Sport au Maroc : le malaise des jeunes sportifs

Sans une once d’hésitation, Anouar Boukharsa s’est filmé en train de jeter sa médaille dans les eaux profondes. Ce champion marocain de Taekwondo a choisi de rejoindre le rang des migrants clandestins sur les barques de la mort. Une image qui décrit le désespoir d’un jeune sportif marocain, parmi tant d’autres, qui mettent leur vie en péril pour rejoindre l’autre rive.

Dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, Anouar Boukharsa exprime son désarroi, il jette sa médaille dans la mer et affiche son contentement de quitter le pays. Pour lui, « cette médaille n’a aucune valeur ». Ce champion marocain de Taekwondo, vainqueur de la Coupe du Trône dans la catégorie des moins de 63 kg, a secoué le paysage sportif marocain.

Sur la toile, son entraineur à Safi, exprime son mécontentement : « c’est malheureux de voir des jeunes talents, qui choisissent de mettre leurs vies en danger, juste parce qu’ils voulaient vivre dignement ».

Dans une déclaration au média en ligne « Al3omk.com », hier, Anouar Boukharsa a affirmé que « le voyage était difficile. Nous étions 30 personnes à immigrer de Safi. Quatre jours plus tard, nous sommes arrivés à destination, aux îles des Canaries ». Et d’ajouter : « je vivais dans une situation misérable depuis 2017. Maintenant, je vais poursuivre ma carrière en Espagne, bien que j’aurais aimé réaliser mon rêve dans mon pays ».

Il n’est pas le seul d’ailleurs, plusieurs cas pareils de « hrig », parmi les sportifs, ont été constatés récemment, le dernier en date est celui de Hicham Kellouch, l’ancien Lionceau de l’Atlas.

Interrogé sur les raisons derrière le désespoir de ces jeunes, Moncef Elyazghi, chercheur en politiques sportives, souligne à Maroc diplomatique que « ce n’est pas exclusif au Maroc. Ce phénomène touche plusieurs pays voisins ».  Et de poursuivre : « le fait de jeter sa propre médaille à l’eau porte une forte symbolique et nous pousse à réfléchir sur les maux du domaine sportif ».

Cet expert explique les contraintes des sportifs marocains. « Le sportif marocain doit prendre part à des manifestations sportives à l’international pour pouvoir vivre dignement dans son pays », regrette-t-il.

Par ailleurs, Moncef Elyazghi pointe le désordre que connaît ce secteur. « Le sportif se trouve obligé de trancher entre ses études et sa passion pour le sport, alors que l’un n’empêche pas l’autre, dans les pays européens » renchérit-il.

Il conclut sur une note amère : « malheureusement, le secteur de la jeunesse et du sport n’est pas en mesure d’assurer les conditions les plus élémentaires pour l’épanouissement des sportifs nationaux ».

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