Sahara : Pas de règlement sans la présence de l’Algérie et le Maroc ne cédera pas

Par Hassan Alaoui

Horst Köhler, émissaire spécial des Nations unies, chargé de conduire le processus de règlement au Sahara, a présenté donc ce mercredi 8 août son rapport devant les membres du Conseil de sécurité à New York .

D’aucuns disent leur surprise de cette initiative prise impromptu, s’interrogent sur le timing, son opportunité et sa raison au beau milieu de la saison estivale ! D’autres la replacent dans l’urgence des 6 mois prescrits dans la résolution 2414, votée le 27 avril dernier, pour proroger la mission de la MINURSO et exiger de Köhler qu’il trouve un début de solution rapide à un conflit qui n’a duré que quelque…44 ans !

Les autres enfin, s’inscrivent dans la pensée d’un ancien chef d’Etat allemand, protestant et nourri de la culture de l’efficacité et du pragmatisme, qui entend tout simplement ne pas perdre de temps. Depuis septembre 1991, date à laquelle les protagonistes avaient souscrit à l’Accord de cessez-le-feu et entériné la création de la MINURSO, c’est la première fois que l’on assiste à une accélération visible du processus de règlement, quand bien même celui-ci n’est pas à la portée de la main. L’impasse a si bien caractérisé ce processus que l’on n’ose plus espérer en sortir aussi vite.

Il y a cependant une série de remarques ou de préalables qu’il convient de poser, sous peine de créer sinon un amalgame, du moins une confusion dans les esprits. La première tient à celle du langage qu’il faut lever : il ne s’agit pas de « négociations » comme certains, relayant la presse algérienne, se laissent dire. Le Maroc n’a jamais négocié, encore moins directement avec une entité fantoche dénommée polisario. Le processus engagé en 2007 par Peter van Walsum, alors émissaire spécial au Sahara, consistait à réunir à Manhasset ( Banlieue de New York) représentants du Maroc, d’Algérie, de Mauritanie et du polisario, encore qu’il n’y avait pas à proprement parler de discussions officielles, mais des échanges par intermédiation. Bien sûr, Alger et la presse algérienne s’étaient fait forts de fourvoyer l’opinion internationale en soutenant qu’à partir du moment où Mohamed Abdelaziz al-Marrakchi et ses adjoints se trouvaient à New York dans le cadre d’un plan tracé par l’ONU, cela conférait ipso facto au polisario un statut d’interlocuteur à part entière…

La deuxième remarque tient au fait que les Résolutions votées en avril et en octobre 2007( 1754 et 1783) « réaffirmaient le soutien de l’ONU aux parties à parvenir à une solution politique » et « prend note de la proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 en se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement… ». Autrement dit, la communauté internationale donnait le « La » comme on dit pour apporter le soutien nécessaire à l’Initiative d’autonomie que le Roi avait préparée, jugée ensuite par les membres du Conseil de sécurité, encouragée par les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne, l’Espagne voire la Russie et la Chine et tout ce qui compte dans le monde. L’autonomie élargie ou avancée n’est rien d’autre que la solution politique invoquée par la suite, c’est également la variante sémantique de ce qu’on a appelé des années durant, dans ce langage biscornu des années soixante, érigé en parole d’Evangile sur les estrades de l’ONU, « l’autodétermination du peuple du Sahara occidental » que le gouvernement algérien, tout à son machiavélisme transforme en « peuple sahraoui » !

Le Maroc a tout offert avec le Plan d’autonomie proposé en 2007, il est même allé au-delà des concessions possibles et inimaginables. Mais il ne peut se dépouiller de son histoire, de sa mémoire et des symboles ancestraux qui constituent sa centralité historique. Le problème du Sahara n’existait pas de cette manière avant que l’Algérie de Boumediene n’en vienne – expansionnisme oblige – à le créer ex-nihilo en 1973. Le polisario , comme l’Algérie également n’existaient même pas quand le Maroc posait déjà en 1956 à l’ONU la question du retour de notre Sahara, occupé par l’Espagne. L’Algérie en tant qu’Etat indépendant n’a vu le jour qu’en juillet 1962. La mauvaise foi de ses dirigeants, sa propagande furibarde contre le Maroc, les pétro-dollars aidant, ont abouti à bloquer le processus d’union des peuples du Maghreb et à vouer ce dernier aux gémonies. Autrefois on louait les similitudes  quasi organiques entre Fès l’incommensurable et Tlemcen sa jumelle, aujourd’hui on pleure la déchirure, on déploré le jeu médiocre des politiciens algériens, tout juste capables de semer le trouble, fossoyeurs de nos rêves.

Et puisque les responsables algériens ont soutenu mordicus le polisario et envenimé le problème, il faudra bien, en revanche, qu’ils assument cette récurrente implication et se mettent à la table des pourparlers que Horst Köhler, tout à sa dévotion, veut relancer. Sans quoi, pas de règlement, et le Maroc ne cédera pas.

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