Match Etats-Unis-Iran : quand l’influence politique prend le dessus
Billet du jour N° 7
Dans l’une des publications sur les réseaux sociaux, l’équipe de football américaine a affiché le drapeau iranien sans son élément central – l’emblème de la République islamique d’Iran. Selon l’agence de presse iranienne, en réponse à ce geste, des avocats conseillent à la fédération iranienne de déposer une demande auprès de la FIFA pour sanctionner les Américains. Cet imbroglio renforce un explosif match entre les Etats-Unis et l’Iran comptant pour le dernier match de la phase de poule B pour la coupe du monde Qatar 2022.
Le match Etats-Unis- Iran a commencé par un message polémique, qui a suscité l’indignation parmi les Iraniens, est apparu dimanche sur les comptes Twitter, Facebook et Instagram officiels de l’équipe nationale américaine, deux jours avant le match. Il montre le tableau du groupe B entre les États-Unis et l’Iran, après deux matches. Le drapeau iranien visible dans le graphique attire l’attention. Il ne porte pas l’emblème de la République islamique d’Iran.
Ce match intervient dans un contexte de forte rivalité sur la scène politique depuis plus de 40 ans. Washington et Téhéran ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 après la révolution islamique. Il y a eu d’autres tensions ces dernières années, notamment lorsque l’ancien président américain, Donald Trump, a décidé de mettre fin à l’accord sur le nucléaire. Ce qui a davantage accentué les tensions, c’est lorsque les États-Unis ont tué un haut général iranien en 2020 et Téhéran a répondu par des attaques de missiles contre les forces américaines stationnées en Irak.
Si, comme le rapportent les médias, le geste de la fédération américaine était une expression de soutien aux Iraniens protestataires, ou peut-être un accident involontaire, on ne sait pas – il n’y a pas de position officielle sur la question. Cependant, lorsque la partie iranienne et les médias se sont intéressés à l’affaire, l’inscription a disparu des chaînes de la représentation. Cependant, il en existe des copies, montrées par des journalistes.
Et bien que dans leurs messages suivants les Américains affichent déjà le drapeau iranien dans une version complète, une seule privation de son emblème a suffi à provoquer une réaction du côté iranien. L’agence de presse Tasmin, liée au gouvernement de Téhéran, a rapporté que les avocats de la fédération iranienne de football avaient conseillé à la fédération de déposer une requête auprès du comité d’éthique de la FIFA pour punir les Américains après avoir « insulté le drapeau de la République islamique d’Iran ». « En vertu de l’article 13 des règles de la FIFA, quiconque insulte la dignité ou l’intégrité d’un pays, d’une personne ou d’un groupe de personnes doit être puni d’une suspension de dix matches, d’une durée déterminée ou d’une autre peine », a expliqué Tasmin dans un message sur Twitter.
L’enjeu du match d’aujourd’hui entre les Etats-Unis et l’Iran est d’abord une qualification en 1/8 de finale de la Coupe du monde. En cas de match nul ou de victoire des Iraniens, ils seront éliminés du groupe. Les Américains ont besoin d’une victoire pour avancer. Avec un match nul, théoriquement, les Gallois ont encore une chance de continuer dans le tournoi, mais pour cela, il faudrait qu’ils battent les Anglais, ce qui serait une énorme surprise. L’Iran et les États-Unis s’affronteront pour la deuxième fois de l’histoire. Lors du premier affrontement de ces équipes, lors de la phase de groupes de la Coupe du monde 1998, les Iraniens avaient remporté le match sur le score de (3-2). Comme les temps changent, le contexte géopolitique a aussi considérablement changé. En 1998, les Iraniens avaient offert des fleurs aux joueurs américains, mieux comme c’était le parfait deal entre les deux nations, la photo d’avant match était une photo collective où on voyait les joueurs américains et Iraniens, côte à côte, ce qui est loin d’être le cas en moment.
Le contexte de ce match au-delà de son caractère sportif très crucial pour les deux équipes coïncide avec des manifestations en Iran qui ont éclaté en septembre après la mort de Mahsa Amini, 22 ans. Selon les autorités iraniennes, plus de 300 personnes sont déjà mortes et plus de 18 000 ont été blessées.
Et pour apporter un soutien aux manifestants qui ont été arrêtés ou tués. Les joueurs de l’équipe nationale iranienne n’ont pas chanté l’hymne national lors de leur premier match de championnat. Quelques jours plus tard, la nièce de l’ayatollah Ali Khamenei, Farideh Moradkhani, a appelé les gouvernements des « pays épris de liberté » à rompre les relations avec l’Iran.