Post mortem : hommage posthume à Abdelkader Lyagoubi, militant engagé

Par Taoufiq Boudchiche, ami et parent du défunt

Ce sont les larmes aux yeux que j’ai appris le décès de Sidi Abdelkader (LYAGOUBI) ainsi désigné d’abord par son prénom avec respect et affection par tous ceux qui l’ont connu et fréquenté. La précision du nom était citée en sus car il appartenait à la prestigieuse famille des LYAGOUBI de l’Oriental qui a donné à notre pays des hommes de grande valeur sociale, humaine et morale.

Il était de ces personnalités issue de la Région de l’Oriental que les années fastes post indépendances a fabriqué et qui ont servi leur pays avec une loyauté et une compétence remarquables.

Il a également occupé des postes prestigieux dans la haute administration (Energie et Mines, Tourisme…) avec une humilité naturelle inégalée et faisant de la proximité avec les populations locales sa principale ligne de conduite.

Dans les années 80, Il a été ce chef de cabinet d’un ministre en vue à l’époque, auquel j’allais rendre visite, moi jeune étudiant, pour demander conseils et orientations pour mon doctorat. Il était toujours au fait des idées et concepts en vogue au niveau international qu’il savait rendre opérationnels dans le secteur où il a exercé.

C’est avec lui que j’ai eu à connaître à l’époque au début des années 80 la portée et l’intérêt des politiques d’économie d’énergie au Maroc, celle des énergies renouvelables, ensuite passé au secteur touristique, le concept de tourisme de niche (tourisme de montagne, Trekking, golfique, etc…), et j’en passe…

Dans la salle d’attente à l’époque de ses hautes fonctions, toujours occupée de visiteurs pour le rencontrer, se côtoyaient gens du peuple, toutes catégories sociales confondues souvent des modestes citoyens portant le burnous venant parfois de loin par le train de nuit Oujda Rabat pour demander un service pour l’un, une intervention pour l’autre.

Tous étaient reçus personnellement avec une courtoisie et une attention remarquables. Je lui avais dédié ma thèse de doctorat soutenu à Grenoble tant ses conseils, son soutien et son amitié étaient exceptionnels et m’avaient été précieux pour poursuivre mes études universitaires.

Bien plus tard nos liens familiaux aidant j’ai eu l’honneur de conserver son amitié et je me refusais jamais le plaisir de le revoir régulièrement autour d’un café ou d’un déjeuner pour l’écouter converser sur l’actualité qu’il reliait constamment avec brio à une connaissance quasi anthropologique des hommes de pouvoir, de l’histoire contemporaine du Royaume et de la vie politique qu’il avait pratiqué pendant un moment en tant que citoyen engagé dans la vie publique locale. Si j’avais un seul regret de mon lien avec lui ce serait de n’avoir pas su le convaincre de retranscrire par écrit son savoir oral sur la Région que ne saurait à mon humble avis restituer aucun ouvrage à ce jour.

Il avait une qualité rare chez ceux qui avaient occupé de hautes responsabilités dans l’administration centrale celle d’être resté attaché avec passion et conviction à son terroir local d’Ahfir jusqu’à Berkane dont il connaissait finement tous les recoins de la géographie physique et sociale jusqu’à citer les tribus d’antan qui ont façonné démographiquement sa province natale. Et, aussi dont il savait relier avec un grand talent pédagogique et une mémoire exceptionnelle L’histoire des familles locales. Il tenait cela probablement de Feu son respectable père Le Caid El Mekki.

A la fin de sa carrière, retraité, trop tôt pour un homme qui avait encore tant à donner au pays, il a trouvé une intense consolation à retourner dans ses terres natales aux environs d’Ahfir pour redevenir « agriculteur » comme il se plaisait à se présenter; heureux de cultiver quelques modestes hectares d’olivier reçus il y a déjà fort longtemps en héritage.

Son rappel vers l’Eternel s’est produite à l’image de sa personne discrètement et avec l’humilité si connue des LYAGOUBI malgré les fonctions prestigieuses qu’ils ont pour la plupart occupé de père en fils au sein des Forces Armées Royales et dans la haute fonction publique; un départ de ce bas monde sur la pointe des pieds jusqu’à surprendre même ses plus proches.

Repose en paix Cher Sidi Abdelkader, cher parent et cher grand frère. Ton souvenir et ton empreinte resteront inoubliables de notre vivant auprès de tes proches et amis. Nous sommes à Dieu et à Dieu nous retournons.

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