plus de 20.000 tests. Ça voudrait dire, comme beaucoup l’ont exprimé sur les réseaux sociaux ces derniers jours.Cela veut dire aussi un confinement pour toutes ces personnes. Cela voudrait dire leur trouver un lieu, mais ça voudrait dire également Monsieur l’Ambassadeur, des moyens médicaux et du personnel médical. En avons-nous les moyens ? Au jour d’aujourd’hui ?

R. Toutes les équipes, et je suis sûr, que tous mes collègues dans les différents départements ministériels travaillent d’arrache-pied, tous les efforts sont conjugués. L’objectif, c’est de réussir le rapatriement. L’objectif, c’est qu’avec l’effort de tous et d’autres, nous pouvons assurer la sécurité sanitaire aussi bien de nos concitoyens qui sont au Maroc qu’aux concitoyens qui sont bloqués à l’étranger et qui pourront rentrer chez eux. C’est ça le défi à relever et qui nécessite une mobilisation, qui nécessite des actes de solidarité et qui nécessite de la compréhension et que toutes les conditions soient réunies.

Q. Parmi ces Marocains, c’est important quand même de le souligner. Il n’y a pas que ceux qui sont partis en vacances. Il y a aussi la situation critique des travailleurs saisonniers qui sont partis juste travailler et qui se retrouvent eux aussi bloqués. Et ils sont un certain nombre. Alors l’autre préoccupation n’est pas immédiate, mais elle va venir, c’est celle des étudiants marocains à l’étranger. Et là, les chiffres sont beaucoup, beaucoup plus importants. Entre 80 000 je crois qu’on estime entre 80.000 et 100 000 étudiants marocains qui sont actuellement à l’étranger et qui vont avoir envie de rentrer chez eux après les cours.

R. Oui, quand on parle de citoyens marocains bloqués à l’étranger, on parle principalement de concitoyens qui étaient en séjour touristique, qui étaient pour mission pour raisons médicales, pour visites familiales et principalement des gens qui ont des visas de court séjour, ou qui se trouvent dans des pays où il n’y a pas l’obligation de visa. Bien sûr, les étudiants, c’est une catégorie intermédiaire. On ne peut pas les considérer comme des résidents permanents dans la mesure où ils vont pouvoir suivre leurs études et dès qu’ils auront terminé leur parcours universitaire scientifique Ils rentrent ou bien ils s’établissent, cela dépend des cas et des parcours et des offres sur le marché du travail.

Mais dans cette phase, nous nous concentrons principalement sur les citoyens qui sont bloqués chez des gens, bien sûr, qui y étaient pour des courts séjours. Pour le Maroc, et toujours sur hautes instructions royales de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, personne, aucun Marocain n’est abandonné quelles que soient les conditions, quelle que soit la conjoncture. Moi, personnellement, je suis optimiste et on doit être optimiste. Il faut qu’on puisse conjuguer les efforts dans cette période difficile pour pouvoir en sortir et je crois que cela ne peut se faire qu’avec la contribution de toutes et de tous.

Q. Est-ce qu’il reste des Marocains qui ne se seraient pas inscrits ou qui n’auraient pas contacté les ambassades ou consulats. Et dans ce cas, est ce que vous voulez les inviter à le faire au plus vite ?

R. C’est ce que font nos collègues du chef de mission et de postes à travers les réseaux sociaux, à travers les numéros de téléphone qu’ils ont mis en place et à travers un contact régulier, nous considérons qu’il faut que les gens puissent prendre l’attache le plus tôt possible avec les missions et les postes pour s’inscrire. Je crois que les médias ont un grand rôle à jouer dans ce cadre dans la mesure où la dissémination de l’information est très importante. Il faut que les missions et postes puissent disposer des données identitaires des intéressées et de leurs coordonnées afin de pouvoir entrer en contact avec eux. D’abord pour s’enquérir de leurs nouvelles, pour voir s’il y a des besoins spécifiques auxquels ils doivent répondre, de pouvoir les accompagner, mais également de manière à ce que nos listes soient actualisées et que nous disposions de toutes les informations requises au sujet de tous les citoyens qui se trouvent dans cette situation.

Q. Vous nous confirmer, monsieur l’ambassadeur, toutes les ambassades du Royaume sont mobilisées actuellement. Beaucoup ont mis en place d’ailleurs des cellules de crise et sont en contact avec tous ces Marocains qui sont bloqués à l’étranger en ce moment.

R. Oui, je vous le confirme. Tout le monde est mobilisé. Monsieur le Ministre lui-même, il est en contact continu avec la cellule de crise, puis il contacte les collègues au quotidien, parfois plusieurs fois par jour, pour avoir les informations pour s’assurer qu’on ne passe pas à coté de quelque chose qu’on ne passe pas à côté de la situation d’un citoyen ou de citoyenne qui sont dans le besoin et qui ont besoin d’accompagnement, qui ont besoin d’un retour de la part des missions et postes . En définitive, toutes ces actions sont des actions de protection, de soutien et d’appui.

Q. Je rappelle à cette information principale que vous nous donnez aujourd’hui un rapatriement n’est pas envisageable pour le moment pour les 18 173 Marocains, au vu des conditions sanitaires. Et ça demanderait bien une logistique de confiner plus de 18 000 personnes dans un même lieu. Encore faudrait-il trouver un lieu au Maroc ? Vous nous confirmez également, Monsieur l’Ambassadeur, qu’il y a un suivi permanent quotidien avec tous ces marocains, pour ceux en situation des plus difficiles, qui sont accompagnés financièrement.

R. Comme je j’ai déjà dit, le rapatriement doit être bien préparé. Le rapatriement doit être réussi. Il faut que les conditions soient réunies de manière à ce que nous puissions relever ce défi, que nos compatriotes puissent rentrer auprès des leurs et que la sécurité sanitaire de tous les Marocains, sans exception, soit préservée, soit garantie. Alors les missions et les postes continueront à faire leur travail, venir en aide aux citoyens qui sont dans le besoin, à les accompagner, avoir de leurs nouvelles, à rester à leur écoute, bien sûr. Et le travail continuera à être fait de part et d’autre de tous les départements, de manière à ce que nous puissions ensemble sortir de cette situation, que nous puissions dépasser les différentes difficultés que nous impose cette situation de confinement et d’état d’urgence sanitaire. Et nous comptons bien sûr sur l’apport de la contribution de nos collègues des médias pour soutenir cette action dans l’intérêt de tous les citoyens.

Q. Vous-même, vous êtes à la cellule de crise à Rabat .

R. Je fais partie , et on est un groupe de femmes et d’hommes qui se sont mobilisés et qui travaillent toute la semaine, tous les jours de la semaine, de manière à pouvoir accompagner les cellules auprès des missions et des postes. Et pour nous, c’est un mélange d’honneur et de plaisir qu’on puisse accompagner nos collègues, qu’on puisse être au service de nos concitoyens.

Q. Je sais qu’on vous appelle tout le temps. Ma question, c’est est ce que vous arrivez à dormir un petit peu quand même ?

R. Un peu, pas beaucoup, mais bien sûr, il y a le décalage horaire. Ça dépend.

Q. Mais Justement, il parait que vous avez des coups de fil à n’importe quelle heure ?

R. Oui, mais ça va. On ne se plaint pas, on ne se plaint pas ! C’est un moment qui nécessite du sacrifice. On est là pour ça et on est fier de pouvoir être au service de nos compatriotes et de notre pays.

Q. Pour terminer et pour conclure, quel message vous auriez envie d’adresser à toutes les familles? La patience ?

R. La patience et la confiance, la solidarité et rappeler que la situation est suivie et de hautes instructions sont données, il y’a un suivi quotidien à la minute et rien n’échappe, c’est à dire que les efforts sont conjugués et il faut faire preuve de patience. En cette période particulière, je souhaite que le Maroc et les Marocains auront dépassé cette situation dans les meilleurs délais possibles pour que la vie revienne, pour que chaque famille puisse retrouver les êtres chers et que nous puissions célébrer le mois de ramadan dans les meilleures conditions possibles.

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