Parution du livre « Ma vie est Belle » d’Ahmed Boulane

Le réalisateur marocain, auteur de « Ali, Rabia et les autres », des « Anges de Satan » ou encore de « La Isla » passe de la mise en scène à l’écriture et publie une autobiographie aux Editions Orion, fondées par l’écrivain et journaliste Abdelhak Najib. « Ma vie est belle », une belle autobiographie, très imagée, très cinématographique et sans compromis.  

« Les écrivains rêvent de passer derrière la caméra  et de faire des films. Moi, j’opère le cheminement inverse et j’écris un livre. Ce n’est qu’un début, mais c’est le lancement de quelque chose  que je portais en moi depuis très longtemps. Aujourd’hui c’est fait et une suite est déjà en chantier sous le titre : « Plus belle la vie»».  De l’image au verbe, il y a un grand canyon à franchir. Ahmed Boulane le fait allègrement prenant du même coup sa revanche sur le cinéma. Le livre que vous avez entre les mains est une réelle autobiographie. On y retrouve, en vrac, une vie éparse entre bonheur et douleurs, entre fureur et éclats, entre rage et désir de revanche.

Ahmed Boulane, le réalisateur ne troque pas ici sa casquette pour devenir auteur. Entre les lignes, dans le découpage, dans le style,  au fil de la narration, le cinéma est bien présent, mais l’écriture est plus libre, plus aérienne, plus audacieuse. En somme, nous retrouvons ici ce qui fait la particularité d’un individu à part, tempétueux, récalcitrant, nerveux, énervé, sincère, profond, drôle, ricaneur, provocateur… au-delà des limites de son cinéma où on l’a toujours senti sur la réserve, dans la retenue, allant même jusqu’à s’imposer le silence là où il faut crier. «Je n’ai pas pu dire beaucoup de choses dans mes films, pour des raisons évidentes.

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D’abord les moyens. On ne peut pas tourner de grands films où l’on va au bout de notre projet avec très peu d’argent. Ensuite, il y a la censure. Contrairement à d’autres, je ne m’en cache pas, on ne peut pas tout filmer au Maroc. Il y a de grandes lignes rouges qu’on ne peut franchir sans y laisser beaucoup de plume. Alors j’ai écrit et j’ai dit ce que je ne pouvais filmer. L’écriture permet d’autres formes de liberté, et cela m’a permis de passer à autre chose en attendan t mon prochain film. »

Ahmed Boulane nous livre une vie, sa vie, avec ses drames, ses rêves déçus, ses espoirs et ses désespoirs. Une vie riche. Une vie pleine de sève. Une vie gorgée de vécu. Ce qui marque dans cette première cuvée (parce qu’une suite est en cours) c’est la manière de raconter sans jamais tomber dans le pathos. La catharsis s’opère sans jamais que l’auteur ne tombe dans l’apitoiement sur lui-même.

Au contraire, on sent une délivrance. On vit avec Ahmed Boulane ce désir d’aller au bout du mal pour l’extraire et planter à sa place de bonnes graines porteuses d’avenir. Cette belle vie défile comme dans un film en noir et blanc, avec sa reconstitution d’époque, ses costumes, ses décors, son phrasé si spécifique et ses atmosphères inoubliables. C’est un pari réussi par un réalisateur qui a du coffre et dont la voie n’a pas encore porté là il le faut.

C’est un livre solide qui nous est donné à lire où l’humain prend toute sa place, dans une volonté certaine de relire tant de pages du passé avant de les tourner. « C’est un livre sincère. J’ai écrit avec mes tripes sans jamais en laisser sous le capot. Et je suis allé au bout de certaines périodes de ma vie. La suite promet… »

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