Le plus beau pays du Monde à l’horizon 2040?

 Hicham Alaoui Bensaid

La revue de la récente étude publiée par la Banque Mondiale, sous le thème « Le Maroc à l’horizon 2040, Investir dans le capital immatériel pour accélérer l’émergence économique », constitue une occasion de synthétiser quelques-uns des maux tristement connus de notre économie et de détailler plus encore cette notion de « capital immatériel », mise à l’ordre du jour bien en amont à l’occasion de nombreux discours royaux.

Primo, l’investissement dans les institutions d’appui au marché demeure insuffisant, particulièrement parce que l’innovation semble encore perçue comme un graal réservé aux pays développés et non comme un réel levier majeur d’émergence. Même s’il est vrai que le Maroc demeure de fait l’un des pays africains consacrant le plus de fonds à la Recherche & Développement, les 0,8% du PIB (soit quelque 800 millions de dirhams) qui y sont dévolus demeurent bien dérisoires considérés à l’échelle d’un pays.

Secundo, l’investissement dans les services publics est encore défaillant. Est-il besoin, à ce titre, de détailler l’état de notre système judiciaire, ou encore, de revenir sur certains travers d’entités publiques, tant du point de vue de la structure que de la gouvernance, que fustige d’ailleurs assez régulièrement la Cour des Comptes dans ses différents rapports?

Tertio, l’investissement dans le capital humain demeure très embryonnaire. Le constat opéré par la Banque Mondiale est sans équivoque : il est tout simplement question de la nécessité impérieuse d’une « thérapie de choc », tant les imperfections du système éducatif public, de la maternelle au doctorat, mais aussi celui de la santé, semblent patentes.

Quant au dernier axe d’analyse, il s’agit assez curieusement d’un levier de développement totalement subjectif, au contraire des 3 sus-présentés. De fait, il est question de l’investissement dans le capital social, et particulièrement, l’« encouragement d’une plus grande confiance interpersonnelle ».

Deux remarques me viennent à ce titre spontanément à l’esprit.

Tout d’abord, notre pays dispose d’un potentiel inouï de capital immatériel (une histoire, une population jeune, un sens de l’hospitalité, un climat…), mais qui semble voué à demeurer, pendant longtemps, très largement sous-exploité, sans institutions publiques fortes et sans investissement sur les systèmes de santé, de justice et d’enseignement.

Ensuite, voilà que l’on nous rappelle, bien tristement dans notre cas, il faut bien se l’avouer, qu’un pays réellement développé peut être tout simplement défini comme étant un pays où un citoyen fait confiance à ses pairs, qu’il s’agisse de clients, de prestataires de services publics, de voisins, de bouchers, de promoteurs immobiliers ou encore d’automobilistes. La simplicité dans les relations serait donc le luxe ultime…

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