Les temps de dénigrement, le fil noir entre al-Hoceima et Barcelone

Voilà plusieurs mois que, par une propension mimétique que l’on croyait appartenir à une autre époque, certains milieux s’acharnent sur notre pays. Voilà onze mois plus précisément que le Maroc est placé dans l’œil du cyclone médiatique, depuis qu’un certain Nasser Zefzafi, mettant à profit la mort accidentelle du Mohcine Fikri à al-Hoceima, s’est évertué à jouer le chevalier blanc et l’instigateur d’une sourde agitation qui a mis le ci-devant gouvernement de Abdelilah Benkirane à l’épreuve et défié celui de son successeur, Saâd Eddine El Othmani.

Pendant les huit mois qui ont suivi les élections législatives d’octobre 2016, le Maroc a « flotté », suspendu entre les caprices du jeu partisan et suicidaire et la logique du réalisme. Autrement dit, la nécessité d’échapper à la politique politicienne et de revenir à la norme  démocratique. C’est, nolens volens, le choix qui a été fait puisque le PJD a conservé le pouvoir majoritaire en conformité avec la Constitution et que l’un de ses dirigeants, en l’occurrence Saâd Eddine El Othmani, a été désigné Chef du gouvernement par le Roi.

C’est en fin de compte un « gouvernement d’unité nationale », représentatif de toutes les forces du Maroc qui exerce le pouvoir et les prérogatives que la Constitution lui attribue. Cependant, au cours de la période de flottement des huit mois ayant suivi les élections législatives d’octobre 2016, la situation à al-Hoceima s’est progressivement détériorée, livrant la province à une surenchère impardonnable, faisant émerger des forces jusque là inconnues, mettant en exergue surtout des tragédies sociales insoupçonnables et comme l’iceberg qui s’ouvre, dévoilant un immense vide…Et surtout l’incohérence d’un gouvernement fantomatique qui, entre mesurettes, indécision  et panique, a répandu un sentiment diffus d’incompétence et de laxisme.

A telle enseigne, on ne l’a que très bien vu et constaté à notre grand dam, que certains ministres, ayant cru jouer sur leur charisme, se sont vus hués, criés voire admonestés par la foule. Plus le gouvernement faisait des concessions, plus le Hirak, gonflé par une presse délibérément opposée au pouvoir, montait sur ses ergots et jouait sur le registre de l’extrémisme et de la radicalité. On me dira que les revendications du mouvement Hirak étaient et sont légitimes et donc s’imposent à tout démocrate. Je rétorquerais qu’elles sont justes, d’autant plus légitimes et conformes à la règle, que nous devons tous les soutenir, nous le faisons…

Cependant, tant qu’elles s’inscrivent dans le cadre légal, qu’elles demeurent économiques et sociales, tant qu’elles ne débordent pas le strict champ de la loi et de la Constitution, elles sont nos revendications. Il s’est trouvé, il se trouve toujours une catégorie de personnes qui, malgré l’apaisement général, n’en démordent pas dans leur volonté de susciter une autre contestation, de pousser à la surenchère. Hormis les radicaux du Hirak, confondus dans des agissements criminels contre l’ordre social, présumés coupables d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de l’intégrité des bâtiments publics, tous les militants du mouvement de contestation arrêtés au cours des mois derniers, ont bénéficié d’un élargissement et rejoint leurs familles.

Le climat de décrispation qui a suivi a certainement contribué à détendre l’atmosphère. Mais il reste constamment menacé par les perturbateurs potentiels qui, au Maroc même et à l’étranger, se livrent à l’exercice du dénigrement et n’hésitent point à appeler encore à la violence. Pour sa part, le gouvernement dont on n’a cessé, à raison, de critiquer violemment le déplorable comportement pendant les événements, est aujourd’hui mobilisé, sur les charbons ardents pour mener à son terme le programme « Al-Hoceima, Manarat Al Moutawassit », lancé en 2015 par le Roi Mohammed VI, et qui a non seulement accusé un scandaleux retard, mais suscité la colère du Souverain et aiguisé la contestation des populations.

Si, aujourd’hui, une accalmie relative semble répandre ses vertus, elle demeure néanmoins fragilisée. Sur cet état de flottement confus, est venu se greffer naturellement une autre tragédie qui n’a pas pour autant rehaussé l’image de notre pays, à savoir les opérations terroristes sanglantes menées en moins d’une semaine en Espagne et en Finlande, signées par des jeunes aux origines marocaines mais résidant et vivant dans ces pays depuis leur prime enfance.

La tentation était forte et grande pour les ennemis de notre pays, les cercles et officines promptes à s’emparer des réseaux hostiles, à mobiliser leurs troupes, à se pavaner sur les plateaux de télévisions et de radios et nous expliquer que « le terrorisme est plus que jamais marocain », chiffres à l’appui, hypothèses et postulats érigés en science parfaite. Le pire est que certains, beaucoup même au Maroc ont adhéré à cette funeste thèse « complotiste », et se sont faits les complices des campagnes antimarocaines.

Il n’est pas question de nier en quoi que ce soit cette triste réalité de l’origine marocaine des terroristes de Barcelone. En revanche, en faire un argument politique contre notre pays, le brandir pour démolir son image et le réduire à cette racoleuse caricature, comme l’a fait l’hebdomadaire Jeune Afrique, c’est franchir le Rubicon de la malhonnêteté totale. N’est-ce pas les responsables espagnols eux-mêmes, au plus haut niveau, qui se sont faits forts de mettre en garde contre l’amalgame instrumentalisé entre « terrorisme et Maroc » ? Ces mêmes responsables espagnols, comme d’autres en France, en Belgique et ailleurs, se félicitent régulièrement de l’efficacité de notre police et de nos forces de sécurité dans la lutte antiterroriste et n’ont de cesse de louer la précieuse coopération de nos services, au niveau de la prévention et des alertes lancées à leurs homologues européens !

Qu’il faille se rappeler l’origine des terroristes du Rif et de Mrirt, auteurs des attentats criminels de Barcelone, n’autorise donc aucune instrumentalisation de la part des adversaires patentés de notre pays, de nos institutions. A présent, il convient de souligner que tous ceux qui ont tablé sur la dégénérescence de la crise d’al-Hoceima, qui se sont mobilisés – à l’extérieur comme à l’intérieur du Maroc – pour en faire l’épicentre d’une révolte généralisée à travers le pays, en ont pour leur grade. Ils ont rebondi, en effet, sur les « visages marocains » des terroristes de Barcelone, pour dénigrer et saper notre pays, diabolique frustration en somme….

 

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