ONU : la guerre en Syrie est « l’un des chapitres les plus sombres » de l’histoire récente

Devant le Conseil de sécurité, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a qualifié, lundi, le conflit syrien, qui a débuté il y a exactement dix ans, de « tragédie » qui restera « l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire récente ».

« En ce sombre anniversaire, je veux commémorer les victimes syriennes et me souvenir des souffrances et de la résilience syriennes face à une violence et à des indignités inimaginables auxquelles tous les Syriens – hommes et femmes, de tous les domaines et de tous les horizons – ont été confrontés pendant dix longues années », a déclaré M. Pedersen qui s’exprimait par visioconférence lors d’une réunion du Conseil consacrée à la guerre en Syrie.

Évoquant le processus politique, l’émissaire onusien a regretté l’absence de « progrès réel » dans les pourparlers entre le gouvernement et l’opposition et les divisions entre les membres de la communauté internationale.

« Le monde n’a pas réussi à aider les Syriens à sortir de ce que le Secrétaire général a appelé un cauchemar vivant. J’exprime le profond regret de l’Organisation des Nations Unies que nous n’ayons pas encore été en mesure de négocier la fin de ce conflit tragique », a-t-il dit.

S’agissant de la situation sur le terrain, Geir Pedersen a noté qu’il y avait actuellement un calme relatif, les lignes de front n’ayant pas bougé depuis un an, déplorant cependant la fréquence des bombardements mutuels et les tirs de roquettes le long des lignes de contact.

« C’est pourquoi je soulignerai toujours l’importance de consolider ce calme fragile en un véritable cessez-le-feu à l’échelle nationale conformément à la résolution 2254, ainsi qu’une approche commune pour relever le défi persistant des groupes terroristes », a-t-il indiqué.

De son côté, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité en mars, a également déploré le fait que durant une décennie entière, « le peuple syrien a enduré l’inimaginable ». « Une décennie complète de répression violente, une décennie complète de terrorisme, et une décennie complète d’une guerre civile brutale ».

Pour mettre un terme permanent à ces souffrances, a-t-elle souligné, les Etats-Unis « restent déterminés à parvenir à une solution politique au conflit syrien, conformément aux paramètres énoncés dans la résolution 2254 » du Conseil de sécurité.

« Il n’y a qu’une seule raison pour laquelle nous n’avons pas été en mesure de mettre en œuvre cette solution et de résoudre cette crise : le refus du régime de (Bahar) Assad de s’engager de bonne foi. Le régime n’a pas franchi une seule étape qui jetterait les bases de la paix », a-t-elle estimé.

Pour sa part, la France, par la voix de sa Représentante permanente adjointe à l’ONU, Nathalie Broadhurst, a aussi souligné que seule une solution politique permettra à la Syrie dans son ensemble de se relever et d’éviter « une nouvelle décennie perdue ».

« Il y a dix ans, le régime Assad a choisi de répondre par une répression aveugle à la demande de liberté et de dignité exprimée par sa population de façon pacifique », a-t-elle rappelé.

« Aujourd’hui, la Syrie est ravagée. Nous avons tous en tête les chiffres qui interpellent la conscience : la moitié de la population est déplacée ou réfugiée dans les pays voisins, plus de 13 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, des dizaines de milliers de personnes ont disparu. Les jeunes paient le prix fort de la poursuite du conflit, et comme beaucoup l’ont dit, certains n’ont connu que la guerre », a constaté la diplomate française.

Et de souligner à cet égard qu’il est « grand temps » que le régime syrien s’engage de bonne foi dans les négociations à Genève, pour lesquelles le Comité de Négociations Syrien a proposé « un calendrier raisonnable ».

« Le régime porte aujourd’hui toute la responsabilité du blocage du comité constitutionnel, qui n’a permis aucun résultat près d’un an et demi après sa création », a-t-elle martelé.

« Le succès du comité ne peut être la condition préalable à tout progrès. Il est plus que jamais urgent dans ce contexte de mettre en place un processus politique plus large, piloté par les Nations Unies, sur l’ensemble des volets de la résolution 2254. Il s’agit de travailler à la mise en place d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, de préparer dès à présent la tenue d’élections libres et transparentes, sous supervision des Nations-Unies et auxquelles la diaspora pourra prendre part, sans lesquelles il n’y aura pas de règlement au conflit », a préconisé la diplomate.

( Avec MAP )

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