La migration africaine se joue à 80 % à l’intérieur du continent

 Contrairement aux perceptions dominantes sur la migration africaine, dépeinte comme un fléau, cette dernière se joue à 80 % à l’intérieur du continent, selon la 4ème édition du rapport annuel « Atlantic Currents ». 

Ainsi cinq grands pays africains d’accueil, qui sont aussi des locomotives économiques, en drainent une bonne partie : l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Kenya et l’Ethiopie, selon ce rapport présenté à Marrakech à l’occasion de la conférence de haut niveau « Atlantic Dialogues » (Marrakech 13-15 décembre).

Ledit rapport souligne aussi que la migration africaine se présente comme une véritable opportunité, compte tenu des besoins de main d’œuvre dans les pays européens où la population active décline.

Ce document de 176 pages publié par le think tank marocain « OCP Policy Center » passe au crible les grandes préoccupations globales au sujet du continent, avec un point de vue africain.

Il s’agit de repenser les enjeux de l’Atlantique, au Nord comme au Sud, en faisant porter les points de vue du Sud dans le débat international, l’objectif étant de « favoriser une nouvelle construction géopolitique de cette région stratégique ». 

Ecrit par quatre chercheurs associés de l’OCP Policy Center à savoir Abdelhak Bassou, Rachid El Houdaigui, Mohammed Loulichki, El Mostafa Rezrari et deux économistes, Tayeb Ghazi et Yassine Msadfa, le rapport appuie et prolonge les réflexions formulées lors des « Atlantic Dialogues ». 

Il s’interroge sur la manière de poser les bases d’un vrai partenariat stratégique, au delà de la relation spéciale qui prévaut entre l’Afrique du Sud et le Brésil, tous deux membres des BRICS et du G20. L’enjeu est fort à savoir « contribuer à un nouvel ordre mondial plus représentatif et équitable », mais aussi permettre à l’Afrique de trouver ses propres solutions avec un point d’appui solide, pour son développement agricole notamment.

Le rapport fait le point sur les dispositifs existants et les facteurs qui empêchent l’Union africaine comme les blocs sous-régionaux (SADC, Cédéao, G5 Sahel) de réagir plus efficacement contre le terrorisme. Il dresse un scénario pragmatique qui permettrait une meilleure réponse africaine dans le Sahel.

Il ressort aussi de ce rapport que les océans restent des territoires africains largement sous-estimés dans les stratégies de développement. Le rapport propose des pistes en vue d’une meilleure  » gouvernance maritime » africaine.

Cette publication fait également le point, de manière méthodique et détaillée, sur la définition des critères de convergence et leur évolution dans les différentes régions africaines. Il donne un aperçu très précis du chemin qui reste à parcourir.

Le dernier chapitre du rapport présente une série d’indicateurs d’intégration comparés pour les différentes régions de l’espace Atlantique, en partant de groupes sous-régionaux : 23 pays sur les 54 que compte l’Afrique, 30 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, le bloc Amérique du Nord et 32 pays d’Europe – Suisse, Islande, Norvège et Grande-Bretagne incluses. Il en ressort, entre autres, que l’Afrique ne représente que 2% du PIB global de la région Atlantique, contre 10% pour l’Amérique latine, 44% pour l’Europe et 44% pour les Etats-Unis.

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