Repenser le vivre-ensemble pour vivre dans la paix

DOSSIER DU MOIS

Le vivre-ensemble en débat

Ahmed Ghayat

Militant associatif, Président de l’Association Marocains Pluriels & écrivain

 

Je pense qu’avant tout, l’intolérance et le rejet de l’Autre sont le résultat de la méconnaissance. On a peur de ce que l’on connaît peu ou mal et donc pour s’en « protéger », on le rejette. Les responsabilités sont multiples : l’école qui ne fait pas son travail d’enseignement des différentes civilisations aux médias où les chaînes d’info, en continu, ne surfent que sur le sordide, le nauséabond, ce qui effraie – pour faire de l’audimat – sans bien sûr négliger la responsabilité des politiques dont l’une des tâches serait justement de nous « tirer vers le haut » et qui s’emploient à flatter les bas instincts, par populisme, ni nier la responsabilité de chacun d’entre nous qui, plutôt que d’essayer de s’ouvrir, de comprendre autrui, notamment celui qui est différent, préfère par commodité se replier sur une identité étriquée.

En multipliant les occasions de rencontres, en s’employant à faire découvrir les autres cultures, les autres religions, en faisant appel à « l’Humanité » qui est en chacun de nous… Bref, en  »mixant » au maximum les hommes, les cultures… on pourra réinventer le vivre-ensemble.

La culture est le meilleur instrument du vivre-ensemble. or, partout, on s’aperçoit qu’elle est le parent pauvre des politiques des pays, des régions, des villes.

Faudrait-il donc engager une nouvelle éthique à cet effet ? En l’occurrence, il s’agit de redonner des valeurs, de  »rallumer les lumières ». Nous avons tout cédé à la loi du plus fort, à l’argent facile… Aujourd’hui, le modèle est bien plus le criminel (dans le sens de celui qui se met hors la loi) que le héros du quotidien. Les jeunes sont bien plus admiratifs du dealer que du leader, dans leur quartier, car c’est le dealer qui possède l’argent alors que le leader l’est de par les études qu’il suit, de par son engagement associatif ou son comportement citoyen, civique. Il faut remettre les choses à leur endroit. Il faut fixer des balises, permettre à de nouveaux  »phares » de la pensée de se faire entendre, redire le bien et le mal !

Nous sommes dans une période de convulsions, la crise morale ne vient pas de nulle part : elle provient d’une crise politique, de renoncement de nombre d’intellectuels à exercer leur rôle d' »éclaireurs ». Comment peut-on demander au citoyen, à chacun de nous de respecter l’éthique quand ceux qui sont censés tracer la voie la transgressent chaque jour ?

Le web, les médias ont leur part de responsabilité : les réseaux sociaux sont capables du pire et du meilleur. Or, force est de constater que bien souvent c’est le pire qui prend le dessus.

En fait, sortir de la crise morale que nous traversons ne peut passer que par l’éducation, l’enseignement, la culture…précisément, tous les domaines que nous avons abandonnés !

Ce sera long, mais nous n’avons pas d’autre voie que de tout reprendre à zéro en ces matières : nous avons une lourde responsabilité face aux générations actuelles et futures. Nous les avons laissées pousser comme une herbe folle dans la jungle et c’est l’engrais de la violence qui a été déversée par les « semeurs de haine »…il faut reparler d’amour, de fraternité, d’ouverture, de « rassemblement »… Là encore, le meilleur antidote, le meilleur outil passera par la culture : celle qui tisse du  »commun », celle qui crée la cohésion – et non l’uniformisation –, celle qui fait que l’homme n’est plus un loup pour l’homme, mais son alter ego !

 

 

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