PAM : A quelque chose malheur est bon !

Par Hassan Alaoui

Le changement de secrétaire général à la tête du PAM nous confirmerait-il dans nos attentes, qu’il nous interpelle tout de même. Voilà quelques années, en effet, que Abdellatif Ouahbi trace les sillons de sa mainmise sur le parti, criant à qui veut l’entendre sa volonté de s’en emparer, prenant à témoins ses membres, chauffant à bloc ses partisans et – cela va sans dire – , y mettant du cœur et faisant flèche de tout bois en s’en prenant à tour de bras à son prédécesseur. Celui-ci, Hakim Benchamach, venu à la politique par inadvertance, gauchiste d’arrière-garde a fait long feu in fine … Il n’a pas su fédérer une formation qui est placée tout de même au second rang de l’échiquier politique et dont les dirigeants successifs – cinq en tout – ne cachaient pas leur prétention de chasser le PJD et prendre sa place…

Le 4ème congrès du PAM, organisé en fanfare à El Jadida, n’a apporté aucune surprise en élisant par défaut Abdellatif Ouahbi. C’est plutôt l’illustration d’un échec patent d’un parti divisé , puisque la bataille de haute intensité que l’on nous promettait entre les candidats du PAM s’est finalement transformée en piteuse reddition. M. Ouahbi n’aura eu aucun mérite à se trouver en tête-à-tête avec lui-même. Pendant sa « campagne électorale », il n’a cessé d’agiter la menace de l’effondrement, de dénoncer une gestion émolliente et de plaider pour un rapprochement à peine voilé avec le PJD, le parti adverse qui a ravi le gros des sièges en 2016…

Tant et si bien que, maintenant, confronté à sa nouvelle responsabilité, la question se pose crûment : que va faire le nouveau secrétaire général du PAM ? Comment maintiendrait-il l’unité et la cohésion d’une formation en pleine crise, pour ne pas dire déliquescence interne ? Son nouveau chef , démuni d’arguments, n’est-il pas allé jusqu’à courtiser les islamistes du PJD pour chasser sur des terres interdites jusque-là ? La sortie sur Imarat-al-Mouminine que le quotidien pro-islamiste « Akhbar al Youm » a mise en exergue ne participe-t-elle pas d’un dessein où se conjuguent démagogie et cynisme ; la prise d’assaut par ses troupes de choc du 4ème congrès d’El Jadida, ne prélude-t-elle pas des méthodes musclées susceptibles de se transformer en une méthode de gestion affligeante ?

« Le PAM n’a jamais eu un programme politique, mais que des slogans. Il n’a jamais eu une vision politique fédératrice de ses composantes. Il n’y avait que des slogans que les uns utilisaient contre les autres. » ! Par sa franchise et sa loquacité, le propos est du nouveau secrétaire général du PAM qui a vite fait de mettre sous le boisseau ses cinq prédécesseurs. Dans la vie politique, sur un échiquier qui donnait et donne encore l’apparence de sombrer dans l’inanité et le marasme, une « rupture » comme celle que vient d’opérer Abdellatif Ouahbi est révélatrice à bien des égards. Sa victoire sans combat, mais imposée à ses adversaires, a été arrachée aux vents contraires au milieu desquels tanguait le vaisseau du parti depuis quelque deux ou trois ans. Il  a forcé le destin , et forcément pris ses concurrents de court. Qu’il indispose certains , dont notamment certains observateurs et journalistes, ne diminue en rien une légitimité que son entêtement et sa volonté justifient. Le soupçon, l’anathème, la critique acerbe et les insinuations ont marqué le processus de l’organisation du 4ème congrès et la séquence de son élection à la tête d’un PAM qui, franchement, s’apparentait à un cautère sur une jambe de bois, pis à une auberge espagnole.

Abdellatif Ouahbi fait fi de toutes les idées reçues et tous les usages en vogue. Il conviendrait de lui accorder un bénéfice d’inventaire, de s’inscrire peut-être dans la dynamique du choc politique qu’il vient de créer, et de se dire en fin de compte qu’à « quelque chose malheur est bon » ! Pour lui , le rendez-vous est déjà pris pour les prochaines élections législatives. Il veut reprendre l’action politique à son niveau, il l’affirme et d’ores et déjà les autres formations politiques – je parle ce soir du Parti de l’Istiqlal et du PPS – aiguisent leurs armes et lancent le défi. On aurait tort finalement de critiquer Abdellatif Ouahbi de triompher de l’inertie.

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