Origine du Covid-19 : le laboratoire de Wuhan coupable ?

Comme à chaque crise ou épidémie, la tentation de croire en des thèses conspirationnistes se fait grandissante, et cette nouvelle pandémie ne fait pas exception à la règle. Certaines farfelues, d’autres plus plausibles, des dizaines de théories ont émergé sur la Toile. Mais la thèse d’une fuite du laboratoire de Wuhan semble de plus en plus convaincante.

Pour certains, ce sont les Etats-Unis qui ont créé ce virus pour freiner l’économie chinoise, pour d’autres ce sont les Chinois afin de contrer les Ouighours. Il y a quelques semaines, une vidéo conspirationniste dévoilant un brevet de l’Institut Pasteur a fait plus d’un million de vues. Pire encore, Pékin a accusé les Etats-Unis d’avoir introduit le virus en Chine via des militaires. Si ces théories sont massivement contestées, il convient tout de même de se questionner sur leurs fondements, sur les raisons pour lesquelles certains y sont attachés, et de se pencher sur le cas du laboratoire P4 de Wuhan.

L’existence d’un bio-terrorisme
En effet, ces théories font rire beaucoup d’entre nous mais le bio-terrorisme existe bel et bien. Et pour cause, dès l’apparition des grandes pandémies historiques, comme la peste ou la variole, les théories conspirationnistes expliquaient ce que personne ne pouvait comprendre. Les auteurs de « Histoire des armes biologiques » (2008) n’hésitent pas à expliquer que la « transmission de la variole, en 1763, aux Indiens par les troupes anglaises, était la première utilisation délibérée d’un virus comme arme biologique ».

Bien plus tard dans l’Histoire, c’est l’expérience de Ken Alibek qui va susciter des interrogations. Il était le directeur adjoint de Biopreparat, « Service fédéral de recherche pharmaceutique soviétique » et devenu chercheur au sein du Centre national de Biodéfense de l’Université George Mason (Virginie). Biopreparat se serait alors livré aux « Vols ou achat de virus, expérimentations à grande échelle de la variole, de la peste, de l’anthrax et des pires fièvres hémorragiques possibles ». Selon la définition de l’Agence de Santé publique du Canada, « le bioterrorisme est l’utilisation de virus, bactéries, gaz ou autres substances chimiques afin d’affaiblir la santé des populations à des fins politiques ». La difficulté de cette définition réside, toutefois, dans le fait qu’elle est trop vague, « il est alors difficile pour les autorités de déterminer si une attaque biologique en est bel et bien une ou s’il s’agit simplement d’une transmission accidentelle de maladies contagieuses.»

Toutefois, en ce qui concerne la prolifération il est important de souligner que « d’un point de vue tactique et militaire, les pathogènes potentiellement pandémiques ne seraient pas une bonne arme biologique, car ils reviendraient comme un boomerang à l’agresseur, en raison de leur caractère hautement contagieux » selon Le Monde.

Comment a-t-on pu en arriver là ? Pourtant, il avait prévenu, Li Wenliang, le médecin qui a lancé l’alerte sur la dangerosité du Coronavirus mais avait été passé sous silence. Pourtant, il ne faisait que prévenir les citoyens d’être vigilants, mais « quand j’ai vu les captures d’écran circuler en ligne, j’ai réalisé que je serai probablement puni » avait-il déclaré. Il a, par la suite, été accusé de relayer des rumeurs par la police de Wuhan. Résultats ? Plus de deux millions de contaminés travers le monde.

Ces laboratoires à haut risque
On pointe également du doigt l’ouverture, en 2017, d’un laboratoire P4 de sécurité maximale à Wuhan, issu d’une coopération entre un grand groupe pharmaceutique français et la Chine. Ce laboratoire est « pathogène de classe 4, et le rend susceptible d’abriter des micro-organismes très pathogènes. » Si, certes, il a été créé pour effectuer des recherches afin de faire avancer la science, force est de rappeler que le risque 0 d’une potentielle fuite de laboratoire, malgré les infinies précautions prises, n’existe pas. D’ailleurs, en 2017, selon le journal Le Monde, « le centre pour le contrôle des armes et la non-prolifération chiffrait à 31 % les risques que le monde soit confronté, dans les dix ans, à une pandémie causée par un virus issu d’un laboratoire P4 ». Toujours selon la même source, en 2003, « un chercheur taïwanais de 44 ans, travaillant dans un laboratoire P4, a ainsi été atteint par le SRAS en essayant de désinfecter à la main un module de transfert du virus. Quatre-vingt-dix personnes avaient dû être placées en quarantaine. » L’hypothèse, d’une fuite accidentelle du virus de ce laboratoire est aujourd’hui largement relayée, et semble être la plus plausible à ce jour.

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