Le modèle religieux marocain, un facteur d’unité qui défie les divisions

Le modèle religieux marocain se veut un facteur d’unité qui se met aux antipodes des divisions puisqu’il prône le rite sunnite, comme socle de croyance, le dogme achaârite qui définit la foi selon un concept assez large, et le rite Malékite offrant de riches outils méthodologiques de jurisprudence, a indiqué le président du Conseil local des oulémas d’Oujda, Mustapha Benhamza.

Ce choix opté par le Maroc intervient suite à une prise de conscience des différents courants et rites qui voulaient dominer le champ religieux dans le Royaume après l’avènement de l’Islam, a-t-il dit dans un entretien à la MAP.

« Il était indispensable pour la oumma de se mettre d’accord sur une voie commune, d’autant plus que l’acceptation de la division, du fractionnement et de la divergence signifie que la nation n’avancera jamais », a-t-il argué.

Et de poursuivre que les Marocains ont assimilé la profondeur de telles divergences doctrinales et que ces courants accéléraient leur intrusion au Maroc qui, a-t-il dit, a opté pour le rite malékite et le dogme achaârite, ayant largement favorisé le rayonnement des valeurs de tolérance et de coexistence, loin du « takfirisme » aux retombées dangereuses.

A la faveur de ce choix judicieux, le Maroc est parvenu à préserver sa stabilité, contrairement à d’autres pays où les gens ont péri pour leur identité, a affirmé M. Benhamza, soulignant que l’unité, la sécurité et la coexistence sont les objectifs nobles du modèle marocain.

Interrogé sur les moyens de prémunir les jeunes contre l’extrémisme, il a expliqué que le modèle religieux marocain, qui est très intéressant, doit être enseigné aux générations montantes ,afin de leur expliquer ses composantes, ses spécificités et ses fondements.

« Il faut semer pour espérer récolter », a-t-il dit, ajoutant que le modèle religieux marocain, fondé sur le juste milieu, la modération et la lutte contre l’extrémisme, répond aux besoins spirituels des individus et des sociétés.

La formation et l’encadrement des imams de certains pays est une initiative de grande importance, voire une nécessité pour qu’ils puissent communiquer, informer et orienter les gens dans le domaine religieux, a affirmé M. Benhamza, estimant que l’enseignement de la charia dans les écoles, les lycées, les facultés et les instituts peut constituer un rempart efficient contre le radicalisme et l’extrémisme.

Aux yeux de cet érudit, il existe une lecture scientifique du texte religieux, qui se réfère aux règles de la Chariaa contrairement à d’autres interprétations, dont le volet scientifique fait défaut.

« Le texte vague et confus pourrait permettre au juge de s’éloigner du sens sous prétexte qu’il y ait d’autres lectures et explications et de ce fait, le document, en guise d’exemple, justifiant la propriété d’une demeure pourrait être interprété de manière à prouver le contraire, en se basant sur d’autres lectures entachées de contradictions », a-t-il expliqué.

Selon M. Benhamza, la langue est une institution sociétale respectable, en ce sens que les gens ont constamment recours à une langue commune dont la fonction principale est d’assurer la communication, faute de quoi, tout un chacun aura son propre moyen de communication et, par conséquent, pourra pas interagir avec autrui.

Certes, il existe moult expressions interprétables dans la langue, a-t-il dit, tout en s’interrogeant si cela ne risque-t-il pas de réduire à néant la marge de la liberté dans la recherche, l’analyse et les études?.

M. Benhamza précise que la liberté requiert un minimum de responsabilité couplée d’une prise de conscience, en sus de la persévérance dans les études et le puisement dans les sources de la religion.

Et d’ajouter que les écrits des spécialistes en études de Fiqh ont considérablement profité aux écoles occidentales, faisant observer que la précision est la pierre angulaire de la science, à la suite de quoi la production d’une langue imprécise est synonyme d’une langue non scientifique voire anarchique.

S’agissant de la méthodologie d’étude du Fiqh, M. Benhamza a relevé que le Sanad (série des rapporteurs) et les écrits y afférents exigent beaucoup de temps pour en cerner toutes les composantes, ajoutant qu’au Maroc il a été procédé à l’adoption des rapporteurs les plus authentiques.

Quiconque voudrait mener une réflexion sur l’islam devrait de prime abord s’approprier les outils nécessaires à savoir une bonne connaissance de la Charia et des sciences coraniques, conditions sine qua non pour entamer toute recherche en la matière, a-t-il poursuivi.

Pour venir à bout du discours extrémiste, M. Benhamza plaide en faveur de la science, sans violence ni dispute aucune, et ce par le biais des émissions scientifiques dans lesquels les Oulemas braquent les projecteurs sur des thématiques bien précises, traitant du volet éducationnel, financier ou encore du comportement du musulman dans la vie quotidienne, notant que la citoyenneté et la sincérité font partie intégrante de la religion.

Propos recueillis par Samir Benhatta

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