SM le Roi préside à Rabat la septième causerie religieuse du mois de Ramadan

SM le Roi Mohammed VI accompagné de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan et de SA le Prince Moulay Ismaïl, a présidé, samedi au Palais Royal à Rabat, la septième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan.

Cette causerie a été animée par le Professeur Zoubida Hermas, membre du Conseil des oulémas d’Ain-Sbaa Hay-Mohammadi, sous le thème « L’habit féminin dans ses dimensions islamique et nationale », à la lumière du verset coranique : « Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de Ṣalat, portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez; et ne commettez pas d’excès, car Il [Allah] n’aime pas ceux qui commettent des excès. Dis qui a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ?. Dis elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection. Ainsi exposons-Nous clairement les versets pour les gens qui savent ».(Sourat Al-Aaraf).

Dans sa présentation, la conférencière a expliqué les raisons multiples d’aborder la question de l’habit féminin, évoquant l’infiltration ces dernières années de l’étranger de certains accoutrements inconnus auparavant par la société, quoique d’autres habits aient été massivement introduits d’Europe durant le 20ème siècle.

Elle a expliqué que la grande différence entre les deux types d’habillement est que le premier a été associé, sous d’autres cieux, particulièrement dans les pays occidentaux, à un tapage identitaire qui, à tort, prétend à un caractère islamique, au risque de causer un embarras pour les musulmans, du fait que cette démarche réduit l’Islam à un aspect extérieur qu’est l’habit, de nature incapable de restituer la grandeur civilisationnelle et la diversité culturelle des musulmans.

Dans cette entreprise, a-t-elle noté, la femme, qu’elle soit une fille à l’école, une femme dans son environnement social ou un acteur dans la vie active, est une victime de l’homme qui lui dicte sa démarche et la contraint à s’engager dans une confrontation identitaire qui, autrement, devait s’articuler autour de questions essentielles de la religion de nature à magnifier l’attractivité de l’Islam.

La démarche consistant à réduire l’habit de la femme à un type unique s’inscrit en faux contre la finalité de la religion du fait qu’elle s’attache à certaines apparences réductrices, aux dépens des grandes questions abordées par les musulmans, a-t-elle soutenu.

Dans cette perspective, Mme Hermas a articulé son intervention autour de trois axes : Le premier traite de l’habit féminin dans le Coran et la Sounna du prophète, le deuxième concerne cet habit dans la civilisation islamique en général, et le dernier tente d’apporter des orientations en rapport avec l’habit féminin dans le contexte actuel.

S’agissant du premier axe, elle a rappelé que le prophète Sidna Mohammed menait une vie de proximité et d’ouverture avec sa communauté, tant et si bien que les maisons de Ses épouses, situées à proximité de la mosquée, étaient ouvertes à des visiteurs de différentes obédiences, relevant que ce fut Omar Ibn Al Khattab qui avait émis le souhait de protéger les épouses du prophète par un voile.

Notant que cette pratique, déjà en vogue chez les Arabes, visait à prémunir les femmes contre les agressions des hommes, elle a indiqué que, durant cette époque, les comportements différaient d’une région à l’autre, puisque les hommes de Médine se comportaient avec plus de bienséance avec leurs femmes, ce qui a étonné les Mouhajirines venus de la Mecque.

Aussi a-t-elle évoqué un autre incident survenu lors du mariage du prophète avec Sa cousine Zineb, lorsque certains compagnons du prophète ont tardé à quitter les lieux après la fête nuptiale, et il a fallu les aviser à l’impératif de protéger le foyer du prophète et de prémunir son intimité.

Dans ce contexte précis, a-t-elle poursuivi, les versets coraniques traitant du voile renvoient à un signe distinctif que les femmes libres devaient porter pour se prémunir contre l’agression du sexe opposé, au moment où elles sortaient faire leurs besoins, surtout que les femmes esclaves continuaient d’être exposées à ce type d’agressions malgré les appels de l’Islam à leur libération.

Vu sous ce prisme, le Coran intimait aux hommes d’abord, et aux femmes ensuite, de fermer les yeux et de ne pas faire étalage des charmes, une pratique très répandue dans l’époque antéislamique qui s’oppose à la pudeur que l’Islam a érigée en vertu cardinale, tant elle fait partie de l’honneur dont le Créateur a entouré l’être humain.

Les érudits de l’Islam ont eu des points de vue différents sur la question du voile des épouses du prophète ou sa généralisation, ainsi que sur son caractère obligatoire et sa forme, a-t-elle signalé.

S’agissant du deuxième axe, la conférencière a mis l’accent sur l’importance d’interroger les traces historiques sur l’habit en général et l’habit féminin en particulier, depuis l’avènement du prophète pour comprendre la place qui est la sienne dans la vie des musulmans, conformément à leurs croyances et à leurs perceptions et manifestations culturelles.

Des recherches spécialisées ont révélé que les femmes d’Arabie, durant l’époque antéislamique, portaient des voiles et des étoffes à l’instar d’autres civilisations plus anciennes, a-t-elle fait observer, rappelant que la majorité des habits provenaient aux Arabes d’autres contrées et que, durant la période du prophète, ces accoutrements à la fois simples et fonctionnels n’ont pas connu de changements notables.

En général, a-t-elle conclu, l’Islam n’a pas apporté de type d’habit spécifique aux femmes, se contentant d’apporter des modifications aux accoutrements déjà en place pour prémunir les épouses du prophète et conférer pudeur aux femmes des croyants pour les protéger des convoitises des hommes.

Elle a signalé que, dans toutes les régions de l’Islam, les habits des femmes sont restés imprimés par le legs civilisationnel propre, en fonction de l’environnement géographique, le mode de vie rural ou citadin, la classe sociale et la fortune économique.

Ainsi, le Maroc, marqué par ses traditions amazighes, s’est démarqué par la diversité des habits féminins qui rappellent la diversité des zones rurales et citadines, outre l’interaction avec l’espace andalou qui a également impacté le mode vestimentaire des villes marocaines en particulier, notamment en termes de coupes, a-t-elle affirmé, ajoutant que l’espace perse et ottoman a eu une moindre influence.

L’histoire retient les noms de près d’une soixantaine de types d’habit féminin que le Maroc a connus, comme en témoigne leur récurrence dans les actes de mariage où ils sont cités parmi les présents fournis au trousseau de la mariée, a-t-elle expliqué.

Jusqu’au 20ème siècle, près des deux tiers des femmes marocaines vivaient dans les campagnes et ces femmes ne connaissaient pas de voile au sens de rester au foyer, du fait qu’elles étaient obligées dès leur jeune âge de travailler aux côtés des hommes dans les forêts et les champs, de façon normale et sans complexe aucun, a-t-elle poursuivi.

La richesse de l’habit féminin est illustrée par le développement de l’industrie du textile depuis l’époque mérinide, qui témoigne de la dextérité de la femme marocaine en termes de création, de coupe et de broderie, a-t-elle souligné.

Au début du 20ème siècle, a-t-elle poursuivi, la djellaba coiffant le caftan a été adoptée comme mode de libération de la femme de l’ancien haik et d’autres modes vestimentaires qui entravent sa participation active dans la vie publique et l’enseignement, et en 1943 fut créée une section féminine pour encadrer les militantes au sein du Mouvement national avec pour mission de faire valoir la djellaba aux dépens du haik.

Avec l’appel lancé dans ce sens par feu SM Mohammed V à mettre à profit les avantages de la vie moderne sans renier ses origines, d’énormes foules de filles ont pris d’assaut, avec leurs tenues respectables, les bancs de l’école pour participer au Grand Jihad auquel le regretté Souverain appelait de Ses vœux.

Concernant le dernier axe, la conférencière a souligné l’impératif de tenir compte du contexte de la révélation des textes coraniques et des conditions objectives de leur interprétation, la finalité de toute exégèse étant de faciliter la vie des gens, en prenant en considération les nouveautés d’un monde ouvert où l’homme et la femme partagent équitablement un espace public dans le travail et où la société n’est plus en mesure de contrôler le comportement des individus.

La question de l’habit étant d’une grande importance en tant que composante de l’identité et de la spécificité, il revient aux oulémas d’en aborder les tenants et aboutissants et de la libérer de toute confusion en la ramenant aux grands principes de la religion, c’est-à-dire à la responsabilité des individus et aux finalités vers lesquelles convergent la Raison et le texte religieux, a-t-elle estimé.

S’il est vrai que les pays du monde et leurs institutions ont mis en place, ces dernières décennies, des mécanismes et des lois pour protéger les femmes et lutter contre le harcèlement sexuel par exemple, il n’en demeure pas moins que le Saint Coran a été précurseur en la matière en ordonnant aux fidèles de fermer les yeux, l’acte le plus élémentaire pour éviter toute velléité d’agressions.

Au terme de cette causerie, SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, a été salué par Ramael Jizatouline, doyen de la faculté des études islamiques à l’Université islamique de Russie, Fayçal Al Amoudi, directeur des Affaires religieuses au Conseil supérieur des oulémas du Kenya, professeur Thierno Ka nommé directeur de l’Institut islamique de Dakar, Salim Alouane Al-Husseini, Secrétaire général de Dar Al Fatwa au Conseil islamique supérieur d’Australie, et Malik Youssef, membre de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Cameroun.

Le Souverain a été également salué par Abdelmouhaymine Mohamed Al-Amine, membre de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Niger, El Hussein Jakiti, membre de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Mali, Tcherno Embalou, membre de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Guinée-Bissau, Al Khadir Abdelbaqi Mohamed, professeur des médias à l’Université d’Ilorin et directeur du Centre des études arabes au Nigeria, Ahmed Hamah Allah, doyen de la famille Hamaouiya en Mauritanie, et Mohamed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France.

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