Les réseaux sociaux sont-ils en train de bouleverser notre rapport à la vérité?

Dossier du mois

Moussa Elkhal, Juriste, Président de l’Association « Sauver l’Environnement Méditerranéen »

Dr. Faouzi Lakhdar-Ghazal, Maître de Conférences des Universités, Université Paul Sabatier, Centre de Physiopathologie de Toulouse-Purpan (CPTP) Unité mixte INSERM/CNRS/UPS 1043 CHU Purpan

La culture numérique : Enjeux et défis

La recherche scientifique et technologique produit des connaissances disciplinaires isolées qui diffusent et entrent en contact pour conduire à des évolutions majeures se concrétisant par des ruptures conceptuelles et/ou technologiques. Tel est le cas de l’informatique, carrefour scientifique et technologique dont les effets inaugurent l’ère de la révolution numérique et une nouvelle culture : celle du numérique.

Depuis les années 60, la puissance de calcul a doublé tous les deux ans et aujourd’hui, celle d’un ordinateur grand public équivaut à celle d’un super ordinateur des années 90. Cela se chiffre en milliards d’opérations par seconde. Les supports matériels, sont de plus en plus, nombreux et de plus en plus, puissants et rapides : ordinateurs, tablettes, téléphones, montres, etc… Les données générées sont en augmentation croissante avec des volumes qui atteindraient 163 milliards de téraoctets en 2025. Les capacités de stockage sont passées de la disquette de 1,44 Mégaoctets, dans les années 80, au disque dur externe à plus d’un Téraoctets dans les années 2000.

Les besoins en échanges d’information et de communication ont conduit au développement de l’Internet, des réseaux de communication qui rendent notre monde globalisé interconnecté. Les champs d’application sont immenses et transforment déjà notre environnement et nos conditions de vie. Les objets connectés se développent à grande allure et prennent place progressivement dans notre vie quotidienne, que ce soit dans nos activités professionnelles comme celles de nos loisirs ou de notre bien- être.

Les enjeux et les défis

Ils sont énormes tant sur le plan national qu’international. À titre d’exemple, prenons le cas des réseaux sociaux. Leur impact est considérable. L’information circule quasi instantanément et affecte un nombre important de domaines : le domaine privé, le domaine professionnel, les entreprises, les administrations, etc… Ils sont devenus une composante du pouvoir médiatique avec des effets bénéfiques (collecte de fonds pour une greffe du cœur pour un petit africain) ou dévastateurs (enrôlement de personnes dans le terrorisme). Ils peuvent faire ou défaire une réputation, une carrière, ou encore conduire à la chute de régimes (Printemps arabe).

C’est une nouvelle culture qui a vu le jour : la culture numérique avec la dématérialisation progressive de l’information. Elle implique de repenser notre rapport à tous les secteurs d’activité de nos sociétés. Dans le domaine de l’éducation et de la formation, il manque, aujourd’hui, dans le monde un million de personnes compétentes, en cyber sécurité, et pour 2020, il manquera 2.000.000. Dans le domaine de l’économie, la délinquance informatique coûte, de plus en plus, cher aux entreprises qui se voient, régulièrement, attaquées.

Mais le numérique a permis de développer de manière importante les relations commerciales, la mise en réseaux, le partage des connaissances, etc. Dans le domaine de la santé, des robots peuvent être utilisés pour des interventions chirurgicales. Dans le domaine des transports, bientôt vont être accessibles des véhicules autonomes. Et l’inventaire serait trop long des applications rendues possibles. La maîtrise de l’outil numérique est devenue indispensable pour l’industrie, le commerce, les biens et les services, les transactions internationales, etc. Elle conditionne le développement économique et la stabilité sociale. Rater la transition numérique (passage au numérique) revient à rester sur le quai et voir passer les trains, avec des conséquences néfastes pour le développement, car l’écart d’acquisition des connaissances ne fait que s’accroître ,dans notre monde globalisé et interconnecté.

Qu’en est-il pour le Maroc ?

Voici deux extraits du discours de Sa Majesté lors de la Fête du Trône du 30/07/2008 : « […] Nous appelons le gouvernement à adopter une nouvelle stratégie dédiée aux secteurs de l’industrie et des services et au développement des nouvelles technologies.[…] ». Plus loin, Sa Majesté déclare : «Nous avons autant d’ambition que de détermination pour assurer l’insertion du Maroc, par ses entreprises et ses universités, dans l’économie mondiale du savoir. […] ».

Le Plan Maroc numérique 2013 a ainsi vu le jour avec les objectifs suivants: En 2014, un rapport de La Cour des comptes fait un bilan alarmant avec le constat suivant :

– Retard, problèmes de gouvernance, priorité et visibilité de projets structurants.

– Environ 29% des actions pour l’industrie des technologies de l’information ont été réalisées, 11 % pour la transformation sociale, 36 % pour le e-gouvernement et 22% pour l’informatisation des PME. Le plan Maroc numérique 2020 a été présenté, en juillet 2016, par le ministre en charge du numérique, et affiche de grandes ambitions :

– Des projets structurants dans le e-gouvernement.

– La résorption de la fracture numérique avec pour objectifs de réduire de moitié le nombre de Marocains n’ayant pas accès à l’internet et augmenter le taux de PME connectées à 20 %.

– Faire du Maroc un hub régional et une loi-cadre du numérique.

– Créer une place numérique Maroc en doublant le nombre de professionnels formés pour atteindre 30.000 en 2020. – La création d’une Agence du développement numérique a été approuvée par le gouvernement et devrait pouvoir être un instrument efficace pour la mise en œuvre du plan.

Ceci doit comporter, d’emblée, dans la conception et la mise en œuvre des moyens de suivi et d’évaluation. Il serait fort judicieux de créer un observatoire du développement numérique ayant ces missions. Une priorité nationale devrait être l’éducation, l’enseignement et la formation au numérique dans toute la filière, du primaire au supérieur en affectant des moyens dédiés et pérennes et faire appel aux compétences marocaines du monde qui sont prêtes à relever le défi.

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