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Tourisme: Fatim-Zahra Ammor trace l’horizon 2030 à l’aune de la CAN et du Mondial

En marge de la présentation des projets liés à la CAN 2025 et à la Coupe du monde 2030, la ministre du Tourisme, Mme Fatim-Zahra Ammor, a défendu une stratégie de transformation profonde du secteur touristique marocain. À ses yeux, les grands événements sportifs à venir ne sont pas une fin en soi, mais un levier structurant pour bâtir un tourisme durable, inclusif et internationalement compétitif.

Dans le décor du Complexe Mohammed VI de Football à Salé, devenu en quelques années le symbole du renouveau sportif marocain, Mme Fatim-Zahra Ammor s’est exprimée avec une conviction assumée : « 99 % des visiteurs qui viennent au Maroc affirment vouloir y revenir. » Ce chiffre, a-t-elle précisé, n’est pas le fruit du hasard mais celui d’une stratégie soutenue, impulsée par la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et d’un travail méthodique de transformation de l’expérience touristique nationale.

Si la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie Sociale et Solidaire s’est montrée si déterminée, c’est parce que les échéances de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030 représentent bien plus que de simples rendez-vous sportifs. « Ce sont des catalyseurs pour l’investissement, la structuration des filières et l’attractivité de notre pays à l’échelle globale », a-t-elle insisté, évoquant une perspective de long terme où le Maroc s’affirme comme une destination de premier rang.

En 2024, le Maroc a accueilli 17,4 millions de touristes, un record historique. En seulement quatre mois, l’année 2025 a déjà enregistré 5,7 millions de visiteurs, soit un million de plus que l’année précédente sur la même période. Cette tendance témoigne, selon Mme Fatim-Zahra Ammor, d’une transformation profonde du secteur. Mais pas question de s’en contenter : « Ces résultats ne doivent pas nous endormir. Sous l’impulsion de Sa Majesté, le gouvernement a décidé d’investir massivement pour accompagner cette dynamique ».

Huit milliards de dirhams ont été engagés : deux milliards pour le plan d’urgence post-Covid, et six milliards dans le cadre de la feuille de route touristique 2023-2030. Celle-ci ambitionne de hisser le Maroc parmi les 15 premières destinations mondiales en accueillant 26 millions de touristes à l’horizon 2030.

Expérience, régionalisation et infrastructures

Le cœur de la stratégie réside dans une refonte de l’offre touristique, désormais centrée sur l’expérience et la diversité territoriale. Fini le temps où seules quelques villes concentraient l’essentiel des flux : « Toutes les régions doivent être impliquées et bénéficier des retombées de cette feuille de route », a martelé la ministre. Le renforcement des capacités aériennes – qui devront doubler d’ici 2026 –, la modernisation de l’hébergement, le soutien à l’animation touristique et l’élévation des standards de formation sont autant de leviers activés en parallèle.

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Les loisirs et les activités culturelles deviennent ainsi essentiels pour allonger la durée moyenne des séjours. « Nous savons combien ces éléments pèsent dans la qualité de l’expérience touristique », a rappelé Mme Fatim-Zahra Ammor, évoquant également la montée en gamme des outils de promotion et de distribution.

Au-delà des infrastructures, c’est tout un écosystème entrepreneurial que le ministère veut structurer. « Le tourisme n’est pas qu’un secteur d’accueil, c’est un moteur économique », souligne la ministre. Le Maroc a déjà vu naître 350 nouveaux hôtels en deux ans, et plusieurs mécanismes ont été activés pour soutenir l’investissement hôtelier : loi-cadre de l’investissement, fonds de mise à niveau, appui spécifique aux TPME.

Dans le champ de l’animation touristique, la ministre a mis en avant des dispositifs d’accompagnement ciblés : 850 entreprises soutenues à ce jour, trois programmes d’incubation dans le gaming, la gastronomie et le digital, et 340 projets accompagnés. Le tourisme devient ainsi un terrain de déploiement pour l’innovation locale et les économies créatives.

Une stratégie d’héritage post-2030

Mais Mme Fatim-Zahra Ammor l’assure : l’objectif n’est pas de construire des infrastructures éphémères vouées à l’abandon. « La Coupe du monde n’est pas une finalité, mais un tremplin vers un développement touristique durable et pérenne », a-t-elle averti. Trois piliers structureront l’héritage des grands événements sportifs : la construction d’infrastructures hôtelières alignées avec les vocations régionales, la création d’une filière touristique liée au sport, et la formation d’un capital humain d’excellence.

Cette filière du tourisme sportif, qui ne figurait pas encore parmi les 14 priorités du plan actuel, sera intégrée à la prochaine feuille de route. « Le Maroc est aujourd’hui mûr pour cela », a reconnu la ministre. En parallèle, le renforcement des compétences, la validation des acquis de l’expérience et une meilleure gouvernance du secteur par les acteurs privés viendront consolider la qualité de service à long terme.

Avec une audience télévisée estimée à 2,5 milliards de téléspectateurs pour la Coupe du monde, les retombées économiques attendues sont considérables. « Près de 40 % de ces retombées concerneront le secteur touristique », a précisé Mme Fatim-Zahra Ammor, estimant entre un et deux millions le nombre de visiteurs supplémentaires à prévoir.

« Le Maroc sera prêt », a-t-elle conclu, citant le rapport favorable de la FIFA. Mais plus encore, « notre ambition ne s’arrête pas aux portes de 2030 : ce que nous construisons aujourd’hui, ce sont des décennies de rayonnement touristique pour toutes les régions du Royaume. »

Avec MAP

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