Les Réseaux sociaux : aubaine ou calamité ?

Lorsque le World Wide Web vit le jour, au milieu des années 90, il permit aux gens de partager l’information d’une manière qui n’a jamais été encore possible, jusque là. C’est un concept étonnant qui, en un seul clic nous fait « rencontrer » des personnes ayant des intérêts similaires, nous aide à rechercher des offres d’emploi, à être informé sur les nouvelles actuelles mais aussi illimitées. Toutefois, il y avait encore un aspect personnel qui manquait à cette révolution virtuelle.

Quand le Web 2.0 révolutionne les liens

Il aurait fallu attendre les débuts des années 2000 pour que le web commence à devenir beaucoup plus personnalisé avec l’arrivée des communautés virtuelles ou réseaux sociaux qui ont aussitôt reçu un accueil enthousiaste et ont été embrassés par les masses. On assiste, aujourd’hui, à une explosion des réseaux sociaux et des médias en ligne, aussi bien du point de vue de la quantité que de la diversité. Le partage de contenus et l’interaction entre les différents acteurs sont les maîtres mots du WEB 2.0.

 Le nombre d’utilisateurs de ces sites ne cesse de s’accroître à une allure exponentielle. En peu de temps, les réseaux sociaux ont envahi le quotidien des internautes et des professionnels du web. Nous avons vu les géants du social media que sont Facebook et Twitter s’établir, croître et évoluer. Suivis par une multitude d’autres réseaux plus spécifiques : Instagram, Pinterest, Snapchat, Vine… et la liste est longue. Ils font désormais partie intégrante de notre quotidien pour la majorité des gens. Chacun d’entre eux ayant des milliards d’utilisateurs par jour.

Rien qu’au Maroc, nous sommes plus de 11 millions à en être utilisateurs. Et dans le monde, 2.307 milliards de personnes, selon le rapport annuel de 2016 des UN, US Census Bureau, y sont inscrits.

L’immense impétuosité des réseaux sociaux

 En effet, un événement de la vie quotidienne peut être, par un seul clic et en un clin d’oeil à la portée mondiale. Il peut toucher une personne quelconque comme une des plus grandes firmes internationales. Personne n’est à l’abri car tout le monde débat sur tous les sujets possibles et les médias « Off-line » sont, à chaque fois, les derniers à présenter les informations importantes du moment. Elles n’ont plus d’intérêt que pour ceux qui ont du mal à s’adapter au monde d’internet.

Les gens ont besoin d’interagir les uns avec les autres. Et le réseautage social est juste le dispositif dont nous avons besoin. Malgré le fait qu’il s’agit d’un concept extraordinaire, innovateur et efficace avec des possibilités illimitées, il est nécessaire d’être prudent avec ce que nous affichons et à notre façon d’agir sur Internet. Les informations personnelles publiées en ligne par un utilisateur, auxquelles s’ajoutent les données décrivant les actions et interactions de celui-ci avec d’autres personnes, peuvent donner un profil précis de ses centres d’intérêts et de ses activités. Les données à caractère personnel publiées peuvent être utilisées par des tiers à des fins diverses et présenter de grands risques tels que l’usurpation d’identité, les pertes financières ou l’atteinte à l’intégrité physique.

Selon un rapport de la Commission fédérale du commerce, le vol d’identité était la principale plainte des consommateurs en 2013. Ce dilemme se produit quand un fraudeur vole et accède à des informations qui peuvent fortement affecter leurs finances personnelles.

Les réseaux sociaux nous rendent-ils solitaires et isolés ?

 Les réseaux sociaux peuvent interférer avec nos amitiés réelles. Nous vivons peut-être dans un isolement qui aurait été inimaginable pour nos ancêtres et pourtant nous n’avons jamais été plus accessibles.

 Une récente étude australienne a mis en avant une relation complexe entre solitude et socialisation en ligne. Il en est que les utilisateurs de Facebook avaient, en moyenne, plus de relations amicales réelles, mais moins de relations familiales fortes.

Mais la question à poser est si les réseaux sociaux rendent les gens solitaires ou si les gens solitaires sont attirés par les réseaux sociaux. Apparemment, nos connexions aux sites communautaires fonctionnent comme un syndrome épidémique. Et ce besoin à se connecter relève d’une nouvelle façon d’être. D’un côté, dans les transports en communs, au café ou à la plage, en levant la tête, presque tout le monde a l’attention fixée sur son téléphone, plongé dans son réseau. Peutêtre attendons-nous d’avoir en ligne ce qui nous manque dans la vie réelle ? D’un autre côté, et contrairement à l’idée répandue, les personnes qui ont tendance à utiliser les réseaux sociaux, ont tendance à être plus impliqués dans des activités civiques ou politiques que celles qui ne les utilisent pas.

Indépendamment de tous les obstacles imposés à nos vies, les réseaux sociaux ne nous divisent pas réellement puisque les gens qu’on voit au café, dans les transports ou à la plage, la tête plongée dans leur mobile, ne parlaient pas à des robots mais à des personnes qu’ils jugent importantes dans leur vies.

«Pour vivre mieux vivons cachés » et « déconnectés»

Faut-il juste ne pas y toucher ? Très facile à dire vu le rouleau compresseur que représentent ces réseaux. Facile à dire quand presque 99% des 12 ans et plus sont sur Facebook.

Lorsque l’on a créé une identité sur Facebook, par exemple, on peut la désactiver, certes, mais on ne peut pas la supprimer définitivement ! La preuve est qu’on peut réactiver son ancien compte avec les anciens identifiants quand on veut. Ce qui prouve bien que le profil reste sauvegardé sur les serveurs de Facebook.

Le problème avec ces réseaux sociaux, ces messageries instantanées et ces courriels, est que cette Armada du Net tels que Facebook, Google, Skype, Twitter, You- Tube, etc…. sont tous implantés aux USA puisque les serveurs se trouvent là-bas et par conséquent, toute notre vie privée se retrouve déportée à son tour.

 Les révélations d’Edward Snowden ont dévoilé, au grand jour, des programmes de collecte d’information en ligne comme le programme PRISM ou XKeyscore qui concernent la surveillance mondiale d’internet, mais aussi des téléphones portables et autres moyens de communications, principalement par la National Security Agency américaine (NSA).

Bien sûr qu’ils ont de très bonnes raisons de le faire et on peut le comprendre, notamment sur des sujets comme la lutte contre le terrorisme, le piratage informatique… mais personne n’est dupe et tout le monde sait désormais que les sociétés du net collaborent avec les services de renseignement américain. D’ailleurs Mark Zuckenberg fondateur de Facebook ne s’est jamais caché sur l’utilisation des données personnelles de ses utilisateurs.

 Vie privée «publique»

Les réseaux sociaux, qui sont des sites de publication, ne représentent pas un problème en soi, mais plutôt la collecte et l’analyse des données issues de l’utilisation des services web à l’insu de leurs internautes. Mais peut-on encore parler d’enjeux de vie privée puisque l’utilisateur lui-même, renseigne l’entreprise sur ses propres actes ? Pour cette même raison, les utilisateurs de ces services web « gratuits » devraient réfléchir avant de s’en servir comme s’il s’agissait de simples moyens de communications sécurisés. Le réseautage social, lui, n’oublie jamais rien. Des propos écrits à l’âge de l’adolescence peuvent être ressortis, des années plus tard, au moment d’une embauche par exemple. Imaginez un moment que Facebook soit le concierge de votre immeuble. Qui raconterait sa vie privée dans le hall de l’immeuble à un proche ou un ami en présence du concierge ?

 En conclusion, il est plus facile de faire le procès à la nouveauté que de comprendre les évolutions en cours. Les réseaux sociaux, c’est vrai, diffèrent grandement des outils médiatiques traditionnels comme la télévision. Ils incarnent, comme moyen de communication interactive, la naissance d’une nouvelle société civile mondiale qui pourra livrer combat aux grands défis mondiaux (changement climatiques…). Ces réseaux représentent certes une rupture dans nos modes de vie mais permettent des structures sociales plus égalitaristes.

Par Chaouki Oulkhir

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