Quel jeu de la France ? France-Turquie, retrouver les fils d’une alliance multiséculaire

Quel jeu de la France ? Quel peut être le jeu de la France dans le monde actuel ? Sans doute pas de continuer à se fondre dans une union européenne sans âme et sans consistance, simple cache-sexe de l’hégémonie allemande. Sans doute pas en adhérant bêtement à une sorte de pensée unique occidentale qui consiste à donner des leçons au monde entier sans prendre en considération les problèmes considérables de son propre peuple. Une politique étrangère d’envergure nécessite du courage (notamment face aux groupes de pression), de la volonté et de l’imagination. C’est ce qui a prévalu quand la France était gouvernée, c’est-à-dire sous la Monarchie et sous Charles de Gaulle. C’est hélas ce qui semble le plus manquer à une classe politique veule et incapable.

Dans un article publié par L’Opinion du 10 septembre, Jean-Dominique Merchet déplore la politique de deux poids deux mesures d’Emmanuel Macron à l’égard de la Turquie. Il constate que Macron « ne perd pas une occasion de jeter de l’huile sur le feu » et affirme qu’il est « urgent et indispensable de faire retomber la pression ». De fait on s’explique mal la hargne du dirigeant français à l’égard d’Ankara, à moins que celui-ci, cédant une fois de plus à un européisme maladif, ait abandonné tout sens de l’intérêt national.+

Si M. Macron était mieux conseillé, surtout s’il connaissait mieux l’Histoire de France que le théâtre, il saurait que les relations entre la France et les Turcs sont fort anciennes puisqu’elles remontent au Roi Charles VI et au sultan Mehmet II au XVe siècle et tout le monde connait l’alliance conclue entre le Roi François 1 er et Soliman le Magnifique au XVIe siècle. Les relations diplomatiques entre nos deux pays sont parmi les plus anciennes, après le Royaume du Maroc ou les États pontificaux. Lors de sa visite officielle en Turquie, en octobre 1968, le général de Gaulle rappelait que la pérennité de cette amitié repose sur « la volonté d’indépendance et de souveraineté partagée par la Turquie et la France. » Peut-être est-ce cette volonté d’indépendance qui fait aujourd’hui le plus défaut à Paris…

La France et la Turquie sont les deux principales nations riveraines de la Méditerranée disait le président Nicolas Sarkozy au président Abdullah Gül et au Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, lors de sa visite en février 2011.Cela crée des obligations, et la première d’entre elles consiste à ne pas se livrer à des gesticulations antiturques intempestives, lesquelles sont jugées comme ridicules par les puissances (notamment les États-Unis, la Grande Bretagne et l’Allemagne). Il faut redire ici que l’Union européenne sans âme et sans consistance, simple cache-sexe de l’hégémonie allemande, n’a pas de diplomatie et c’est heureux.

Il appartient aux grandes nations d’avoir leur propre diplomatie. La question ne consiste pas à savoir si l’on aime tel ou tel homme, tel ou tel régime, car cela est l’affaire des seuls peuples concernés, mais plus exactement de savoir où est l’intérêt supérieur de la nation. Il convient de ne jamais se laisser conduire par les sentiments et l’idéologie.

Il convient également de comprendre les lignes rouges que constituent certains dossiers pour les grands pays, ainsi la Turquie considère légitimement que le PKK – et son rameau syrien – constitue une menace pour sa sécurité en raison de son projet séparatiste, de son idéologie marxiste et de ses attentats terroristes.

À tous égards, la Turquie est un voisin et une force de stabilité en Méditerranée orientale. L’ancienneté de l’amitié France-Turquie devrait inspirer une diplomatie française plus réaliste et moins alignée sur des lobbies dont l’action ne correspond pas à nos intérêts fondamentaux. Les relations franco-turques sont enracinées dans le passé et elles doivent rebondir dans l’intérêt des deux pays.

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