Sahara/Accord agricole : les professionnels se félicitent de la position ferme du Maroc vis-à-vis de l’UE

Par Mohammed Taleb 

Le Maroc n’apprécie par la versatilité de ses partenaires européens et le fait savoir. Dans un communiqué du ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime qui a pris la forme d’un avertissement clair et net, le Royaume exige de l’Union européenne d’assurer le cadre nécessaire pour l’application de l’accord agricole la liant à lui. Chose sans laquelle il mettrait un terme à la coopération avec l’UE. Cette orientation de la tutelle a été très bien accueillie du côté des professionnels du secteur. « La position marocaine nous satisfait et répond parfaitement à nos aspirations. Quelle que soit l’issue de cette histoire, nous sommes prêts, en tant que professionnels, à en supporter les conséquences », confie à Maroc Diplomatique, le Président de la Comader, Ahmed Ouayach, qui nous apporte son éclairage.  

Le Maroc vent debout devant les agissements de la partie européenne

Face à de nouveaux agissements de la partie européenne quant à l’intégrité territoriale du Maroc, en l’occurrence, un excès de zèle de la part du commissaire européen chargé du climat et de l’énergie, l’espagnol Miguel Arias Cañete, qui a interprété à sa manière, l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) concernant l’accord agricole Maroc-UE en affirmant que l’UE tiendra « dument compte du statut distinct et séparé du territoire du Sahara occidental selon le droit international », le Maroc s’est montré on ne peut plus ferme.

Un communiqué du ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, rendu public, très tôt ce lundi matin, exige de l’Union européenne d’assumer l’accord avec le Maroc et de le défendre. Et ce, sous la menace de couper court à la coopération entre l’Union et le Royaume.

Une position qui a été du goût de toutes les parties prenantes de la société marocaine, y compris les professionnels du secteur. « Nous nous félicitons de cette décision prise par le Maroc qui ne comporte pas de confusion, qui est claire, précise et engageante pour nous », s’est réjouit le Président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), Ahmed Ouayach.

Les professionnels assument et encouragent la position des autorités

« C’est une position qui répond à nos aspirations, d’ailleurs, c’est tout à fait normal. Le communiqué du ministère de l’Agriculture dit les choses de la manière la plus ferme et la plus authentique et il traduit aussi parfaitement la position des professionnels », a-t-il soutenu.
Cette position a soulagé les professionnels, de plus en plus, agacés par l’absence de transparence du côté des Européens qui ne campent pas sur une seule position. « On commence à ne plus supporter ces agissements à la forme de rodéo que certaines parties européennes imposent au Maroc et essayent, par tous les moyens, de perturber le bon déroulement du partenariat qui est là, depuis plusieurs décennies, entre le Maroc et l’UE », s’est insurgé le président de la Comader en réitérant « cette position marocaine nous satisfait et répond parfaitement à nos aspirations quelle que soit l’issue de cette histoire ».
Pour ce vieux de la vielle, « les professionnels ont fait savoir, à maintes reprises, aux autorités marocaines et à leur tête le ministre de l’Agriculture, qu’on doit prendre une décision ferme quelles que soient les conséquences». «Nous sommes prêts en tant que professionnels à en supporter les conséquences », insiste-t-il à souligner.

Vers une révision du partenariat avec l’UE

« Si cet accord de libre-échange pose problème, on est à même prêts à l’abandonner et à le mettre en veilleuse », affirme le président de la corporation agricole en précisant que cette mise en veilleuse doit concerner l’ensemble des accords paraphés entre l’Union et le Maroc et pas uniquement l’accord agricole. « Il faut revoir, affirme-t-il, tout le reste des accords dans le cadre du principe de la réciprocité ».
« Nous pensons que l’accord entre le Maroc, dans la totalité de ses frontières reconnues internationalement, doit rester et c’est à la partie « européenne union et commission » de régler le problème entre elles », indique sagement cet initié tout en mettant en garde : « Le Maroc ne doit pas être pris en otage dans cet imbroglio politique qui n’a rien à voir avec le commerce, la liberté du commerce et les relations de partenariat qui, au-delà du commercial, existent entre le Maroc et l’UE ».
« Nous nous félicitons de cette décision prise par le Maroc qui ne comporte pas de confusion, qui est claire, précise et engageante pour nous aussi, car nous n’allons pas, quand même, marchander de notre intégrité territoriale pour quelques cageots de tomates », tranche M. Ouayach.


Le Maroc marche-t-il vers le divorce avec l’UE ?

Sur le volet des alternatives que le Maroc pourrait avoir, en cas de rupture ou d’annulation dudit accord, le Président des fellahs marocains rappelle qu’il s’agit, avant tout, de commerce dont le premier atout et l’avantage comparatif que présente l’offre. « Avec ou sans l’accord, c’est du commerce. Maintenant, le monde, dans sa globalité, n’est pratiquement qu’un village(…) pour le moment, jusqu’à preuve du contraire, c’est un partenariat qui est très satisfaisant pour les deux parties, chacune y trouve ses équilibres et ses intérêts », tempère M. Ouayach. Ce qui ne l’empêche pas de dire que «dans un mariage, un des partenaires qui manifeste quelques difficultés ou quelques…, je ne vais pas dire, répulsions. Loin de là, on ne va pas dire qu’on va divorcer, mais pour nous la diversification, est entamée depuis plusieurs années, avec la Russie, la Chine, les pays du Golf et avec l’Afrique aussi. »
Pour lui, l’enjeu que présente cet accord n’est pas énorme. « Que les choses soient très claires. Concernant la tomate, sincèrement, cela fait longtemps qu’elle ne pèse pas lourd dans notre tissu agricole », met en avant ce connaisseur du secteur primaire national.  Mais, selon lui, le problème n’est pas là. « Le problème c’est un problème de droit. Et on a le droit comme on le dit, si jamais on n’arrive pas à s’entendre au niveau de l’accord agricole », affirme l’homme qui a mené les plaidoiries marocaines devant la Cour de justice de l’Union européenne, au Luxembourg, durant l’année dernière. La Comader avait, pour rappel, réussi à détricoter l’argumentaire séparatiste.

Le Maroc exige plus de clarté et de transparence

Au sein de la Comader, qui était partie à la procédure devant la Cour européenne défendre les intérêts du Maroc, -et partout ailleurs ici bas-, il y a une conviction selon laquelle « le Maroc n’acceptera jamais, dans tous les cas, quelles que soient les conséquences, une remise en cause de la validité de l’application de l’accord agricole sur la totalité de ses frontières et, par conséquent, sa souveraineté impartageable. C’est pourquoi on pense au sein de la corporation qu’il est temps d’ouvrir tous les autres accords pour les renégocier ». « Croyez-moi, le Maroc n’est pas le seul perdant », crie haut et fort le Patron des Fellahs, en rappelant les autres domaines de coopération entre le Maroc et l’UE. « Je ne parle pas du côté politique, je ne parle pas non plus du côté sécuritaire et du rôle joué au niveau de la gestion des flux migratoires vers les pays européens ».

Ceci étant, le Maroc s’attend à plus de transparence de la part de la partie européenne.

« Ce qui est vraiment navrant, c’est que le noyau dur de l’Europe, c’est-à-dire la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, etc… sont avec le Maroc », regrette notre source. « Le communiqué est très clair, on leur demande tout simplement de défendre cette préférence avec le Maroc. C’est tout. On ne demande pas grand chose, on demande plus de transparence », conclut ce fin connaisseur de ce dossier.

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