Signature d’une convention de partenariat entre les « Archives du Maroc » et le « Mémorial de la Shoah » Droit de l’Homme

Une convention de partenariat a été signée, lundi à Rabat, entre les « Archives du Maroc et le « Mémorial de la Shoah », en vue de mettre en place une coopération sur tous les sujets relatifs à l’histoire des Juifs et du judaïsme dans les pays d’Afrique du Nord, en matière de recherche et d’échange d’archives et d’événements culturels et scientifique.

Signée par le directeur des Archives du Maroc, Jamaâ Baida et le directeur du musée/centre de documentation français Mémorial de la Shoah, Jacques Fredj, cette convention s’assigne pour objectifs de partager et d’échanger des archives en vue d’améliorer la connaissance du patrimoine et de l’histoire des juifs du Maroc pendant la Seconde guerre mondiale, ainsi que de mettre à la disposition des usagers des sources historiques relatives aux Juifs marocains, en particulier, et maghrébins en général.

S’exprimant à cette occasion, M. Fredj a signalé que cet accord a pour buts d’échanger des archives entre les « Archives du Maroc et le « Mémorial de la Shoah », exprimant le souhait de travailler conjointement avec les « Archives du Maroc » à améliorer la connaissance et les acquisitions relatives à ce patrimoine en vue d’enrichir les collections d’archives des deux institutions.

Il a souligné que le Mémorial, grand centre d’archive en Europe consacré à l’histoire juive durant la Seconde guerre mondiale dont l’axe central est l’enseignement de la Shoah, dispose de 40 millions de documents d’archives portant sur l’histoire de la Shoah et d’autres génocides.

« Nous interrogeons l’Histoire du 20ème siècle pour améliorer notre présent et construire notre future. Nous allons dans le monde entier pour collecter des archives sur l’histoire de la Shoah et du génocide », a relevé M. Fredj, faisant observer que c’est la première fois que son institution signe une convention dans ce domaine avec un pays musulman.

Il a, en outre, rappelé que le rôle du Mémorial est de rassembler la documentation pour pouvoir comprendre et écrire l’histoire, faisant observer que dans le contexte actuel, notamment en France, le fait de lutter contre le radicalisme, l’antisémitisme ou le racisme passe par une connaissance de l’histoire des génocides.

Pour sa part, M. Baida a noté que cette convention, qui se veut une occasion pour échanger des archives et monter des événements, notamment des expositions et des colloques, contribuera à la valorisation de ce pan de l’histoire plurielle et tolérante du Maroc.

Il a aussi rappelé que « les archives relatives à ce pan de notre histoire ont connu le même sort que nos compatriotes juifs, un éparpillement à travers le monde », faisant remarquer que la Constitution de 2011 a « fort heureusement » consacré la diversité des composantes et affluents de la culture marocaine, dont l’affluent hébraïque.

Ainsi, le patrimoine judéo-marocain, qui plonge ses racines dans l’histoire du Maroc depuis plus de deux millénaires, a fait l’objet de nombreuses actions de réhabilitation et de valorisation.

Et d’ajouter que dans le cadre de cette convention, des thématiques puisées dans les archives vont ouvrir le terrain à une coopération fructueuse qui valorise l’histoire plurielle du Maroc, un moyen de contrer les tentations de radicalisme de tous bords.

De son côté, Jean-Marc Berthon, Conseiller de la coopération et de l’action culturelle à l’ambassade de France et directeur des Instituts français du Maroc, a mis l’accent sur l’importance ce cette convention qui constitue une avancée importante pour le Maroc et la réappropriation de son histoire, en vue de contribuer à la renaissance de la mémoire juive marocaine.

« La mémoire juive marocaine est aujourd’hui dispersée et c’est grâce à cette convention qu’il sera enfin possible d’écrire depuis le Maroc l’histoire du judaïsme marocain », a-t-il dit, ajoutant qu’à travers la signature de cette convention, de nombreux travaux de recherche seront engagés et portés à la connaissance du grand public.

M. Berthon a également fait savoir que cette initiative constitue une façon pour lutter contre les préjugés et la propagation des idées radicales et de l’antisémitisme qui prospèrent sous de nouvelles formes. « Il s’agit d’un acte de résistance face à ces régressions qui menacent les sociétés », a-t-il poursuivi.

Le secrétaire général du ministère de la Culture, Lotfi Mrini, a, quant à lui, indiqué que la Constitution de 2011 a consacré la diversité des composantes et affluents de la culture marocaine, dont l’affluent hébraïque, précisant que le patrimoine judéo-marocain, dans ses composantes matérielles et immatérielles, occupe une place emblématique.

« Cette inscription, toute naturelle, qui matérialise l’égalité en dignité de toutes les facettes de l’identité marocaine, prolonge et actualise un traitement égal de tous les citoyens marocains indépendamment de leurs confessions religieuses, confirmée notamment par la déclaration solennelle de feu SM Mohammed V en 1941 face aux lois anti-juives de Vichy », a-t-il signalé.

L’initiative des « Archives du Maroc » et du « Mémorial de la Shoah », qui concerne aujourd’hui les empreintes physiques, les traces, l’extermination des hommes par d’autres hommes, « nous rappelle au delà de toute gradation dans l’horreur, la haine, l’intolérance, le racisme et les préjugés », a estimé M. Mrini, précisant que « ces initiatives mémorielles sont nécessaires afin de rejeter le déni de l’historicité de ces graves atteintes aux droits de l’homme ».

Il, a par ailleurs, fait valoir que le patrimoine documentaire doit être mis à la disposition de chercheurs et des générations futures à des fins aussi bien informatives que préventives.

Et de conclure que la signature de cette convention s’inscrit dans le cadre des devoirs de mémoire, rappelant que le ministère de la Culture chargé de la valorisation et la préservation du patrimoine marocain a œuvré, avec la communauté israélite marocaine, à la restauration de la seconde plus grande synagogue du Maroc basée à Essaouira, Simon Attias.

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