Pas question pour la Tunisie d’emprunter encore plus d’argent à l’étranger

Le chef du gouvernement tunisien, Elyès Fakhfakh, a souligné, dimanche soir, qu’il n’est plus question pour la Tunisie de recourir aux emprunts à l’étranger du fait que l’endettement a atteint 60 % du PIB.

« Il n’est plus possible de continuer avec la même politique économique, car l’endettement a doublé depuis 2013, pour atteindre, cette année, 60% du PIB », a-t-il expliqué lors d’un entretien télévisé.

Il a indiqué avoir pris la décision de ne plus emprunter à l’étranger, relevant que l’Etat va pouvoir payer ces dettes extérieures cette année, mais devra restructurer ses dettes internes.

Il a assuré qu’il y a un équilibre à atteindre entre le paiement de ses dettes envers les bailleurs de fonds et le soutien des entreprises locales pour éviter leur disparition avec leurs postes de travail.

Entre autres mesures prises par le gouvernement, Fakhfakh a annoncé la décision de taxer les capitaux des banques, afin que cette masse d’argent intègre le circuit économique et financier du pays.

Il a fait savoir que toutes les mesures prises vont dans ce sens, exprimant la disposition de créer une nouvelle dynamique à travers les initiatives fiscales.

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Il a souligné qu’il faut désormais compter sur « nos propres ressources ». « L’argent doit être investi, doit servir à la consommation, à alimenter l’économie et pas être épargné dans les banques », a-t-il poursuivi.

M. Fakhfakh a souligné que les recettes fiscales vont manquer de 4,5 milliards de dinars (1,41 milliard d’euros).

« Nous avons bouclé nos besoins déjà programmés, dont nous avons reçu une partie et recevrons d’autres. Il n’est plus question d’en rajouter. Le pays est hypothéqué à l’étranger et sa cotation est des plus faibles », a-t-il déploré.

Le chef du gouvernement a précisé que l’Etat doit rembourser 8 milliards de dinars (2,5 milliards d’euros) à ses fournisseurs et que son équipe va tout faire pour s’acquitter de la dette progressivement.

Ainsi, 2500 millions de dinars (783 millions d’euros) seront remboursés cette année, a-t-il révélé, insistant sur le fait que « l’Etat doit être fiable et digne de confiance ».

Revenant sur la période de confinement, il a indiqué que l’Etat tunisien a tout mis en œuvre, avec toutes ses composantes, pour que cette période se passe dans les meilleures conditions.

« Aujourd’hui, le pays a repris 100% de son activité et les frontières sont sur le point d’être ouvertes, cela a été possible en prenant en compte les recommandations du comité scientifique », s’est-il réjoui, relevant l’intention de suivre la situation même s’ »il est peu probable que cela évolue négativement ».

Selon lui, « les touristes viendront pour séjourner à l’hôtel, alors que les Tunisiens devront se confiner chez eux ».

« Les touristes sont accueillis selon un protocole strict. Nous ne privilégions pas les touristes. Ils auront à rester à l’hôtel, ceux qui feront des excursions auront à respecter un circuit bien défini et avons pris nos responsabilités », a ajouté Fakhfakh.

Il a affirmé que le coût du confinement total est aujourd’hui difficile à estimer, précisant que 550 millions de dinars (172 millions d’euros) ont été dispensés par l’Etat qui est encore en train de soutenir les entreprises notamment.

« La récession sera de – 4.3% et il est probable que ça s’aggrave car la croissance ralentit aussi dans les pays avec lesquels nous traitons », a-t-il noté.

Tout en reconnaissant que la situation du pays est « critique », il a insisté sur l’impératif de « retrouver la raison et relancer l’économie ». Il a affirmé que si la situation perdure dans cette direction, l’on peut recourir à la réduction des salaires et des pensions de retraite.

Il a souligné qu’il a présenté cette situation à l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT) lors d’une récente rencontre avec ses dirigeants qui a duré plus de quatre heures.

« Nous avons présenté la situation avec la transparence requise et avons convenu de nous pencher à étudier toutes les questions d’intérêt commun au sein d’une commission composée de six représentants de chaque bord », a-t-il ajouté, annonçant qu’il n’est pas question d’envisager une augmentation des salaires dans les conditions actuelles.

Il a toutefois assuré que tous les accords pris par les gouvernements précédents avec l’UGTT seront respectés mais la date de leur application sera arrêtée en temps opportun.

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