Production industrielle : +3,2 % au 1er trimestre 2025, portée par l’automobile et la chimie

Au premier trimestre 2025, l’économie productive du Maroc a enregistré des évolutions contrastées, selon la dernière note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP) portant sur l’Indice de la Production Industrielle, Énergétique et Minière (IPIEM). La tendance générale reste à la hausse, portée par des secteurs industriels stratégiques et une dynamique extractive robuste, mais certains segments, notamment les branches liées à la consommation, continuent de s’essouffler.
D’après les données dévoilées par le HCP, la production des industries manufacturières, hors raffinage de pétrole, a progressé de 3,2 % sur un an au premier trimestre 2025. Cette amélioration s’explique principalement par la performance remarquable de certaines branches industrielles à forte valeur ajoutée.
Parmi les locomotives du tissu industriel figurent la fabrication d’équipements électriques, dont l’indice a bondi de 24,7 %, ainsi que l’industrie automobile (+12,7 %), secteur phare des exportations marocaines. L’industrie chimique (+8,2 %) et la pharmaceutique (+10,6 %) confirment également leur rôle croissant dans la diversification du tissu industriel national. La métallurgie (+14,0 %), quant à elle, signe un redressement notable, dans un contexte de demande accrue pour les intrants liés aux infrastructures.
Cette dynamique confirme la consolidation d’un modèle industriel marocain orienté vers des chaînes de valeur plus complexes, tout en bénéficiant d’effets d’entraînement sur d’autres segments intermédiaires.
Lire aussi : L’industrie en avril 2025 : la production stagne, les ventes augmentent
Des contreperformances notables dans des secteurs traditionnels
Cependant, cette croissance sectorielle ne saurait occulter la baisse significative de la production dans certaines branches historiquement importantes. La fabrication de produits à base de tabac enregistre une chute spectaculaire de 27,3 %, tandis que la fabrication d’autres matériels de transport recule de 12,1 %. D’autres branches comme la production de boissons (-5,5 %), les produits informatiques et électroniques (-5,6 %), ou encore les produits métalliques hors machines et équipements (-6,1 %) s’inscrivent également dans une tendance baissière.
Le repli de ces branches peut s’expliquer par une demande intérieure atone, une pression accrue sur les coûts de production, et une faible compétitivité sur les marchés extérieurs, notamment pour les produits à faible valeur technologique.
Selon le HCP, certains segments du textile et de l’habillement affichent également une stagnation ou un recul léger, illustrant les difficultés structurelles persistantes de ces secteurs face à la concurrence internationale.
Des performances soutenues dans l’extraction et l’énergie
Le secteur des industries extractives a connu une croissance remarquable de 10,8 % au premier trimestre, sous l’effet combiné d’une hausse de 11,3 % des « autres industries extractives » (notamment les phosphates) et d’une légère amélioration de 0,2 % de l’extraction des minerais métalliques. Cette dynamique reste étroitement liée à la conjoncture internationale favorable des cours des matières premières et à la reprise de la demande mondiale, notamment en Asie.
De son côté, l’indice de production de l’énergie électrique a progressé de 7,1 %, traduisant une hausse de la consommation nationale et la montée en puissance progressive des capacités de production, y compris issues des énergies renouvelables. Le HCP souligne que cette tendance consolide l’adéquation entre les besoins de l’économie productive et les ressources énergétiques mobilisées.
L’analyse de l’évolution trimestrielle met toutefois en lumière une relative décélération par rapport aux pics enregistrés en 2024. Après un quatrième trimestre particulièrement dynamique, le premier trimestre 2025 affiche un léger repli des indices globaux dans l’industrie manufacturière (120,2 contre 139,0 au T4 2024) et dans les industries extractives (128,2 contre 150,2). Cette inflexion appelle à la prudence quant à la soutenabilité de la reprise.
Les résultats publiés par le HCP confirment l’ancrage du Maroc dans une stratégie industrielle en mutation, avec une montée en gamme progressive de son appareil productif. Néanmoins, la persistance de contre-performances dans certains segments interpelle sur la résilience de certaines branches traditionnelles. La transition vers une industrie marocaine plus intégrée et compétitive passe ainsi par une réallocation efficace des ressources, un soutien ciblé aux filières en difficulté et une poursuite déterminée des réformes structurelles.