Sahara : La Résolution du Conseil de sécurité oppose France et Etats-Unis, mais penche favorablement pour le Maroc

Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies devaient prendre part ce jeudi à 15 heures locales ( New York) à un débat décisif sur le Sahara, alors que la France et les Etats Unis divergent sur le temps qu’il faudra pour prolonger la mission de la MINURSO.

Les États-Unis, en tant que détenteur de la résolution, ont soumis le projet de résolution sur le Sahara à tous les membres du Conseil de sécurité vendredi soir, 26 octobre. Après avoir reçu le projet de résolution, les 15 membres du Conseil de sécurité se réunissent pour la première fois aujourd’hui à 14 heures à New York (19 heures, heure du Maroc) pour examiner le mandat de la MINURSO. Le document, obtenu par Morocco World News, appelle à une prolongation du mandat de la MINURSO de six mois, au lieu de la traditionnelle prolongation de 12 mois. Le projet demandait que le mandat de la MINURSO, qui devait en principe expirer le 31 octobre, fût prolongé jusqu’au 30 avril 2019. Le mandat de la MINURSO n’a été prolongé que de six mois en avril 2018. Outre la question de la durée du mandat de la MINURSO, le projet de résolution ajoute un nouveau paragraphe du dispositif dans lequel il invite le polisario à s’abstenir de toute action susceptible de modifier le statu quo dans la zone tampon.

Le Conseil de sécurité «appelle les parties à respecter leurs obligations et assurances pertinentes et à s’abstenir de toute action susceptible de saper les négociations facilitées par l’ONU ou de déstabiliser davantage la situation au Sahara, et appelle en outre le Front Polisario à respecter pleinement ses engagements à l’Envoyé personnel au sujet de la bande tampon de Guerguerat et de Bir Lahlou », lit-on dans le projet de résolution.

Les Etats-Unis veulent une solution rapide

Le projet élaboré vise essentiellement à « souligner la nécessité de parvenir à une solution politique réaliste, réalisable et durable à la question du Sahara, fondée sur le compromis et sur l’importance d’un alignement de l’orientation stratégique de la MINURSO ».  « Les ressources des Nations unies doivent être mobilisées pour faire pression pour un processus diplomatique efficace et rapide afin de mettre fin au blocage qui dure depuis des décennies », a-t-il ajouté. Le mouvement est conforme à la position des États-Unis. Des rapports publiés plus tôt ce mois-ci avaient indiqué que Washington souhaitait une période de prolongation plus courte pour faire pression sur les parties en conflit afin qu’elles s’engagent dans le processus politique dirigé par l’ONU.

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John Bolton, conseiller américain en matière de sécurité nationale, est connu pour son opinion sur le maintien de la MINURSO dans le territoire contesté du Sahara. Lors de son mandat de 2005-2006 en tant que représentant américain à l’ONU, M. Bolton a déclaré que la MINURSO constituait un obstacle plutôt qu’un intermédiaire pour trouver une solution durable et mutuellement acceptable au conflit. La longueur de l’impasse diplomatique actuelle a convaincu le gouvernement de Donald Trump que la situation sur le terrain ne «fonctionnait plus comme d’habitude», selon des sources diplomatiques. En demandant un raccourcissement considérable de la mission de maintien de la paix des Nations unies, les États-Unis espèrent «inciter les parties à revenir à la table des négociations», a récemment écrit l’analyste politique Sarah Feuer dans un document d’orientation politique du Washington Institute. Le changement de politique, a-t-elle affirmé, « s’aligne sur la stratégie générale de l’administration Trump consistant à bousculer le statu quo, y compris en matière de diplomatie », afin de trouver des solutions rapides. Selon les États-Unis, la traditionnelle prolongation de 12 mois accordée chaque année à la MINURSO a contribué à son inefficacité et à alimenter l’hostilité prolongée entre le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie.

La France en désaccord avec nous

La France a cependant appuyé la recommandation du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a appelé à une prolongation d’un an du mandat de la MINURSO dans le rapport sur le Sahara qu’il a remis au Conseil de sécurité le 3 octobre. Antonio Guterres a déclaré qu’une prolongation d’un an lui accorderait, ainsi qu’à à son émissaire, Horst Kohler, le temps et l’espace nécessaires pour créer les conditions permettant la poursuite du processus politique mené par l’ONU. Une source aux Nations unies a confié à Morocco World News, hier, que le Conseil de sécurité reporterait l’adoption d’une nouvelle résolution sur le conflit du Sahara Occidental au mercredi 31 octobre. Le projet de résolution a été soumis aux membres du Conseil de sécurité vendredi soir. La source a déclaré que les Etats-Unis n’étaient pas en mesure de soumettre le projet de résolution plus tôt la semaine dernière en raison de divergences avec la France sur la durée du mandat de la MINURSO.

L’Algérie et la Mauritanie doivent prendre part à la table ronde

Le projet de résolution encourage également les parties et les pays voisins au conflit à « faire preuve d’une volonté politique accrue en faveur d’une solution, y compris en développant leur discussion des propositions de l’autre ». Par la suite, la résolution exprimait un «soutien total» à l’intention de Guterres et Kohler de renouveler le «processus de négociation avant la fin de 2018», faisant référence aux invitations adressées au Maroc, à l’Algérie, à la Mauritanie et au Polisario pour l’organisation d’une table ronde les 5 et 6 décembre à Genève. Le document indiquait que toutes les parties avaient accepté d’y assister. Le projet de résolution «les exhorte également à travailler de manière constructive avec l’Emissaire, dans un esprit de compromis, tout au long du processus pour assurer le succès de ses travaux».

La résolution a également appelé les pays voisins (sans les nommer) à « apporter des contributions au processus politique ». Cela pourrait être un avantage diplomatique pour le Maroc, car il a insisté pour que l’Algérie doive engager des pourparlers afin de trouver une solution convenue et mutuellement acceptable au conflit de 42 ans.

Contrairement au Maroc, l’Algérie se considère comme un observateur du conflit, une « partie intéressée » alors qu’elle y est impliquée .Comme toutes les  autres résolutions, le document appuyait les efforts déployés par Guterres, Kohler et le Représentant spécial et chef de la MINURSO, Colin Stewart, pour trouver une solution consensuelle au conflit. Il rappelle également la visite de Kohler au siège de la MINURSO et au Sahara en août. Le Conseil de sécurité doit adopter la nouvelle résolution sur le Sahara occidental le mercredi 31 octobre. Il reste à voir si les membres du Conseil de sécurité voteront pour une prolongation de six mois ou d’un an du mandat de la MINURSO.

Moroccoworldnews

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