Misha Tazi expose à BMCE Bank Of Africa : l’art de la photo ou comment libérer le regard des préjugés

Hassan Alaoui

Les cimaises de la salle des expositions de BMCE Bank of Africa, scintillaient jeudi soir des lumières et d’un jeu d’ombres croisés : elles accueillaient la belle collection de photos de Misha Tazi.

Un peu plus d’une trentaine d’images, triées sur le volet d’un travail qui dure depuis au moins cinq ans, qui nous donne à voir le résultat d’une quête acharnée à laquelle s’est livrée l’artiste-photographe pour nous livrer l’envers du décor humain. Misha Tazi est, de par son travail et la technique qu’elle y déploie, une artiste de la photo très singulière.

Plus qu’une photographe confirmée, elle est une sondeuse des corps et des âmes. Et sa technique nous renvoie à l’esthétique du corps comme qui dirait d’un Michel Foucault quand il décrivait dans son texte fameux « l’Utopie du corps », une image de notre humanité pour nous dire que la photo plaquait un « langage sur le corps ». Il y a dans cette écriture de Misha quelque chose comme le sacré, le mystérieux, l’appel au désir sous le voile de la beauté souveraine mais insaisissable. Il y a comme une projection sidérale dans laquelle, corps et âme, nous plongeons et nous nous engouffrons.

Misha Tazi

Misha Tazi embrasse un genre d’art peu commun, celui de restituer la part d’ombre de notre être, dans ses soubassements et ses fantasmes. Sa geste, sublime diadème, procède d’une quête – d’elle-même d’abord – où se croisent la scénographie d’une rare exigence, l’inclination vers l’absolu, le besoin du partage et cette écriture des tons confrontés, entre le noir et le blanc, cet horizon jupitérien qui est à l’univers ce qu’un fonds lointain est aux lambris. Autrement dit, l’harmonie des chaleurs, des ombres et des lumières.

L’exposition de jeudi 4 avril a été placée sous le thème du « temps en mouvement, ou le mouvement du temps » ! Jouant sur la thématique du bel oxymore, la touche personnalisée de Misha Tazi, l’enracinement dans l’élan accéléré de l’époque , cette conscience aigüe du temps qui file, qui court et cette irascible volonté de la maîtriser. Misha Tazi a élevé l’art et l’acte décisif de l’appréhension d’u monde à l’apparence invisible qu’est la configuration. Elle imprime son style et son empreinte comme une marque indélébile, sa signature singulière au temps. D’aucuns se poseraient la question du comment « pourrait-on libérer le temps » de son espace qu’est l’apparence d’une photo figée ? Ou, inversement, comment la photo figée pourrait-elle libérer le mouvement du temps qu’elle cerne ? Le pari réussi de Misha Tazi, sur les sentiers d’un Cartier Bresson, ou mieux encore d’un Robert Capa, c’est de tenter d’appréhender le mouvement pour, non pas le réduire, mais lui donner corps et âme, lui conférer la dimension cosmique et extensible qui l’inscrit dans le céleste parcours du monde.

Ame sensible, engagée et par la force des choses devenue militante des « causes justes », Misha Tazi libère notre regard des lourdeurs et des préjugés. Avec Catherine Benjelloun, son « alter ego » et sa partenaire à laquelle elle est intimement liée, elles ont fondé la société My Wall pour la promotion, entre autres,  des activités de la photo et de l’art des images. L’exposition thématique qu’abrite BMCE Bank of Africa témoigne de ce souci de partage, qui a vu la présence, outre Othman Benjelloun, président du groupe, du Ministre délégué chargé des Affaires africaines Mohcine Jazouli, et de plusieurs autres personnalités.

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