Marocanité du Sahara : l’Espagne réalise « le grand geste », Alger se braque

Bachir Adballah

Le premier ministre espagnol a écrit vendredi dans une lettre au roi Mohammed VI que Madrid soutenait le plan marocain d’autonomie pour le Sahara et souhaitait construire une nouvelle relation avec le Maroc. Dans sa lettre, il a promis que l’Espagne agirait en « toute transparence absolue » et que « l’Espagne tiendra parole ». Cette décision de l’Espagne vient ainsi répondre à l’appel du Maroc pour un « grand geste qui permettrait » de recoller les morceaux d’une relation diplomatique devenue tendue au fil du temps.

C’est la première fois que Madrid approche Rabat en ces termes et soutient le projet marocain d’autonomie des régions du sud et donc de souveraineté marocaine sur le Sahara.

Le ministère des affaires étrangères à Rabat affirme que la décision de Madrid permet d’envisager une longue feuille de route dans laquelle la volonté de réconciliation du roi Mohammed VI sera centrale.

Dans son discours du trône en août dernier, le Roi avait évoqué la crise avec l’Espagne et sa volonté de rétablir les relations avec le voisin ibérique et d’établir « des relations constructives et équilibrées ».

→ Lire aussi : Sahara marocain : La nouvelle position de l’Espagne est une « étape historique »

Cependant, il faut noter que l’Europe a besoin du Maroc comme partenaire fiable pour lutter contre la migration illégale et s’ouvrir des perspectives économiques. Mais elle a aussi besoin de l’Algérie comme fournisseur d’énergie fiable. Pourtant dans un contexte régional assez compliqué, l’un n’exclurait pas l’autre, la décision politique de l’Espagne sur le Sahara, qui est venue trancher sur un débat qui était resté longtemps en suspens.

Le choix a été difficile pour l’Europe d’obtenir à la fois une coopération pour lutter contre l’immigration clandestine et encore plus de gaz algérien pour obtenir l’indépendance de la Russie. Pour le gouvernement espagnol, le premier objectif est une priorité plus élevée et le Premier ministre Sanchez a donc reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

De son côté, l’Algérie, protectrice du Polisario, qui n’avait jamais reconnu sa participation au conflit a rappelé son ambassadeur suite à la décision espagnole. Cependant l’Algérie dispose aussi de leviers efficaces. Il fournit du gaz naturel et constitue une autre voie de migration importante. Cela ne facilite pas la politique européenne vis-à-vis des voisins hostiles.

Pour l’heure, la réciprocité d’Alger se limite au rappel de son ambassadeur.

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