Retour des jihadistes : les gouvernements européens divisés ?

Par Saad Bouzrou

Les Européens sont divisés quant à la question du retour de leurs citoyens-terroristes de «l’Etat islamique» (EI). Alors que l’organisation terroriste agonise et pourrait bientôt être décimée en Syrie, la pression s’accroît sur les gouvernements européens, exhortés par les Etats-Unis à récupérer leurs ressortissants retenus sur place par les militaires syriens.

La haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, a déclaré que chaque pays de l’UE prendrait une décision indépendante.

Le Premier ministre belge, Charles Michel, par exemple, a exprimé sa préférence pour que les jihadistes de l’EI soient jugés en Syrie ou en Irak, c’est-à-dire où les crimes ont été commis. Comme le Danemark, qui est également réticent à rapatrier ses ressortissants.

Quant au ministre de la Justice suisse, Karin Keller-Sutter, elle a déclaré qu’elle préférerait que les jihadistes suisses soient jugés en Syrie et en Irak. Elle a également ajouté que la sécurité des citoyens suisses était une priorité pour elle. « Est-il possible de mettre les Suisses en danger en rapatriant des personnes qui sont volontairement entrées en guerre en Syrie et en Irak ? », a-t-elle déclaré à la presse suisse. Le Royaume-Uni a fait de même et a privé simplement ces citoyens de la nationalité.

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Le représentant du parti socialiste suisse, Carlo Sommaruga, estime que le rapatriement contrôlé des jihadistes suisses est le meilleur moyen de garantir la sécurité du pays. Selon le journal Nashagazeta, il est beaucoup plus risqué de les laisser en Syrie, où ils peuvent s’échapper ou être relâchés, puis pouvoir rentrer en Suisse.

Les déclarations des responsables européens sont une réponse au président Donald Trump qui les a appeler, dans deux Tweet publiés dans la nuit de samedi 16 à dimanche 17 février, à rapatrier les terroristes de l’EI : «Les États-Unis demandent au Royaume-Uni, à la France, à l’Allemagne et aux autres alliés européens de prendre plus de 800 militants capturés en Syrie et de les traduire en justice. Sinon, nous devrons les libérer. »

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a déclaré que la demande du président américain était «extrêmement complexe» et qu’il était nécessaire d’engager immédiatement une procédure judiciaire pour enquêter sur les cas où les citoyens allemands demanderaient le retour chez eux.

La Suède, en revanche, cherche à réintégrer les jihadistes qui sont rentrés et ceux qui rentreront du Moyen-Orient. Stockholm a promis de rester en contact avec toutes les familles de terroristes, de créer un groupe d’experts et d’offrir une assistance psychologique aux anciens combattants de l’EI.

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Pour sa part, la ministre française de la Justice, Nicole Belloubet, a déclaré aux médias français qu’elle ne prendrait aucune mesure supplémentaire après l’appel de Trump. Pour elle, Paris reprendra les jihadistes français après avoir examiné chaque cas.

La Syrie et l’Irak ne veulent pas supporter le fardeau moral et financier de ces terroristes. Mais il est fort probable qu’ils soient condamnés à mort si l’Europe ne s’oppose pas à une telle décision.

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