Réforme des prix des médicaments : les pharmaciens dénoncent un manque de concertation
Alors que le ministère de la Santé prépare une réforme de la tarification des médicaments, les syndicats de pharmaciens dénoncent un manque de concertation. Inquiets des répercussions sur l’offre pharmaceutique, ils redoutent une baisse ciblant les médicaments à bas prix qui risquerait de décourager les laboratoires de les produire, au détriment à la fois des pharmaciens et des patients.
La réforme imminente du système de tarification des médicaments suscite de vives tensions au sein de la profession pharmaceutique. La Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc déplore un manque de concertation dans l’élaboration de cette réforme, annoncée récemment par le ministère de la Santé et de la Protection sociale. Selon cette organisation, les représentants des quelque 14.000 pharmaciens du Royaume n’auraient pas été associés au processus décisionnel.
Le projet de réforme vise notamment à alléger les charges supportées par les organismes d’assurance maladie, en particulier la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), en revoyant les prix des médicaments à la baisse. Cette orientation suscite des interrogations, notamment sur les critères de ciblage des produits concernés par la baisse tarifaire.
Lire aussi : Lancement d’un processus de révision approfondie du système de tarification des médicaments
Les syndicats de pharmaciens affirment ne pas s’opposer de principe à une révision des prix, mais estiment que celle-ci devrait se concentrer sur les médicaments les plus onéreux. Ces derniers, souvent utilisés pour le traitement de pathologies graves, représentent une part importante des dépenses des mutuelles – environ 32 % selon les estimations professionnelles. Il s’agirait notamment de médicaments dont le coût unitaire est compris entre 400 et 2.000 dirhams.
Toutefois, les inquiétudes portent sur une possible orientation de la réforme vers des produits à bas prix, largement utilisés par les patients pour des affections courantes. Une telle mesure pourrait, selon les professionnels, engendrer une baisse de rentabilité pour les laboratoires, ce qui risquerait de provoquer un désengagement dans la production de ces médicaments essentiels. Ce scénario serait préjudiciable à la fois pour les officines et pour les citoyens, notamment les plus modestes.
L’inquiétude grandit dans les rangs des pharmaciens, d’autant que cette réforme intervient dans un contexte de pressions économiques accrues sur le secteur. Certains syndicats n’écartent pas l’éventualité d’un durcissement de leur position, notamment à travers le recours à une grève nationale, si aucune démarche participative n’est mise en place.
La réforme du système de tarification, bien que nécessaire pour rationaliser les dépenses publiques de santé, met ainsi en lumière les tensions persistantes entre les pouvoirs publics et les professionnels de la santé. Elle pose aussi la question du mode de gouvernance dans les politiques de santé publique, et du besoin d’inclure l’ensemble des parties prenantes dans des décisions aussi structurantes.