Quel rôle pourrait jouer l’éducation financière en temps de crise ?

Face à cette crise sanitaire inédite que connaît le monde et qui touche de plein fouet les ménages, notamment les jeunes, de plus en plus de pays prennent conscience qu’il est temps d’agir pour inculquer la culture financière chez leurs populations. Au Maroc, la Fondation Marocaine pour l’Education Financière (FMEF) s’occupe de renforcer la gestion des risques pour les catégories vulnérables, faciliter l’accès des petites entreprises au financement et consolider l’éducation financière auprès des jeunes et ménages. MAROC DIPLOMATIQUE fait le point avec la FMEF sur l’importance de l’éducation financière en temps de crise.

Depuis le début de la crise Covid, la Fondation marocaine pour l’éducation Financière (FMEF) a suivi la situation liée au développement du coronavirus et ses impacts sur les environnements économique, professionnel et social, en vue de cerner, selon Imane Benzarouel, adjoint au directeur exécutif de la Fondation, « les changements soudains pouvant survenir aussi bien dans les finances personnelles, celles des ménages et celles de l’entrepreneur ainsi que les compétences financières à développer pour agir dans pareilles situations et résister aux chocs qui en résulteraient (gestion du budget et de la trésorerie, gestion des crédits, utilisation de l’épargne, recours et utilisation des aides mises en place par l’État pour faire face à cette pandémie…) ». Pour la FMEF, les jeunes sont une priorité, compte tenu de « leur exposition de plus en plus à des prises de décisions financières qui peuvent avoir une incidence sur leur bien-être financier à long terme », explique que notre source.

Quand les jeunes arrivent au marché de l’emploi et deviennent les décideurs et parents de demain,selon cette responsable de la FMEF, « on se rend compte de l’importance de les doter des compétences financières en vue de les aider dans l’accomplissement des différentes étapes de la vie et des décisions financières y afférant ». Notons que les jeunes ont été identifiés comme cible prioritaire des programmes de formation et de sensibilisation de la Fondation depuis le premier plan stratégique de la FMEF (2014-2018). Afin de permettre à cette cible un meilleur accès et une meilleure utilisation des services financiers adaptés, les jeunes ont été maintenus également comme cible prioritaire du deuxième plan stratégique de la FMEF (2019-2023) et identifiés comme tels par la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière.

Alors, comment assurer une éducation financière efficace aux utilisateurs des services digitalisés, notamment, les jeunes ? L’adjoint au directeur exécutif de la Fondation souligne que « les études menées à l’international, notamment celles de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), confirment que les compétences financières limitées exposent les citoyens à des risques importants qui entravent une prise de décision réfléchie, une utilisation responsable des services financiers et la saisie des opportunités ». Et d’ajouter : « ce constat prend toute son ampleur au vu de la vitesse de développement des services financiers grâce à l’essor du digital et l’apparition de nouveaux acteurs ».

En effet, le développement des services financiers digitaux « multiplie aussi bien les opportunités pour le consommateur que les risques, impliquant ainsi de nouveaux défis pour l’éducation financière », indique Benzarouel. Reconnaissant le rôle de la finance digitale dans le renforcement de l’accessibilité et la réduction des coûts des services financiers pour les segments défavorisés, le G20 a défini en 2016 huit principes de l’inclusion financière digitale dont la 6e porte sur l’éducation financière et digitale. « Ce principe rappelle l’importance de soutenir et d’évaluer les programmes de sensibilisation et d’éducation pour améliorer les compétences financières à la lumière des caractéristiques, des bénéfices et des risques spécifiques des services et des canaux digitaux », explique-t-elle.

De son côté, la Fondation a défini les axes de son 2e plan stratégique sur la base des conclusions d’un diagnostic approfondi de l’inclusion financière au Maroc qui a fait ressortir des écarts significatifs en termes de pénétration de l’épargne et du crédit par rapport à des pays comparables. « En effet, les écarts entre hommes et femmes, urbains et ruraux, jeunes et moins jeunes sont particulièrement accentués au Maroc », commente notre source.

L’éducation financière, un enjeu majeur pour l’épargne

Interrogée sur l’éducation financière en matière d’épargne, Imane Benzarouel nous précise que « face à cette réalité prégnante et au regard de l’importance de l’épargne en tant que composante cruciale de la sécurité financière et du bien-être économique, la Fondation a placé aussi bien la thématique de l’épargne que les services financiers digitaux au cœur de sa stratégie de développement et de déploiement de contenus pédagogiques adaptés aux différentes cibles prioritaires, qui sont à partir de 2019 et au regard de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière, les jeunes (15-24 ans), les femmes, la TPE et les ruraux, l’objectif étant de développer à la plus large échelle possible, les compétences financières de ces cibles et de là contribuer à leur bien être financier ». C’est ainsi que les programmes développés pour les jeunes, que ce soit dans le cadre des programmes de formation professionnelle ou à travers les médias et les réseaux sociaux, intègrent systématiquement les compétences liées à l’épargne, son importance dans la vie de chacun, ses formes et les différents services financiers qui la permettent.

Cette institution vise, dans ce sens, de faire adhérer, le plus tôt possible, les jeunes de notre pays à la culture de l’épargne et son importance comme facteur essentiel de leur équilibre et leur bonne santé financière. D’ailleurs, la FMEF avait lancé, à cet effet, en date du 26 mai, une campagne digitale de sensibilisation et d’information pratique, en faveur des cibles (entrepreneurs, ménages et particuliers) pour les informer et les doter de ressources leur permettant de prendre des décisions financières adaptées à leur situation et les aider à faire face à l’impact économique de la crise sanitaire. La campagne s’est articulée autour de thématiques diverses concernant les particuliers, à savoir, la gestion adaptée du budget, la gestion de l’épargne, l’épargne d’urgence, l’utilisation de services financiers digitaux…

Pour les entrepreneurs, les sujets abordés visent à leur permettre de répondre aux principales questions que pourrait se poser la majorité de cette cible en cette période : Comment puis-je évaluer l’impact de cette crise sur mon affaire et mon activité ? Comment diagnostiquer la situation financière de mon entreprise/activité ? Comment gérer ma trésorerie dans ce cadre ? Comment évaluer mon besoin de financement et comment y accéder ? Le déploiement de ces contenus s’est fait sous différents formats et à travers divers outils : capsules vidéo ; vidéo-expert détaillant les explications nécessaires pour les entrepreneurs ; formulaire pour le diagnostic, tableau de gestion de la trésorerie…

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