Retraite des parlementaires : la solution non-partisane s’impose !

Après plusieurs tractations, le dossier de la retraite des parlementaires voit le bout du tunnel, après le dépôt de 5 propositions de loi dans ce sens, dont la dernière en date est celle de la députée PAM, Ibtissam Azzaoui. Le sujet, rappelons-le, a longtemps divisé les parlementaires, entre une minorité qui plaidait pour le maintien de cette pension et ceux qui étaient pour la réforme, voire la liquidation du régime en question.

C’est désormais officiel, la chambre des Représentants annonce la liquidation du régime des pensions de manière permanente, l’annonce s’est faite dans un communiqué, rendu public ce jeudi 15 octobre, suite à la réunion qui s’est tenue entre le Président de la chambre basse Habib El Malki, les présidents des groupes parlementaires et des responsables de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG). Tout dépendra maintenant de la formulation du cadre juridique nécessaire pour appliquer cette décision. « Le Président et les organes de la Chambre ont également souligné la nécessité de prendre une décision finale qui fait l’unanimité des représentants de la nation », insiste encore ledit communiqué.

Malgré un débat houleux qui a agité la Commission des Finances et du développement économique de la première Chambre, la question semble aujourd’hui tranchée de l’aveu même du président de la Commission, Abdellah Bouanou, qui a affirmé que « tous les membres du bureau ayant pris part à cette réunion sont unanimes sur la nécessité de liquider le régime des pensions des parlementaires. » D’autant plus que cette fois-ci, il y a eu « consensus » entre parlementaires par rapport au fait que l’État ne devrait plus verser un seul dirham dans cette caisse, chose que la PAMiste Ibtissame Azzaoui, considère comme étant « une revendication légitime et juste », encore plus dans les circonstances actuelles que traverse notre pays. « J’espère qu’on pourra continuer jusqu’à l’aboutissement et qu’on ne sera pas parasités par autre chose », nous dit la même source, qui explique qu’il faut de la « volonté politique » pour clore ce dossier une bonne fois pour toutes.

En stand-by depuis 2017

Depuis quelques années, le dossier des pensions des membres de la première chambre fait couler beaucoup d’encre, à l’heure où le versement de celles-ci est à l’arrêt depuis 2017, suite à un réel déficit. Plusieurs groupes parlementaires ont en effet exprimé leur volonté de réformer ce système des pensions, notamment, le PJD, le RNI, l’USFP et l’Istiqlal, le PPS, qui voulaient que cette pension ne devienne accessible qu’à partir de 63 ans, mais le PJD s’est rétracté par la suite. En somme, 5 propositions ont été déposées, notamment une du PJD, une autre a été déposée par Ibtissame Azzaoui du PAM, mais aussi celle des députés de la FGD, Mustapha Chenaoui et Omar Balafrej, qui plaident pour la fin des retraites des parlementaires, incluant celles de la chambre des conseillers. « Dans toutes les démocraties du monde, il n’y a pas de retraite parlementaire », nous déclare Balafrej, en insistant sur le principe de la mission parlementaire, « ce n’est pas un travail, mais un mandat, nous recevons une indemnité pour qu’on puisse être indépendants et consacrer du temps à cette mission ».

Mais, alors, qu’est-ce qui a retardé ce dossier ? Pour ce député FGD, « Je pense qu’il y a beaucoup de groupes parlementaires qui, une fois arrivés au vote, n’assument pas leur position », affirme-t-il. Et d’ajouter : « malheureusement, c’est ainsi que fonctionne le jeu politique au Maroc », conclut-il. C’est ce qui explique que malgré les différentes propositions partisanes, aucune n’ait réellement abouti, puisqu’arrivé le moment décisif du vote, les principaux concernés se rétractaient. Une « couardise » qui n’est pas inhabituelle sur les dossiers sensibles à l’instar de celui des hydrocarbures où certains partis sont revenus sur leurs propres propositions de taxer les pétroliers. Finalement, conscient que cette retraite est en train de vivre ses derniers instants, le Parlement a souhaité une solution par le haut en mettant en place un cadre juridique porté par l’ensemble de ses membres, d’où le délai demandé par Habib El Malki, plutôt que de laisser un parti récupérer les bénéficies politiques d’une telle proposition, à quelques mois de la campagne électorale. De quoi faire taire toute tentation populiste, ou presque. Ce qui n’a pas empêché le député du PJD, Driss Azami Idrissi, de s’emporter en tentant de justifier les émoluments des parlementaires qui ne sont pas censés travailler « gratos ». Il s’en est également pris violemment aux influenceurs et producteurs de contenus s’interrogeant sur la « richesse qu’ils ont produite » et considérant que ces derniers « portent atteinte à l’économie, au social et au paysage politique du pays et au lieu de permettre la transparence et laisser les partis, la société civile et les médias assument leurs rôles, ils induisent les gens en erreur ». Une réflexion qui lui a valu les foudres de la toile.

Entre temps, les députés continuent de cotiser près de 3.000 dirhams par mois, alors que cet argent n’est pas versé. « C’est un abus vis-à-vis des parlementaires qu’on continue de cotiser, alors que la caisse à l’arrêt depuis 2017, on aurait dû finir avec ce dossier il y a longtemps », s’indigne un député qui a requis l’anonymat. Il n’en demeure qu’une fois cette caisse liquidée, cet argent sera restitué en principe aux différents groupes parlementaires, notamment, le PJD qui compte le plus de parlementaires.

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