Nasser Bourita : « La migration est trop riche pour être ramenée à l’immigration irrégulière »

 Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, a estimé, mercredi à Marrakech, que « la migration est trop riche pour être ramenée à l’immigration irrégulière ».

« La conviction du Maroc est que la migration est trop riche pour être ramenée à l’immigration irrégulière; elle est trop complexe pour être réduite aux perceptions stéréotypées associées aux migrants et trop utile pour être simplifiée en une équation binaire au postulat erroné et à la somme discriminante », a affirmé M. Bourita lors de la cérémonie d’ouverture officielle de la cinquième conférence du dialogue euro-africain sur la migration et le développement qu’abrite la cité ocre les 1er et 2 mai.

La coopération dans le domaine migratoire, a relevé le ministre, s’entend fondamentalement au-delà des seuls – bien que nécessaires – contrôle des frontières et lutte contre les réseaux criminels de trafic des migrants, notant que cette coopération doit être une solidarité agissante, plaçant le continent africain au cœur de ses actions en matière de migration. 

Il a rappelé, en ce sens, que le Maroc a mis en place, depuis cinq ans, une politique nationale d’immigration et d’asile qui favorise l’intégration durable des migrants, ajoutant que cette politique a permis, notamment, deux campagnes de régularisation des migrants, dont la dernière s’est close sur un bilan de 28.400 demandes, dont 95% sont des ressortissants de pays africains frères. 

Et de poursuivre que le Maroc cultive, par ailleurs, une dialectique fondée sur la cohérence entre la politique intérieure et la politique extérieure et développe une diplomatie migratoire d’ouverture, essentiellement tournée vers la défense des priorités du continent africain. 

Le ministre a souligné, en outre, que le mandat de leader de l’UA sur les questions migratoires, confié à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, traduit bien cet engagement, ajoutant que la présentation de l’Agenda Africain pour la Migration, lors du 30è Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine fut l’aboutissement d’une approche faisant de la migration un levier du co-développement, un vecteur de solidarité et un pilier de la coopération Sud-Sud.

>>Lire aussi : 5ème Conférence Ministérielle Euro-Africaine sur la Migration et le Développement: Le discours de Nasser Bourita

La proposition de création d’un Observatoire Africain des Migrations, sous l’égide de l’Union Africaine, est l’une des principales réponses apportées par l’Agenda, visant à développer la collecte, l’analyse et l’échange de données entre les pays africains, et de favoriser, ainsi, une gouvernance éclairée des migrations africaines, a-t-il indiqué. 

M. Bourita a fait savoir, en substance, qu’outre cette conférence sur le dialogue euro-africain, l’engagement du Maroc sur la question migration culmine en 2018 avec la tenue de deux autres grands rendez-vous internationaux en terre marocaine, en l’occurrence la 11è édition du Forum global sur la migration et le développement (5-7 décembre) et la conférence d’adoption du Pacte Mondial pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières (10-11 décembre) où le Maroc s’érigera en porte-parole du continent africain. 

Ainsi, a-t-il affirmé, l’engagement du Maroc en matière de migration participe d’une démarche globale reposant sur les efforts du Maroc pour la consolidation de la paix, de la stabilité et du développement du continent.

Cette démarche, a-t-il conclu, s’inscrit dans le cadre d’un engagement porté par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui vise, comme cela a été affirmé par le Souverain, à « servir l’Afrique et réaliser les attentes de ses peuples qui aspirent au développement et à une vie digne menée dans un climat empreint d’unité, de sécurité et de stabilité ».

La cinquième Conférence ministérielle du dialogue euro-africain sur la migration et le développement a ouvert ses travaux, mercredi matin à Marrakech, avec la participation des ministres des Affaires étrangères et/ou de l’Intérieur d’une soixantaine de pays.

Cette rencontre de haut niveau, aussi dite « Processus de Rabat », est marquée par la présence également de représentants d’organismes onusiens, de diplomates internationaux, ainsi que de partenaires du dialogue euro-africain sur la migration et le développement. Elle sera sanctionnée par l’adoption de la Déclaration de Marrakech et du Plan d’action de Marrakech.

Le Processus de Rabat est une plateforme d’échanges et de dialogue euro-africaine concernant les politiques, les opportunités et les défis en matière de migration et de développement dans le but d’échanger les expériences et bonnes pratiques, établir des partenariats et définir les priorités internationales en la matière.

La première conférence a eu lieu en 2006 à Rabat, alors que les trois éditions suivantes se sont déroulées respectivement à Paris (2008), Dakar (2011) et à Rome (2014).

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