Réforme des retraites en France : 23e jour de mobilisation, nouveau week-end compliqué

Désormais plus long que les grèves de 1995, le mouvement contre la réforme des retraites en était vendredi à son 23e jour, avec des syndicats déterminés et des voyageurs qui se sont préparés à un nouveau week-end compliqué dans les transports.

Le trafic va rester perturbé, avec en moyenne 6 TGV sur 10 et 1 Transilien sur 5 en circulation jusqu’à dimanche soir, et encore six lignes de métro fermées samedi à Paris. La SNCF prévoit également la circulation de trois TER sur dix samedi, 4 TER sur dix dimanche, et une moyenne sur le week-end de trois Intercités sur dix.

Quelque 800.000 voyageurs sont attendus ce week-end dans les 1.300 trains — TGV Inouï, TGV Ouigo et trains Intercités — promis à la circulation.

A quelques jours d’une nouvelle vague de départs pour le réveillon du Nouvel an, la SNCF a d’ores et déjà annoncé que le trafic ferroviaire resterait perturbé avec « 45% à 50% » des TGV en moyenne en circulation lundi 30 et mardi 31, 35% le 1er janvier et 50% le 2 janvier.

Dans le métro parisien, la nuit de la Saint-Sylvestre (31 décembre-1er janvier), seules les lignes automatiques 1 et 14 circuleront jusqu’à 02H15 du matin. Toutefois, les tramways 2, 3a et 3b seront en circulation toute la nuit et les lignes de bus Noctilien seront renforcées.

Le conflit, désormais plus long que celui de 1995 dans les transports (22 jours), semble bien parti pour dépasser le record de 28 jours atteint en 1986-1987 à la SNCF, également sans trêve de Noël.

Pour Patrick, voyageur interrogé gare Montparnasse à Paris, le mouvement est en train de « pourrir un peu » en l’absence « de compromis ». « Cela traîne et c’est gênant surtout pour les usagers », estime-t-il.

Malgré des difficultés d’expédition de carburant constatées sur deux des sept raffineries de France métropolitaine en raison de la grève, l’approvisionnement des stations-service est « quasi normal », selon le ministère de la Transition écologique. Total évoque des difficultés d’approvisionnement dans un peu moins de 10% de ses stations en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et 4% en Île-de-France.

Aucune trêve n’est intervenue, malgré les appels d’Emmanuel Macron et de membres du gouvernement, mais aussi du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui soutient le principe d’un système universel de retraite même s’il s’oppose à l’instauration d’un âge pivot assorti d’un bonus-malus, tout comme la CFTC et l’Unsa.

Tôt vendredi matin, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, qui réclame le retrait de la réforme, s’est rendu auprès de grévistes dans un dépôt de bus RATP à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) pour y dénoncer « la fébrilité du gouvernement ».

A l’appel de la CGT-Cheminots et de SUD-Rail, 400 personnes se sont rassemblées à Lyon à la mi-journée, selon la CGT, et quelques dizaines devant le CHU de Clermont-Ferrand. Des cortèges plus nombreux et plus fournis sont prévus samedi.

Dans un communiqué, Force ouvrière a salué vendredi les premiers fruits de la grève et des manifestations, citant le décalage de l’application de la réforme aux personnes nées après 1975, voire au-delà.

En outre, « des décisions semblent indiquer que certains régimes ou dispositions spécifiques puissent demeurer (militaires et gendarmes, navigants du transport aérien, police, marins, professions libérales…) », s’est félicitée FO, pour qui toutefois « l’heure est encore et toujours à la mobilisation ».

Dernière illustration des concessions faites par le gouvernement: le syndicat de pilotes SNPL, rassuré sur le maintien de sa caisse autonome de retraite et de l’âge de départ à 60 ans pour les pilotes, a annoncé la levée de son préavis de grève pour la journée du 3 janvier.

A cette date, les initiatives devraient reprendre en intensité. Le collectif SOS Retraites, qui regroupe 16 professions libérales disposant de régimes autonomes, appelle à la grève à partir de cette date. Dans leurs rangs: les infirmiers libéraux, orthophonistes, avocats, kinésithérapeutes, experts-comptables…

Dans ce contexte, la prise de parole du président de la République le 31 décembre, pour ses voeux aux Français, est très attendue.

Damien Abad, patron des députés LR, a appelé Emmanuel Macron à « clarifier » ses intentions. Le secrétaire général du PCF Fabien Roussel a, lui, réitéré sa demande que le président « retire sa réforme » lors de cette adresse aux Français pour que le pays « retrouve la voie de l’apaisement ».

Le 9 janvier, une quatrième journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles est prévue à l’appel de la CGT, Force ouvrière, la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse, deux jours après la reprise des concertations entre le gouvernement et les organisations syndicales et patronales.

Avec AFP 

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