Moussa Faki :  « les règles sont définies par quelques Etats, comment peut-on parler de gouvernance ? » 

Invité au Forum de Doha qui s’est tenu les 14 et 15 décembre et qui a connu la présence de personnalités éminentes comme Ivanka Trump ou encore Paul Kagamé, Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine, a pris part à la session intitulée « Réinventer la gouvernance dans un monde multipolaire ».

Moussa Faki a délivré une intervention, durant laquelle il n’a pas hésité à dresser un constat critique de l’état de la gouvernance mondiale et du rôle des organisations internationales, notamment de l’ONU, dans le processus de paix et de sécurité en Afrique. Après avoir dénoncé la marginalisation de l’Union africaine, il a appelé à revoir le système de prise de décision concernant les questions africaines, qui représentent plus de « plus de 60 à 70% des dossiers qui sont sur la table du Conseil de Sécurité ».

En effet, alors que les Nations Unies fêtent leurs 75 ans l’an prochain, la place et le fonctionnement de l’organisation créée durant la 2e guerre mondiale sont fortement remis en cause. Ce « vieux machin » comme l’appelait De Gaulle, ne semble plus correspondre aux défis du monde actuel. L’Afrique a changé, ainsi que le monde et la nature de ses défis. Moussa Faki reconnaît toutefois que cet instrument était, sans doute, pertinent et efficace en son temps, mais qu’il ne relève plus les défis actuels et ne tient pas en compte la nouvelle dynamique de l’Union africaine.

L’avenir d’un continent, entre les mains de 5 Etats 

Selon lui, on ne peut parler de gouvernance mondiale alors que tout se décide entre 5 Etats. Il fait part de son incompréhension, quant au fait qu’ « une seule personne a le pouvoir de bloquer une décision qui concerne la vie de plus d’un milliard de personnes, ce sont des inepties » dénonce-t-il.

« Les règles sont définies par quelques Etats qui les imposent puis les appliquent » ajoute-t-il, avant de rappeler le cas de la Libye où la communauté internationale est intervenue durant près de 8 ans mais demeure aujourd’hui plongé dans le chaos. L’action de l’Union africaine qui, pourtant, dispose des mécanismes appropriés comme l’agenda dédié à la paix et la sécurité pour régler le conflit, a été bloquée. Il juge alors inacceptable que les problèmes et le sort de l’Afrique se règlent en Europe ou ailleurs et qu’on ne permette pas aux Africains de s’en charger.

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