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Matières premières : le Maroc à l’épreuve d’un marché mondial imprévisible

En 2025, les marchés des matières premières traversent des hauts et des bas, entre conflits internationaux et variations de l’offre et de la demande. Cette instabilité se fait sentir jusqu’au Maroc, où les prix du pétrole, du gaz et de l’or influencent au quotidien l’économie et la vie des citoyens.

L’or, souvent considéré comme valeur refuge, a connu une envolée spectaculaire, avec une hausse de 38 % entre avril 2024 et avril 2025. Ce métal précieux profite de l’instabilité économique mondiale et des incertitudes géopolitiques, notamment en lien avec le conflit russo-ukrainien, pour renforcer sa demande. Le pétrole, quant à lui, reste la matière première la plus stratégique et sensible aux équilibres entre offre et demande.

Le prix du Brent a reculé de 25 % sur la même période, s’établissant à 68 dollars le baril en avril 2025, en raison d’une offre en hausse et d’une demande mondiale ralentie. Le gaz naturel, vital pour la transition énergétique dans plusieurs régions, a aussi vu ses prix fluctuer fortement, avec une chute marquée du gaz butane (-31 %) et une hausse du gaz naturel européen (TTF) portée par des tensions géopolitiques et des stocks réduits.

L’indice synthétique des matières premières de la Banque Mondiale révèle une correction importante en avril 2025 (-5,7 %), portant à -3 % la variation annuelle de janvier à avril. Cette baisse s’explique par une amélioration de l’offre mondiale notamment une production pétrolière hors OPEP+ dynamique, mais aussi par une demande mondiale incertaine, pénalisée par les tensions commerciales et un ralentissement économique global.

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Le ministère de l’Économie et des Finances du Maroc, dans sa dernière note de conjoncture, confirme cette analyse, soulignant que la tendance baissière des prix impacte directement l’économie marocaine, notamment à travers la facture énergétique et les importations de matières premières stratégiques. Selon les experts du ministère, le recul des prix du pétrole et du gaz tend à alléger la pression sur les coûts de production et les dépenses énergétiques, mais la montée du prix de l’or constitue un facteur d’inquiétude, notamment pour la stabilité financière face à la spéculation.

Entre avril 2024 et avril 2025, les marchés ont connu une grande instabilité, surtout dans le secteur de l’énergie. Le prix du baril de Brent a fluctué, atteignant un creux à 61 dollars début mai 2025, son niveau le plus bas depuis 2021, avant de se redresser légèrement grâce à des accords internationaux, notamment la suspension partielle des droits de douane entre la Chine et les États-Unis. Parallèlement, les prix des métaux de base ont connu des variations successives à la hausse et à la baisse, impactant fortement les secteurs industriels tels que l’automobile et la construction.

L’instabilité dans certains pays détenteurs de réserves importantes contribue à cette volatilité. Le conflit russo-ukrainien, toujours en cours, perturbe les exportations de métaux, de pétrole et de céréales, affectant les marchés mondiaux. Par ailleurs, des tensions dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest compliquent l’exploitation et l’exportation de certaines ressources. Ces facteurs expliquent en partie la hausse des prix observée ces dernières années, bien que cette flambée soit tempérée par une augmentation de l’offre provenant d’autres régions, comme la production pétrolière accrue aux États-Unis grâce au pétrole de schiste, la reprise de l’exploitation minière en Australie, ainsi que l’expansion de la production agricole en Amérique latine, notamment au Brésil et en Argentine.

Au Maroc, la tendance mondiale se traduit par des effets contrastés. La baisse du prix du pétrole et du gaz apporte un soulagement sur la facture énergétique, essentielle pour un pays qui importe massivement ces ressources. Toutefois, la hausse du prix de l’or impacte le secteur minier local, une source importante de devises et d’emploi. Par ailleurs, les fluctuations des prix des engrais phosphatés, dont le Maroc est un producteur majeur, affectent la compétitivité de l’agriculture, secteur clé pour l’économie nationale.

Sur le plan géopolitique, les tensions entre grandes puissances – États-Unis, Chine, Russie – ainsi que les conflits régionaux perturbent les flux commerciaux et alimentent l’incertitude. L’accord sino-américain de suspension partielle des droits de douane a néanmoins montré que des avancées diplomatiques peuvent temporairement stabiliser les marchés.

Économiquement, le ralentissement mondial et la transition énergétique modifient profondément la demande en matières premières. L’essor des véhicules électriques, par exemple, pèse sur la demande pétrolière, tandis que la montée des matériaux alternatifs modifie la demande en métaux.

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