Mohammed Sadiki : Le SIAM compte aujourd’hui parmi les plus grands événements de l’Afrique

Propos recueillis Par Saad Bouzrou

 Le SIAM, désormais, un ja­lon qui rythme l’agenda agricole annuel du Maroc et même au-delà, l’agenda agricole international, est le fer de lance du Plan Maroc Vert qui en a fait l’un de ses instruments de communica­tion, d’ouverture et de rayonnement de l’agriculture marocaine. Dans cet entretien, le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Mo­hammed Sadiki, explique comment ce Salon est devenu important pour la valorisation de l’agriculture ma­rocaine.

  •  Maroc Diplomatique : En phase avec les enjeux nationaux et internatio­naux, la 14ème édition du Salon interna­tional de l’agriculture du Maroc attend 1500 exposants de 72 pays et table sur 1 million de visiteurs. Que représentent ces chiffres pour vous ?

– Le Salon International de l’Agricul­ture au Maroc (SIAM) devrait accueillir cette année 1500 exposants, une quaran­taine de délégations étrangères dont plus de 23 ministres de l’agriculture, notam­ment d’Afrique et d’Europe, portant à plus de 70 le nombre de pays participants et attend, comme l’édition de l’année dernière, autour d’un million de visi­teurs. Ces chiffres témoignent du degré d’attractivité du salon et de la notoriété acquise par le salon, devenu au fil des années, le rendez-vous phare et incon­tournable des acteurs du secteur agricole, décideurs, professionnels, agriculteurs et experts du domaine.

Déployé sur une superficie de 185 000 m² dont 95.000 m² couverts, le Salon est organisé autour de 10 pôles différents, dont le « Pôle International » qui abrite les pays participants, venant présenter leurs produits agricoles et alimentaires et leurs expériences mais également prospecter et développer des partenariats avec notre pays.

Lancé en 2006 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’Assiste, et organisé chaque année à Meknès, le salon bénéficie du Haut Patronage de Sa Ma­jesté et illustre l’attention Royale portée au secteur agricole. Véritable vitrine du secteur agricole national, ce salon s’est imposé, au fil des années, comme un rendez-vous annuel d’envergure et phare pour les professionnels et le grand pu­blic. Il est devenu désormais un jalon qui rythme l’agenda agricole annuel de notre pays, et même au-delà, l’agenda agricole international. En effet, le SIAM a connu une croissance grandissante sous l’impul­sion du Plan Maroc Vert.

  •  Le SIAM confirme son statut de référence sur le continent. Il est dé­sormais le plus grand Salon agricole d’Afrique et devient, par là même, un des plus grands rendez-vous de l’agri­culture dans le monde. Selon vous, quel est le secret de ce succès ?

– A sa quatorzième édition, le SIAM a gagné en notoriété et compte aujourd’hui parmi les plus grands événements de la région et de l’Afrique, et bien au-delà, mondiaux, dédiés à l’agriculture et aux acteurs du secteur agricole.

Le rayonnement du salon à l’interna­tional est mû par la dynamique impulsée au secteur agricole grâce à la stratégie Plan Maroc Vert. Il constitue un fer de lance du Plan Maroc Vert, stratégie de développement du secteur agricole, de­venu premier contributeur à la croissance de l’économie nationale. Il en a fait l’un de ses instruments de communication, d’ouverture et de rayonnement de l’agri­culture marocaine. Il a d’ailleurs gagné de manière considérable en profession­nalisme et est devenu professionnel.

Le succès du salon reflète la dynamique de développement de l’agriculture maro­caine insufflée avec le lancement du Plan Maroc Vert et l’implication et mobilisation de l’ensemble des intervenants du secteur, autour d’une vision commune, avec pour objectif d’ériger le secteur en véritable le­vier de développement socio-économique au Maroc.

En effet, depuis le lancement du PMV, le secteur agricole marocain a atteint des performances, jamais connues auparavant, en matière d’augmentation du PIBA, d’in­vestissement et d’amélioration des reve­nus des agriculteurs, de bonne gestion des ressources naturelles et d’amélioration de la disponibilité et de la sécurité alimentaire des produits stratégiques.

Sur cette décennie, le PIB agricole a contribué à la croissance économique grâce à la modernisation de l’agriculture avec un taux de croissance moyen annuel de +5,25% contre 3,8% pour les autres secteurs économiques et a contribué avec 17,3% à la croissance économique na­tionale. Ces résultats positifs sont le fruit d’une mise en oeuvre innovante et ingé­nieuse d’une stratégie raisonnée et ré­fléchie, mobilisant tant les efforts de l’Etat que ceux des professionnels.

Le Plan Maroc Vert a accordé une im­portance particulière au développement de l’exportation des produits agricoles et à la diversification des marchés, à travers notamment, le renforcement de l’intégra­tion de l’agriculture marocaine au marché mondial et une amélioration de sa compé­titivité. En effet, la valeur des exportations agricoles a été multipliée par plus de 4 fois entre 2008 et 2017, passant de 8 milliards de DH en 2008 à 33 milliards de DH en 2017.

Le Plan Maroc Vert connaît également un rayonnement à l’international et il est cité comme modèle de développement qui inspire de nombreux pays, notamment africains. Le département de l’agriculture a d’ailleurs adopté depuis l’avènement du PMV, une nouvelle approche dans la ges­tion de ses relations avec ses partenaires internationaux, en mettant en place des programmes de coopération technique ayant permis d’instaurer des partenariats gagnant-gagnant à travers une offre de nombreuses opportunités réelles et diver­sifiées d’investissement et de transfert de technologies et de savoir-faire. Par ail­leurs, il a érigé la coopération Sud-Sud en un choix stratégique.

  •  Placée sous la thématique : « L’agri­culture, levier d’emploi et avenir du monde rural », cette 14e édition a pour fi­nalité l’émergence d’une classe moyenne agricole. Comment le ministère de l’Agri­culture entend-il concrétiser cette vision ? Et quelle place avez-vous donné aux jeunes agriculteurs ?

– Tenu chaque année sous une théma­tique centrale relative à l’actualité du sec­teur, la 14e édition est organisée sous le thème «L’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural».

Le choix de cette thématique n’est pas fortuit. Sa Majesté le Roi, que Dieu l’as­siste, avait dans son discours du 12 octobre 2018, prononcé à l’occasion de l’ouverture de l’année législative, appelé à la consoli­dation des acquis réalisés dans le secteur agricole et à la création de nouvelles acti­vités génératrices d’emplois et de revenus, notamment en faveur des jeunes en milieu rural, et ce en vue de favoriser l’émergence et le renforcement d’une classe moyenne agricole, et d’en faire un facteur d’équi­libre et un levier de développement socio-économique.

 Le Discours Royal a ainsi défini les trois priorités pour le développement du secteur agricole que sont la jeu­nesse, l’emploi et l’émergence d’une classe moyenne agricole et qui sont au coeur de notre réflexion pour valoriser les acquis et les investissements afin d’aspirer à un monde rural prospère.

Contribuant à hauteur de 15% à 20% (avec l’agro-industrie) au PIB national, de 40% à l’emploi national et de 80% à l’emploi rural, l’agricul­ture marocaine est appelée à créer plus d’emplois et à améliorer l’attractivité du secteur, notamment pour les jeunes.

Dans ce cadre, il est prévu de mobi­liser 1 million d’hectares de terres col­lectives de l’Etat pour l’investissement et qui seront ouverts à la melkisation. Par ailleurs, la création de conditions nécessaires à l’émergence et au ren­forcement de cette classe moyenne agricole devra passer au préalable par la définition de nouveaux axes de progrès pour dépasser un ensemble de défis relatifs à l’organisation des mar­chés, à la création d’emplois, à l’amé­lioration des revenus et à la création d’un équilibre socio-économique dans le monde rural, notamment pour la catégorie des jeunes. Il s’agit d’amé­liorer l’employabilité des jeunes, de créer des incubateurs et des sociétés de services et d’améliorer l’attractivité du milieu rural. A cet égard, la formation professionnelle agricole constitue un véritable levier que le département de l’agriculture érige en tête des priorités.

  • La Suisse est l’invité d’honneur du SIAM cette année. Offrant une situation géographique unique au coeur de l’Europe, ce petit pays est l’une des économies les plus compé­titives au monde. Un mot sur sa par­ticipation.

– La Suisse est accueillie pour la première fois en tant qu’invitée d’hon­neur au SIAM, un choix qui augure de l’excellence des relations diploma­tiques et économiques entre nos deux pays.

La participation suisse à travers un pavillon au niveau du pôle interna­tional et à travers la participation aux conférences, permettra un échange d’idées et d’expériences dans des do­maines aussi diversifiés que celui du développement des produits biolo­giques, de la valorisation des produits agricoles, de la recherche dévelop­pement ou encore de la digitalisation de l’agriculture. C’est également une occasion pour les professionnels des deux pays de prospecter les possibili­tés de partenariat et pour nos départe­ments respectifs de signer des conven­tions.

La coopération Suisse est active au Maroc dans le domaine de l’ali­mentation et de l’agriculture depuis longtemps. Tout un écosystème d’en­treprises et multinationales suisses se sont installées au Maroc et dont plu­sieurs utilisent notre pays en tant que plateforme pour leur rayonnement international, notamment en méditer­ranée et en Afrique. En avril 2014, le ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime avait signé à Meknès, une lettre d’entente avec la Confédé­ration Suisse représentée par le dépar­tement fédéral des affaires étrangères, portant sur le soutien technique et financier des associations profession­nelles agricoles marocaines interve­nant dans les domaines de l’élevage des ovins et caprins, de production des viandes rouges, de l’apiculture, de la production biologique et des plantes aromatiques visant l’amélioration de la compétitivité de ces interprofes­sions et associations professionnelles et la création d’emploi notamment dans les zones rurales.

Je ne manquerai pas de rappeler que le Maroc avait déjà participé en 2011 en tant qu’invité d’honneur, à deux manifestations de promotion des produits de terroirs en Suisse, ce qui a permis l’accès des produits agro-ali­mentaires et de terroir marocains au marché suisse. Il s’agit notamment, de l’huile d’argan, des plantes aroma­tiques et de la figue de barbarie.

  •  L’agriculture suisse accorde une grande importance à la recherche et au développement y compris en technologie de pointe (drones et ro­bots) afin de rendre le secteur plus moderne et innovant dans le respect de l’environnement. Le SIAM sera-t-il une occasion pour découvrir les dernières technologies au service de l’agriculture ?

– Secteur important de l’économie suisse, l’agriculture est placée sur le devant de la scène politique suisse et dispose de son propre Office fédéral. Ce secteur a connu un essor important grâce à l’importance accordée à la recherche développement et aux pro­grès techniques, qui en font un secteur moderne et novateur. Elle y consacre d’ailleurs, chaque année, près de 3% de son PIB.

A travers la participation des en­treprises suisses, il sera présenté aux visiteurs du salon, les innovations et expertise suisses dans les domaines de l’agro-industrie et de l’agriculture, notamment en matière de digitalisa­tion, de développement de services et de durabilité.

En plus des animations au niveau des stands, des professionnels et ex­perts suisses animeront et participe­ront à un ensemble de conférences et séminaires, autour de la recherche scientifique et l’innovation, de la transformation digitale et de l’agricul­ture durable.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page