Que pensent-ils des élections du 7 octobre ?

Dossier du mois

Ahmed Ghayat, Militant associatif, président de l’Association Marocains Pluriels et écrivain

L’enjeu est capital, après 5 années de gouvernement à majorité islamiste nous sommes en mesure de juger.
Il s’agit ni plus ni moins de faire un choix de société – en toute connaissance de cause – le choix de la société que nous voulons pour aujourd’hui et pour demain, pour nos enfants.
Chaque Marocain(e) en âge de voter doit le faire, nous n’avons plus le luxe de dire «Ça ne sert à rien», «Je ne sais pas pour qui voter»… nous n’en sommes plus là.
Sa Majesté le Roi nous a mis devant nos responsabilités dans son discours de la Fête du Trône, et nous-mêmes, nous devons nous mettre devant nos propres responsabilités : les femmes, les jeunes plus que quiconque – de par le sort qui leur est fait – doivent être un moteur et nous entraîner tous à aller voter le 7 Octobre prochain.
La plupart des avancées que notre pays a réalisées sont dues au Souverain et à la société civile, il est temps de contraindre la classe politique à s’impliquer concrètement et efficacement, en choisissant des élus d’une nouvelle génération, en votant pour des femmes, des quadras, des quinquas , des politiques compétents, en phase avec leur temps !
Après les dernières élections législatives, la majorité sortante s’est composée de quatre grands partis à savoir le PJD, le MP, le RNI, et le PPS. Le parti islamique, sur la base d’une très courte majorité, a constitué une coalition gouvernementale qui a éclaté à « mi-chemin »,
ce qui montre qu’il n’y avait pas de cohérence à cet attelage, pas de cohésion, un peu le mariage de la carpe et du lapin : progressistes et conservateurs, partisans de la parité homme – femme et opposants, militants pour les libertés individuelles et tenants du repli…De telle sorte que sur le plan sociétal, nous sommes dans une paralysie inquiétante, si ce n’est dans le recul.
Bien sûr certains Ministres ont montré leurs compétences et sauvé le bilan, tels que Aziz Akhannouch, le duo Mohamed Hassad et Charki Draiss, Mbarka Bouaida, Ahmed Toufiq…etc, mais le bilan est globalement négatif. J’en veux pour exemple à la situation faite à la jeunesse, objet de toutes les promesses au-début du mandat elle est la grande oubliée de ces 5 années.
Aujourd’hui, à quelques semaines avant le 7 octobre, l’échiquier politique ne semble pas motivé et donne l’impression de verser dans une léthargie. La mobilisation des électeurs reste timorée alors que l’Etat, en l’occurrence, le Ministère de l’Intérieur, par des campagnes de mobilisation et de sensibilisation, met tout en oeuvre pour susciter l’intérêt des votants. Pour cela, il faut que tous votent.
Il faut expliquer, expliquer encore, expliquer toujours. Il faut convaincre, nous devons nous fixer – à nous-mêmes citoyens – des objectifs à atteindre : obliger les Partis à prendre des positions, des engagements, à présenter des programmes et ainsi choisir de voter pour qui proposera les idées les mieux à même de faire progresser notre pays.
Il faut des débats télévisés, il faut une mobilisation -via les réseaux sociaux par exemple- pour lancer des confrontations d’idées, ou encore envoyer des questionnaires à tous les Partis portant sur nos attentes et publier les réponses sur le Web pour pouvoir comparer.
Il faut initier des plateformes de démocratie participative et puis quand les candidats seront en campagne, sur le terrain, les inciter à débattre réellement et non pas poser pour des photos, en mangeant des «karmous» ou buvant du thé !
Comment faire pour remporter l’adhésion massive du peuple marocain à l’impératif du vote citoyen et du devoir de participer à la vie politique ?
La première des choses me semble-t-il serait de présenter des candidats, de proposer des listes qui soient réellement représentatives de notre société, dans sa diversité. Or les femmes sont très peu représentées, les jeunes sont inexistants, les « ouled chaab » quasi absents…etc.
Les citoyens voteront d’autant plus qu’ils se reconnaîtront dans les candidat(e)s, ils se sentiront concernés quand ils se sentiront pris en considération, respectés. Or pour l’instant c’est le populisme qui tient le haut du pavé, nous avons besoin d’élu(e)s qui nous font avancer, qui nous tirent vers le haut et non pas qui flattent nos bas instincts ou qui, sous prétexte de nous ressembler, nous maintiennent dans une sorte d’infantilisation.
SM le Roi a besoin d’élu(e)s qui s’inscrivent dans cette dynamique, qui accompagnent sa vision, qui relaient sur le terrain les grands choix politiques, qui expliquent les enjeux, les défis, qui « encadrent » la population pour l’aider à mûrir, non pas pour lui dicter son mode de vie. Par exemple pour la réforme de la moudawana, pour les avancées sur la légalisation de l’avortement… à chaque fois que les femmes se sont battues pour ces causes, elles ont trouvé SM le Roi et la société civile à leurs côtés, mais très peu de politiques. Il faut que cela change, les politiques doivent avoir du courage, le courage de nous faire évoluer.
Je ne voudrais pas non plus tomber dans le piège du « tous pourris », « tous incompétents » car cela ne profite qu’aux extrêmes et de plus ce serait faux et injuste, il y a des politiques, des élu(e)s qui se donnent corps et âme à leur mission. Mais outre les grands enjeux économiques, diplomatiques, financiers, géopolitiques… il y a aussi la société elle-même, son évolution : la lutte contre la relégation de notre jeunesse, la place de la femme, l’accès à la culture… sont un seul et même combat ! Le combat pour l’ouverture, le combat pour l’avenir et pour de futures générations de femmes et d’hommes bien dans leur tête, bien dans leur peau, qui auront appris à vivre ensemble en harmonie, en complémentarité et non en opposition et en confrontation.

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