Özil et Gündogan fustigés pour une photo avec Erdogan

 Les internationaux allemands d’origine turque Mesut Özil et Ilkay Gündogan sont accusés de s’être laissé « manipuler » par le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a posé pour des photos avec eux dans le cadre de sa campagne électorale.

« La DFB (fédération allemande de football) respecte évidemment la situation particulière de nos joueurs issus de l’immigration », a lancé le président de la DFB Reinhard Grindel sur son compte Twitter et sur le site de la Fédération, « mais le football et la DFB défendent des valeurs qui ne sont pas complètement prises en compte par M. Erdogan ».

« C’est pourquoi il n’est pas bon que nos joueurs internationaux se laissent manipuler pour sa campagne électorale (…) En faisant cela, nos joueurs n’ont certainement pas aidé le travail d’intégration de la DFB ».

Lors d’une rencontre dimanche avec le chef de l’Etat turc, les deux joueurs lui ont remis des maillots dédicacés de leurs équipes respectives, Arsenal pour Özil et Manchester City pour Gündogan. Les photos de la rencontre ont été utilisées sur les réseaux sociaux dans le cadre de la campagne électorale.

Le président Erdogan a convoqué pour le 24 juin des élections législatives et présidentielle anticipées. Ces scrutins sont cruciaux, car ils marqueront l’entrée en vigueur de la plupart des mesures renforçant les pouvoirs du chef de l’Etat adoptées dans le cadre d’une révision constitutionnelle l’an dernier.

La polémique a fait les choux gras du parti d’extrême droite allemand AfD: « Pourquoi Gündogan joue-t-il pour l’équipe nationale allemande, s’il reconnaît Erdogan pour son président? », a tweeté la députée Beatrix von Storch.

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Son collègue Cem Özdemir, ancien dirigeant des Verts allemands, lui-même d’origine turque, n’a guère été plus indulgent: « Le président d’un footballeur international allemand s’appelle Frank-Walter Steinmeier, sa chancelière Angela Merkel et son parlement le Bundestag, dont le siège est à Berlin et non à Ankara », a-t-il réagi, sollicité par l’agence sportive SID, filiale allemande de l’AFP.

Plutôt que ce « soutien électoral mal venu », a poursuivi M. Özdemir, « j’attends des joueurs qu’ils se concentrent sur le football et qu’ils se rappellent des expressions Etat de droit et démocratie ».

Les deux joueurs sont nés dans l’ancien bassin minier de la Ruhr, une région qui compte de nombreux Turcs ou personnes d’origine turque arrivés à partir des années 60 en Allemagne.

Alors que le sélectionneur allemand Joachim Löw doit annoncer mardi sa liste provisoire des sélectionnés pour le Mondial en Russie, dont les deux hommes devraient sauf surprise faire partie, le manager de l’équipe nationale Oliver Bierhoff a condamné leur geste tout en essayant de le minimiser: « Je n’ai aucun doute sur la volonté de Mesut et Ilkay de vouloir jouer pour l’équipe d’Allemagne et de s’identifier à nos valeurs », a-t-il écrit sur le site de la DFB: « Ni l’un ni l’autre n’était conscient de la valeur symbolique de cette photo, mais évidemment nous estimons que ce n’est pas bien et nous en parlerons avec les joueurs ».

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