Santé publique : Un nouveau champs d’action pour les organisations et les alliances militaires

Les « AD Talks », édition spéciale en ligne de la conférence Atlantic Dialogues, se sont poursuivis le 26 novembre avec une session sur « Santé publique : Un nouveau champs d’action pour les organisations et les alliances militaires ».

Le débat, modéré par Kim Dozier, contributrice à « Time Magazine » et analyste sur les Affaires globales pour CNN, a porté sur le rôle de l’armée dans la crise Covid-19 et dans les crises sanitaires à venir.

L’Italien Gabriele Cascone, chef de la section du contre-terrorisme à l’Otan, a expliqué que son organisation n’était pas « plus préparée que les autres pays et institutions » à la crise Covid. « Nous avons reçu pendant des années des rapports alertant sur de possibles pandémies, mais pour l’Otan comme pour d’autres alliances, le besoin de se préparer à une pandémie ne figure pas au cœur de sa raison d’être. Les institutions ont réussi à travailler sous la pression de la pandémie et d’un désastre global. Nous sommes maintenant mieux préparés ».

De son côté, le général américain Barre Seguin, Mentor senior de l’OTAN au Quartier général des forces alliées en Europe (SHAPE), a confirmé le fait qu’il ne soit pas « inhérent au mandat des alliances militaires de répondre à une pandémie, même si elles peuvent rassembler leurs capacités pour le faire si nécessaire ». Il a reconnu que « nous avons été lents, en tant que différents pays et en tant qu’alliance à reconnaître l’urgence que représentait la pandémie sur le plan global ». Barre Seguin a précisé : « J’entends que l’administration Biden sera plus internationale. Je suppose que les Etats-Unis vont rejoindre l’OMS et promouvoir une plus grande coopération entre partenaires et alliés dans le monde ».

Juan Battaleme (Argentine), directeur académique du Conseil argentin des relations internationales (CARI), a estimé que « nous savions tous que la crise venait, mais nous avons tenté d’en diminuer l’impact » sur le plan des perceptions. L’alliance que représente Conseil de défense de l’Amérique du Sud a déjà contribué, à des missions de maintien de la paix et des réponses humanitaires, comme lors du séisme de 2010 en Haïti. « Les armées dans la région ont amélioré leur image, avec 60 à 65 % d’opinions positives, notamment en Argentine et au Brésil, en apportant un soutien aux plus vulnérables ». En revanche, le Vénézuela reste un point rouge, « l’un des pires endroits du monde où tomber malade du Covid. Ce pays est un bon candidat pour le déploiement d’une opération de maintien de la paix pour contenir la Covid-19, dans la mesure où le gouvernement est en train de s’effondrer et l’avenir paraît instable, une menace possible pour ses voisins ».

Quel impact de la pandémie sur les groupes terroristes ?

À cette question de Kim Dozier, Gabriele Cascone a répondu qu’il n’existe pas de données statistiques à ce sujet. « Toutefois, la pandémie a joué comme un obstacle à des attaques terroristes, en raison des mesures de confinement et de la hausse des contrôles de police. Il est aussi évident que la pandémie a créé des opportunités pour le terrorisme, notamment avec la radicalisation et le recrutement en ligne. Enfin, le fait que la pandémie provoque une profonde crise économique, qui creuse encore les inégalités et le ressentiment, des motivations pour rejoindre les groupes terroristes. Mais pour beaucoup de terroristes sur le terrain, la pandémie n’a été rien d’autre qu’un nouveau risque. Ils ont continué à opérer, comme on la vue dans le Sahel ».

Barre Seguin, lui, a expliqué que l’Otan a dû réduire ses activités, tout en maintenant sa mission de défense et de dissuasion, ce qui a abouti à une baisse des « indicateurs et signaux d’alerte envoyés aux quartiers généraux ». La pandémie a été « ignorée par les groupes terroristes, qui ont tenté de la tourner à leur avantage dans les zones qu’ils essaient de contrôler ». La désinformation joue un rôle important, notamment en Afghanistan, où des efforts sont fait par l’Otan pour contrer le narratif des Talibans.

« Nous allons vivre à l’ombre du Coronavirus jusqu’en 2023, a conclu Juan Battaleme. La pandémie a été vue par les guérillas et les cartels latino-américains comme une opportunité. Elle a permis à des groupes gauchistes en Amérique centrale de répandre de la désinformation. Quoiqu’il en soit, la crise Covid-19 dépasse les problèmes générés par l’agitation sociale. Impliquer l’armée dans la réponse ne pose qu’un problème : la corruption ou non dans la manière de le faire ».

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