Plaidoyer à Rabat pour davantage d’appui afin d’empêcher la fermeture des centres d’hébergement des femmes victimes de violence

La présidente de la Fédération des Ligues de Droits des femmes (FLDF), Latifa Bouchoua a appelé, samedi à Rabat, les autorités compétentes à apporter davantage d’appui logistique et de soutien financier aux centres d’hébergement des femmes victimes de violence, de plus en plus menacés de fermeture.

Lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation du rapport 2016 concernant la violence basée sur le genre, réalisé par la Ligue Injad, affiliée à la FLDF, Mme Bouchoua a expliqué qu' »en raison des ressources limitées dont dispose la Fédération pour maintenir l’activité des centres d’hébergement et d’écoute qui en relèvent, leur nombre total est passé de 14 à 10« .

Signalant que ce risque s’aggrave de jour en jour, notamment avec la fermeture, en décembre prochain, du centre Tilila à Mohammedia, en raison du manque de moyens, Mme Bouchoua a exhorté les autorités compétentes à « apporter l’appui et le soutien nécessaires pour faire face à cette situation ».

« Le centre Tilila, qui offre à côté d’autres de l’appui social et psychologique et d’importants services d’hébergement et d’écoute aux femmes victimes de la violence, a épuisé ses ressources« , a regretté Mme Bouchoua, notant que la Fédération, qui a œuvré depuis sa création, en 1993, à soutenir les femmes violentées en les accueillant et en leur offrant le soutien juridique, par le biais d’avocats bénévoles, ainsi que le soutien psychique, « demeure une association volontariste qui ne dispose pas des moyens suffisants pour mettre fin à une problématique aussi colossale, qui touche à la dignité des femmes et entrave le développement socio-économique du pays« .

Ces centres d’hébergements et d’écoute relevant de la FLDF ont accueilli au total 1.742 femmes au titre de l’année 2016, dont 98 femmes hébergées au centre Tilila, aux côtés de 109 enfants, a révélé pour sa part Samira Mohayya, membre de la FLDF, lors de la présentation du rapport de la Ligue Injad, ajoutant que « 1.253 femmes ont reçu des services d’orientation et de conseil par téléphone dans les différents centres de ce réseau ».

Selon les données de ce rapport, au moins 6.729 cas de violence ont été enregistrées au titre de l’année 2016, dont 6.219 cas de violences concrètes et 510 cas dans d’autres situations, a souligné Mme Mohayya, précisant que le plus grand nombre des cas de violence a été enregistré à Béni Mellal (409), suivi de Casablanca (349), Ouarzazate (249), Salé (204), Fkih Ben Saleh (189), Témara (148), Rabat (98), Guelmim (74) et Larache (22).

Selon ces statistiques, la violence psychique arrive en tête avec 2.962 cas touchant 1.742 femmes, soit 47,63% des cas enregistrés, suivie par la violence socio-économique avec 1.700 cas (27,33%), la violence physique, avec 890 cas enregistrés (14,31%), la violence juridique avec 414 cas (6,66%) et de la violence sexuelle avec 253 cas (4,07%), a-t-elle fait savoir, expliquant que si la violence sexuelle classée dernière, « c’est seulement parce que la plupart des femmes n’osent pas révéler, par peur ou par honte, avoir subi une telle violence dans un cadre conjugal ou autre ».

D’après les données du rapport, ces différents types de violences génèrent également des conséquences négatives sur la santé physique, psychique voire mentale des femmes. Ainsi, 8.205 impacts directs ont été enregistrés chez les bénéficiaires des services de ces centres, dont 5.356 impacts enregistrés sur la santé psychique des femmes, 430 impacts sur leur santé physique, 1.065 impacts sur leur situation économique et 736 impacts sur leur situation sociale.

L’intervenante a également noté que ces violences n’épargnent pas non plus les enfants, précisant que parmi les femmes bénéficiaires des prestations des centres d’hébergement et d’écoute, 618 impacts directs ont été enregistrés chez leurs enfants.

Les intervenants à cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre du lancement de la 15ème campagne nationale de lutte contre la violence faite aux femmes, ont également appelé à introduire les amendements revendiqués concernant le projet de loi n° 103-13 relatif à la lutte contre la violence faite aux femmes et à accélérer son adoption, notant que la situation « est très grave et ne tolère plus davantage de retard« .

La FLDF souligne, à cet effet, la nécessité d’adapter le contenu de ce projet de loi aux dispositions de la constitution de 2011, ainsi qu’aux recommandations et conventions internationales ratifiées par le Maroc dans ce sens.

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