Quand un député du PJD qualifie Stephen Hawking de «nigaud»

Par Saad Bouzrou 

Lors d’une conférence à la faculté Ben Msik des Lettres et des Sciences humaines de Casablanca, le député du Parti de la justice et du développement (PJD) et prédicateur, Abouzaid El Mokrie El Idrissi, a critiqué le physicien théoricien et cosmologiste britannique, Stephen Hawking, en le qualifiant de «plus stupide que l’âne» et en prenant, à la fin de son intervention, la défense de Iyad Qanibi, un salafiste jordanien connu pour son affection envers des organisations terroristes comme Daech et le Front al-Nosra.

Alors que les étudiants de la faculté Ben Msik s’attendaient à une conférence sur «les raisons scientifiques et psychologiques derrière le nouvel athéisme», le prédicateur marocain, El Mokrie El Idrissi, s’est attaqué au sujet sous un autre angle : celui de lire un passage sur «le commencement de l’univers» du livre «Brèves réponses aux grandes questions» de Stephen Hawking et traiter son auteur de «nigaud».

Pis que cela, El Idrissi a poursuivi son intervention en invitant les étudiants présents à la conférence à voir les vidéos d’un certain Iyad Qanibi, «refoulé par les Etats-Unis d’Amérique car ils l’ont considéré comme un terroriste scientifique, parce qu’il a dit que Dieu existe», a-t-il ajouté.

Connu pour sa sympathie envers des groupes terroristes comme Daech, le Front al-Nosra ou encore les Talibans, Iyad Qanibi a été plusieurs fois arrêté par les services de sécurité jordaniens qui l’accusent de soutenir des islamistes radicaux comme le fondateur du Front al-Nosra et de Hayat Tahrir al-Cham, Abou Mohammed al-Joulani. En 2013, un tribunal jordanien l’a condamné à deux ans et demi de prison pour avoir soutenu financièrement les Talibans, avant qu’il soit arrêté une deuxième fois en 2015 par la police jordanienne pour avoir fait la «promotion d’organisations terroristes» et voulu «déstabiliser le régime jordanien». Dans un enregistrement audio qui remonte à 2014, Qanibi a soutenu la décision de Daech d’imposer le voile à toutes les femmes en Irak et en Syrie et d’interdire la cigarette aux hommes, sous prétexte qu’elle est en adéquation avec «l’application de la Charia».

Cette situation soulève plusieurs questions quant au rôle de l’Université marocaine dans la préservation et la promotion d’un monde éclairé. N’est-il pas donc venu le temps de couper les ponts avec les discours obscurantistes qui appellent à la stigmatisation et la haine de l’autre sur la base de ses idées ou de son appartenance religieuse ? Ne faut-il pas donner à l’étudiant marocain l’opportunité de mieux connaître et comprendre d’autres concepts, de réfléchir sur les sciences contemporaines et épouser les disciplines porteuses d’émancipation et de discernement, au lieu de baigner dans le rejet de l’autre et la peur de la différence ?

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