Quand le pouvoir d’Alger instrumentalise sa déchéance contre la Maroc

Hassan Alaoui

Notre propos porte sur une actualité maroco-algérienne que l’on a tendance à mettre entre parenthèses et portant sur les agissements algériens eu égard au Sahara et au Maroc en général.

La presse et en particulier la télévision d’Alger s’est efforcée ces derniers jours de nous montrer une autre image du Président Bouteflika qui recevait son ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel, chargé depuis longtemps de la stratégie officielle algérienne pour l’affaire du Sahara  et irréductible adversaire du Maroc ! Il n’y a pas si longtemps encore, il disait à un diplomate égyptien que « l’affaire du Sahara est une affaire de vie et de mort pour l’Algérie » ! Ce même Messahel qui, lors de la crise maroco-espagnole de 2002 à propos de l’Îlôt de Tourah, préférait apporter le soutien de son pays à l’Espagne en déclarant sans complexe : « L’Algérie récuse toute politique de fait accompli ou de violation de la légalité internationale ». Le comble de cynisme

L’audience accordée à Messahel au Palais Mouradia ,filmée à grands renforts de détails techniques et de  jeux de lumières pour nous montrer un Président en possession de ses capacités physiques et intellectuelles ne trompe personne. Elle paraissait d’autant plus factice et fabriquée qu’elle risquait de susciter l’effet contraire : celui d’un Bouteflika encore plus figé, momifié et confirmant ce que certains ne cessent de dire de sa santé très diminuée, poussé quant à lui à des gestes forcés et mécaniques ! Un homme à la mobilité inexistante, maintenu à la fois sur le plan de la paralysie qui le frappe et sur celui du pouvoir !

Il est évident que cette scène survient quelques semaines après la série de commentaires marquant les défaillances et les défections de visites officielles de chefs d’Etat que devaient effectuer à Alger Angela Merkel entre autres et le Président iranien, qui ont été purement et simplement annulées !

De la même manière que nombreuses ont été et sont les interrogations à propos de son évacuation urgente à l’étranger pour des soins !

Le luxe mis à nous montrer un Président capable de signer des textes, des décrets et donner des ordres relève de ce souci de taire les rumeurs malveillantes, mais pourtant persistantes sur une fin de règne très annoncée régulièrement ! Il répond également au besoin de dire aux prétendants impétueux à la succession que Bouteflika ne lâche pas prise et qu’il pourrait même briguer un 5ème mandat !

Il existe en effet une âpre lutte au pouvoir à Alger qui oppose des clans différents sur fond d’une double crise politique et économique, alimentée de rumeurs et de campagnes de désinformation ! Après avoir éliminé en 2015 le principal adversaire , en la personne du général Lamine Mediene, dit « Toufik » , fondateur et patron pendant des années du fameux DRS ( Direction du Renseignement et de la sécurité) et purgé son clan, Bouteflika a semblé reprendre la main face au général Gaïd Salah – vice ministre de la défense – à la tête de l’armée et en renforçant sa mainmise sur les services ! Il ne croyait pas si bien faire : car le même Gaid Salah , mettant à profit la dégradation de la santé de son Président, ne se gène pas de briguer sa succession et se positionne de plus en plus ouvertement comme un potentiel candidat à la présidentielle !

Nous sommes en face de ce qu’on peut appeler un scénario shakespearien !

Le général Gaid Salah, dévoré par la politique, n’hésite pas à jouer le Présidentiable et veut devancer toute autre velléité, notamment celle du frère Said Bouteflika donné pour malade et condamné à abandonner ses ambitions politiques !

Le général Gaïd Salah ne porte pas le Maroc dans son cœur et, il y a quelques mois, il s’est rendu dans la région du sud ouest algérien, à Béchar , à quelques encablures de la frontière de notre pays pour faire une démonstration de force  – un exercice militaire à balles réelles – lamentable et annoncer que «le Maroc est l’ennemi à combattre de l’Algérie » !

Il convient de souligner que l’agitation à laquelle on assiste à Alger comme sur les frontières avec le Maroc est destinée à camoufler une profonde crise et une volonté de dissimuler la réalité d’un pouvoir en pleine déliquescence, mais aussi pour détourner le regard du peuple algérien de ses soucis quotidiens ! Comme à l’accoutumée depuis quarante ans maintenant le régime militaire algérien ne cesse de fabriquer au quotidien son ennemi juré, le Royaume du Maroc transformé à tout bout de champ en bouc émissaire !

 

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