Quand le couscous suscite l’espoir d’un rapprochement politique entre les pays du Maghreb

Quatre « mousquetaires » se sont unis pour protéger leur plat favori. Le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et la Tunisie, ont tous plaidé pour inscrire le couscous au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, en portant ensemble le dossier « Savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous », sans se disputer la paternité de ce plat.

C’est le plat emblématique du Maghreb, que ce soit au Maroc, en Algérie ou bien en Tunisie ou même en Mauritanie, chacun a son dogme sur la façon de cuisiner le couscous, qui est officiellement entré, le mercredi 16 décembre, au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, après une candidature commune de ces quatre pays du Maghreb, qu’ils avaient soumis en mars 2019. Une sacrée reconnaissance gastronomique et culturelle !

Le couscous est désormais universel, grâce à la coopération intermaghrébine. Dans un communiqué conjoint, les 4 délégations maghrébines à l’Unesco disent « récolter, aujourd’hui, le fruit des efforts de coopération partagés à travers l’inscription des savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production du couscous en tant que patrimoine universel à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ». En ce sens, cette inscription constitue, selon ces délégations, un « pas positif à même d’encourager davantage de coordination et de travail au sujet d’initiatives collectives concernant d’autres éléments culturels communs ».

Ayant une forte symbolique dans les cultures maghrébines, le couscous « reflète le style de vie et les dimensions sociales qui résident dans sa consolidation des liens culturels et sa contribution au renforcement des liens civilisationnels communs aux peuples de la région ».

Symbole du « vivre ensemble » dans les quatre pays, « femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, sédentaires et nomades, issus du monde rural ou citadin, ainsi que de l’émigration » s’identifient à ce « mets emblématique », selon le dossier de candidature.

Par ailleurs, aucune recette ou information culinaire potentiellement sensible n’a été mentionnée dans ce document. Présent dans tous les événements familiaux ou culturels, que le moment soit « heureux ou tragique » comme le rappelle le document, ce plat ancestral a en effet autant de recettes que de noms. Ses appellations différent selon les régions « Seksou », « Kousksi », « Kseksou », le mot « couscous » est issu de la transcription latine des termes berbères « Seksu », « Kuseksi » et « Kseksu » (grains bien roulés) et apparaît sous la forme « kuskusi » dans les dictionnaires arabes à partir du XIXe siècle. Certaines populations du Sahara l’appellent « Ucu » (nourriture en langue amazighe). En Algérie et en Tunisie, on le nomme aussi « naama », ce qui pourrait signifier « providence ».

Notons que c’est la première fois que quatre pays du Maghreb unissent leurs efforts pour un dossier commun. L’initiative a soulevé des espoirs que le plat populaire soit la mise en bouche d’un rapprochement politique.

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