“Night Walk” de Aziz Tazi, une tentative de combattre les préjugés entre Orient et Occident

Des stars hollywoodiennes, des scènes d’action, des techniques de tournage de grande facture, ainsi que des acteurs et des paysages marocains sont autant d’éléments que le réalisateur Aziz Tazi a réunis pour son long-métrage “Night Walk” dans le but de régaler le public à travers ce film, motivé aussi par le souci du jeune cinéaste marocain de combattre les préjugés entre Orient et Occident et de rapprocher ces deux mondes.

Présenté dimanche soir en avant première aux professionnels et distributeurs dans les cadre du 69ème Festival international du film de Berlin (Berlinale), le film raconte l’histoire de Frank (interprété par Sean Stone), brillant journaliste qui a toujours été à la recherche de nouvelles expériences sentimentales.

Un soir, Frank tombe sous le charme de Sarah -rôle joué par l’actrice américaine d’origine palestino-marocaine Sarah Alami-, une jeune et très belle femme arabo-américaine de confession musulmane, mystérieuse et pleine d’humour. Rapidement conquis, il décide de la demander en mariage durant un voyage dans son pays natal au Moyen-Orient.

Malheureusement, la police des mœurs locale les croise dans une situation présumée compromettante. Tel des Roméo et Juliette des temps modernes, le couple est subitement mis en danger.

Lors d’une tentative de corruption pour échapper à “leur justice”, les policiers provoquent un incident qui dégénère et contraint le couple à prendre la fuite. Afin de les stopper, la police ouvre le feu et tue malencontreusement Sarah. Elle succombe dans les bras de Frank qui, psychologiquement abattu, ne tente même pas de résister à son arrestation.

Redoutant l’incident diplomatique, la police décide alors de monter un complot pour accuser Frank du meurtre de Sarah et ce, avec l’aide d’un juge américain véreux qui rapatrie Frank aux Etats-Unis pour purger sa peine. Dès son arrivée en prison, Frank doit affronter la violence de certains gangs. Ayman (interprété par le rappeur franco-marocain “La Fouine”), son compagnon de cellule, est un marocain qui lui aussi a été injustement emprisonné. Ils ont recours paradoxalement pour leur protection à un groupe de fondamentalistes, ceux-là même dont les semblables de confession ont arraché à Frank sa bien-aimée.

Dans cette production maroco-américaine, le réalisateur pointe du doigt, en toute objectivité, plusieurs problématiques comme l’injustice, la corruption, l’islamophobie et les stéréotypes dans deux mondes antagoniques au bord de l’affrontement.

Le casting comprend les stars américaines Patrick Kilpatrick, Mickey Rourke, Ricco Ross, Frederick-James Koch, Eric Roberts, Richard Tyson et Louis Mandylor.

Du côté marocain, le choix du réalisateur a été porté sur les acteurs Ahlam Zaimi, Abdellah Chicha, Majid Lakroun et Yassine Benhamida.

Selon le réalisateur, l’idée du film est née du rêve d’une promenade nocturne qu’il a eu, avant de décider de faire réalité ce songe dans une production cinématographique où la promenade nocturne constitue l’élément principal d’une histoire qui unit l’Occident et l’Orient.

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Dans une déclaration à la MAP en marge de la projection en avant première de son film, Aziz Tazi souligne que cette production cherche à transmettre deux messages.

“Je veux que l’Occident sache que nous partageons beaucoup de choses. Nous avons également des familles brisées et nous cherchons le bonheur et l’amour, et je veux que l’Orient sache que nous n’avons aucun lien avec les terroristes et les extrémistes, que nous pouvons crier haut et fort que ne nous sommes pas tous comme eux et que nous n’allons pas leur permettre de nous représenter”, souligne le jeune cinéaste marocain.

Il s’arrête aussi sur les statistiques choquantes selon lesquelles aux États-Unis, seulement une personne sur quatre connaît un musulman, alors que 65% des Américains ont une opinion négative des musulmans, attribuant cette situation notamment aux médias qui ne publient que des informations négatives sur les gens de cette confession, au moment où “nous ne faisons rien pour changer cette image et diffuser des choses positives sur les musulmans”.

“C’est pour cette raison que j’ai essayé de corriger les fausses idées sur le monde oriental, tout en demeurant objectif”, relève Aziz Tazi, qui insiste sur le rôle du septième art dans le changement des mentalités et des attitudes.

“J’aime le cinéma et j’ai regardé des films qui ont changé ma vie et ma vision des choses. Nous pensons toujours que pour changer le monde, nous devons nous concentrer sur tout ce qui est matériel, mais l’art est essentiel dans nos vies, car il touche les cœurs et les sentiments et il a une forte influence sur le spectateur”, dit-il.

Le réalisateur marocain, qui a étudié l’ingénierie en France avant de s’installer aux États-Unis, ne cache pas son attachement à son identité marocaine, faisant savoir qu’il a tenu à réaliser le tournage au Maroc en dépit des propositions qui lui ont été faites pour filmer dans d’autres pays.

“J’ai choisi le Maroc parce que cela me donne beaucoup de facilités en termes de langue et au niveau administratif, mais j’ai aussi voulu faire la promotion de mon pays dont je me sens fier”, relève le jeune cinéaste, qui travaille sur un nouveau projet inspiré par l’histoire réelle d’une Libanaise qui a immigré aux États-Unis et qui a fait beaucoup de choses pour ce pays avant d’être accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis. Il présente les mêmes problématiques liées à la personne de l’Arabe au sein d’une société occidentale.

De son côté, Mostapha Mellouk, CEO de Global Media Africa, entreprise productrice de “Night Walk”, a indiqué que l’équipe de tournage a travaillé selon une approche internationale, notant que grande partie des scènes ont été filmées dans différentes villes marocaines, sauf quelques unes qui ont été réalisées à Los Angeles.

“Nous nous sommes appuyés sur le savoir faire, l’expérience et le professionnalisme des Marocains dans ce domaine car le Royaume regorge de grandes compétences” en la matière, s’est-il félicité.

L’équipe de travail a dû avoir recours à un “casting excellent” pour une distribution mondiale du film, ce qui explique l’usage de la langue anglaise dans l’attente du doublage de cette production en français, en arabe et en espagnol, a expliqué M. Mellouk.

Outre “Night Walk”, le cinéma marocain est représenté à cette 69ème édition du festival international du film de Berlin (7-17 février) aussi  par “De quelques événements sans signification” (1976), du réalisateur Mostafa Derkaoui, qui sera projeté en première dans la catégorie Forum.

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