Ramadan entre recueillement et gavage

On est à la veille du mois sacré et comme à l’accoutumée, le comportement des gens change. On sent une frénésie qui prend d’assaut les femmes et les hommes, la fièvre ‘’acheteuse’’ touche la majeure partie de la population mais à des degrés différents.  A Hay Mohammedi , Sidi Moumen, Lissasfa etc.… On constate une effervescence inimaginable alors que du côté des quartiers huppés comme Californie,  Anfa, Ain Diab  etc.… c’est le calme absolu. Là où certains Casablancais quittent le pays pour une OMRA aux lieux saints pour purifier l’âme et le corps. 

Depuis un mois, les couturiers des ‘’Djellabas’’, ‘’Kmiss’’ ou ‘’ Gandourra ‘’ sont à l’œuvre, des nuits blanches pour répondre aux commandes des clients.  «  Pour une djellaba, il faut compter entre 300 et 3000dhs selon le type de tissus et  les motifs demandés », nous confie Zoubida, une couturière à Bernoussi.

Allal, 70 ans se frotte déjà les mains et fait appel aux renforts en recrutant des mains agiles pour la broderie ( Sfifa, laakad etc.…).

Côté masculin, au sein des kissarias on marche coude à coude à la recherche de ‘’ gandoura’’, ‘’ Seroual’’ et ‘’babouches’’, on essaie, on marchande.

 Au marché de Carrière Centrale, les ustensiles de Ramadan sont mis en exergue, bols, cuillères en bois ustensile incontournable  pour une bonne Harira traditionnelle du mois sacré.

Les odeurs et parfums de la « Chabakia » fusent de partout. Cette  pâtisserie marocaine très parfumée frite dans de l’huile puis trempée dans du miel et parsemée de graines de sésame est l’emblème du ftour.

A chaque coin de rue, des plateaux de ce fameux gâteau interpellent les passants.  Cela coûte entre 35 et 150 Dh/kg. « Comme vous pouvez le constater, tout ce que peut demander la ménagère est là, exposé de manière saine. Ce qui établit une certaine confiance entre clients et vendeurs. Pour ce qui est des prix, ils sont affichés comme stipulé par la loi, et diffèrent d’un produit à un autre »,  nous déclare Mohamed un commerçant.

On touche, on sent et on achète selon les moyens de chacun. Pour les dattes, les prix peuvent aller de 35  à 200 DH et même plus, et cela dépend de la qualité, de la provenance et de l’abondance du produit. Pour ce qui est des œufs, autre produit très consommé en ce mois sacré, ils connaissent une légère hausse. Cela est dû, comme nous l’explique ce vendeur du marché des « biyadas » aux grandes chaleurs que traverse le pays, ces derniers jours et à la forte demande occasionnée par le mois de Ramadan, le coût est de 1,20 dh l’œuf.

Par ailleurs, une forte demande concerne le lait, le beurre et le miel. En ce qui concerne le poisson, il reste hors  des bourses de la majorité de la population, des augmentations vertigineuses sont attendues comme l’an dernier.  Le  prix de la sardine a atteint 30dh/kg.

Les lentilles et pois- chiche du pays sont rares et coûtent plus cher que ceux importés, pour les pois-chiche  le prix a totalement doublé pour atteindre 20Dh/ Kg. Cela n’empêche pas la ménagère de demander le produit local, car, « même plus cher, il donne une saveur particulière à notre soupe », nous a confié une quinquagénaire qui faisait ses achats au marché de Carrière Centrale.

A côté de tout cela, une forte demande concerne la semoule, le maïs et le blé fracassé. Cela s’explique, comme nous le déclare un commerçant, par le fait que contrairement aux autres années, à cause de malaises dus aux indigestions, les gens commencent à consommer beaucoup plus ce qu’on appelle les «soupes blanches », qui sont, de l’avis de tous, plus diététiques.
« Les prix sont vraiment élevés, pour un employé qui touche le SMIG et qui a une famille à nourrir, il n’est pas sorti de l’auberge », nous confie Hajja Najat.

Dans les quartiers les plus huppés de Casablanca, la situation est au poids mort, c’est le calme qui règne. Les gens préfèrent le pâtissier du coin où les ‘’briouates’’ , ‘’ Msemen’’ , ‘’ Chabakia’’ ou encore ‘’Sellou’’  sont déjà préparés et les prix peuvent aller jusqu’à 150 dhs voire plus, et on ne lésine pas sur les moyens. «  De temps en temps, je préfère rompre mon jeûne dans certains restaurants qui offrent un buffet où le prix varie entre 200 dh et 400 dh par personne », nous déclare  Mahdi un habitant du quartier Gauthier.

 En principe, le mois du Ramadan  devrait être consacré à la prière et à la médiation. Mais on constate que les dépenses se multiplient aussi bien chez les couches défavorisées que les plus aisées. La table du ftour est très garnie et variée à rassasier l’œil avant la rupture du jeûne.

Le premier jour, voire durant ce mois sacré les nerfs se chauffent, le manque de nicotine et du sommeil accentuent la nervosité chez les conducteurs et particulièrement chez les chauffeurs de taxi, c’est ce qu’on appelle ‘’ Tramdina’’.

Durant ce mois sacré, Casablanca se réveille la nuit. Les mosquées, les cafés et les rues pullulent de gens. La vie nocturne s’installe tout au long du Ramadan.

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